Boule suspendue
[1930 / 1931]
Boule suspendue
[1930 / 1931]
Cette sculpture de Giacometti est le premier des «objets à fonctionnement symbolique» conçus par les surréalistes.
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions |
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Técnica | Bois, fer et corde |
Medidas | 60,4 x 36,5 x 34 cm |
Adquisición | Achat, 1996 |
Inventario | AM 1996-205 |
Información detallada
Artista |
Alberto Giacometti
(1901, Suisse - 1966, Suisse) |
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Título principal | Boule suspendue |
Fecha de creación | [1930 / 1931] |
Circunstancias de producción | D'après l'original en plâtre et métal (1930), exposé à "Miro - Arp - Giacometti" en avril 1930 Galerie Pierre (Paris), et aujourd'hui conservé à la Alberto Giacometti Stiftung, Kunsthaus de Zurich (déposé au Kunstmuseum de Bâle) |
Colaboradores | Menuisier : IHITSAGUE |
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions |
Técnica | Bois, fer et corde |
Medidas | 60,4 x 36,5 x 34 cm |
Notas | Deux autres variantes en plâtre seront réalisées par l’artiste pour ses expositions personnelles chez Pierre Matisse Gallery de New York en 1948 et à la Tate Gallery de Londres en 1965 (exemplaire conservé à la Fondation Giacometti de Paris). |
Adquisición | Achat, 1996 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1996-205 |
Análisis
L’œuvre – unique version en bois de l’original en plâtre (Zurich, Kunsthaus, Alberto Giacometti Stiftung, anc. coll. Pierre Matisse ; dépôt à Bâle, Kunstmuseum) – est fameuse à plus d’un titre. Elle est à l’origine de l’engouement des surréalistes pour les « objets à fonctionnement symbolique », qui va mobiliser l’essentiel de leurs recherches dans les années 1930 : c’est en effet après avoir vu Boule suspendue (le plâtre) au printemps de 1930 à l’exposition « Miró, Arp, Giacometti » chez Pierre Loeb, que Dalí en lance le concept et la fabrication dans Le Surréalisme au service de la Révolution (« Objets surréalistes, objets à fonctionnement symbolique », n o 3, décembre 1931). La version en bois (dont Giacometti confie la réalisation à son voisin d’atelier, l’ébéniste Ipoustegui) a appartenu à André Breton, qui en fit l’acquisition, probablement après l’avoir vue chez Pierre Colle en 1932. En la plaçant au centre de sa collection – l’œuvre occupera jusqu’à la fin (malgré la rupture des deux hommes en 1935) le cœur « moteur » du mur derrière son bureau – atelier de la rue Fontaine – en la nommant (erronément) du titre onirique de « l’Heure des traces » (qui sera donné à une autre « Cage », aujourd’hui à Londres, Tate Modern), l’auteur de Nadja la désignera comme une réalisation fondatrice du surréalisme. Pour, enfin, être une des constructions les plus audacieuses et les plus mystérieuses de Giacometti.
Le dispositif de la sculpture traduit, avec une rare efficace, le désir de Giacometti d’exprimer la pulsion scopique / érotique qui focalise à cette date son propos : au centre d’une « Cage » – la troisième, semble t-il, de la série – est suspendue par un fil une boule incisée en son milieu, qu’effleure une sorte de corne-croissant, posée en équilibre instable sur le tablier légèrement bombé de la cage. Un double mouvement mécanique – le balancement pendulaire de la boule et le pivotement de la corne – est suggéré, mais son actionnement apparaît en réalité « interdit » à la main : l’idée d’agression et de blessure – car est déjà entamée l’intégrité physique de ce couple d’organes primaires ambivalents féminin / masculin ou masculin / féminin – est là, médusante, qui confère à l’œuvre une grande force de fascination. La cage est ainsi le lieu scénique (calculé par Giacometti avec une précision de géomètre) d’un théâtre intime, où se jouerait et s’interdirait la pulsion violente et réversible (sadique / masochiste) de l’accouplement. Dalí, qui avait déjà conçu, dans son film Un chien andalou , l’image d’un rasoir coupant un œil de femme, a certes pu percevoir la signification érotique de cette boule de bois « marquée, dit-il, d’un creux féminin » : il qualifia aussitôt cette sculpture d’« extra-plastique », d’objet dépendant de « l’imagination amoureuse de chacun ». Giacometti la présente, dans le même numéro 3 du SSDLR (décembre 1931), plus simplement, comme l’un de ses sept « objets mobiles et muets » : en 1947, dans sa lettre à Pierre Matisse (publiée in Alberto Giacometti , cat. exp., New York, Pierre Matisse Gallery, 1948, p. 29-45), il reviendra sur la nécessité qu’il ressentait alors de traduire le mouvement réel de la main, par où s’effectue le mécanisme du désir : cette nécessité « muette », énigmatique, ressortissait pour lui au fantasme inconscient.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007