Yves Tanguy

A quatre heures d'été, l'espoir ...

1929

Yves Tanguy
(1900, France - 1955, États-Unis)

1929

L'œuvre pictural d'Yves Tanguy est placé toute entier sous le signe de l'énigme et de la vision intérieure.

Dans cette peinture qui a appartenu à I’écrivain Raymond Queneau, de grandes coulées sinueuses et mouvantes délimitent un espace incertain entre terre, mer et ciel. Dans ce biotope imaginaire, flottent des germinations végétales ou animales en gestation, comme cet
«oiseau-coquillage» au centre de la composition qui communique à l'ensemble sa grâce lumineuse. Yves Tanguy peint dès 1926 ces singuliers « paysages du doute» qui suscitèrent aussitôt l'intérêt d'André Breton, le fondateur du surréalisme.

Ámbito	Peinture
Técnica	Huile sur toile
Medidas	129,5 x 97 cm
Adquisición	Achat, 1978
Inventario	AM 1978-321

En cartel:

Museo, nivel 5, sala 23

Surréalisme

biomorphisme

forme organique

paysage imaginaire

Créditos

Información detallada

Artista	Yves Tanguy (1900, France - 1955, États-Unis)
Título principal	A quatre heures d'été, l'espoir ...
Fecha de creación	1929
Ámbito	Peinture
Técnica	Huile sur toile
Medidas	129,5 x 97 cm
Inscripciones	S.D.B.DR. : YVES TANGUY. 29
Adquisición	Achat, 1978
Sector de colección	Arts Plastiques - Moderne
Inventario	AM 1978-321

Análisis

Commencée, comme bien des œuvres surréalistes, avec la découverte du Cerveau de l’enfant de De Chirico, l’œuvre picturale d’Yves Tanguy est placée tout entière sous le signe de l’énigme et de la vision intérieure. Les singuliers « paysages du doute » qu’il peint dès 1926, rue du Château à Paris (cet autre lieu mythique du surréalisme, qu’il habitera avec Jacques Prévert et Marcel Duhamel), et qui suscitent aussitôt l’intérêt d’André Breton – dont la préface à sa première exposition, en 1927 (27 mai-15 juin) à la Galerie Surréaliste ( Yves Tanguy et objets d’ Amérique ), intronise Tanguy – répondent au principe surréaliste de l’automatisme mental et de l’hallucination visuelle. Flottent dans des espaces non mesurables et incertains – entre mer, terre et ciel – qu’ils ponctuent ici et là, des objets non identifiables, à mi-chemin entre fumée et coulée, entre concrétion et transparence. Le métier particulier du peintre, tout à la fois orfèvre, menuisier et enlumineur, et qui, toujours avec une précision de géomètre, polit chaque objet et trace d’étranges réseaux, confère à ces fantasmagories une force d’apparition hallucinatoire. L’illusionnisme de l’espace perspectif, que Tanguy partagera avec Dalí, sert une poétique de la suspicion, relevant tout à la fois de la mélancolie et de l’humour.

Le tableau À quatre heures d’été, l’espoir , qui a appartenu à Raymond Queneau, ne constitue plus cependant une version angoissée de cette véritable topologie de l’aléatoire, développée en maintes variations depuis quelques années par Tanguy. Seules des zones d’ombres et de lumières définissent par grandes coulées sinueuses et mouvantes l’espace totalement incertain. Quelques corps flottants – germinations végétales ou animales en gestation ? concrétions destinées à la dilution ou à l’évaporation ? – trouvent une identité plastique et colorée, qui annoncent les recherches de Tanguy sur les Poids et couleurs (1931) et sur l’objet ( La Vie de l’objet , 1933) ; ils ne sont pas sans s’approcher des formes biomorphiques de Hans Arp. Saisi dans sa lévitation, l’oiseau-coquillage qui déploie ses ailes au centre de la toile, imprime à tout l’espace la grâce lumineuse de son apparition.

Agnès de la Beaumelle

Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007