Spectrophotometric observations of rapid Variability in 3c 279 and 3c …

L’installation de Bernar Venet à New York en 1966, avec la découverte de l’art minimal et conceptuel américain, précipite l’évolution d’un œuvre précoce déjà marqué par une radicalité reposant notamment sur des procédés aléatoires. Afin d’évacuer non seulement toute forme d’interprétation subjective, mais encore toute pluralité de lectures d’une œuvre, Venet choisit, à partir de 1966, de ne montrer que des objets rationnels dont la construction peut être déduite d’un code établi a priori, et dont la lecture ne peut se faire qu’à un seul niveau : il les qualifie d’œuvres « monosémiques ». Après avoir montré des dessins industriels, il se cantonne à la représentation du vocabulaire mathématique, le seul dont la sémantique corresponde sans équivoque à la syntaxe représentée. Venet détermine, en 1967, le contenu de son œuvre pour quatre ans, afin de couvrir l’ensemble des modes de connaissances objectifs de l’univers et ce, du concret à l’abstrait : de l’astrophysique, science qui étudie la nature et les propriétés des astres dans leur matérialité, à la physique nucléaire, univers déjà moins tangible, pour aboutir enfin à la logique mathématique, domaine par excellence de la spéculation abstraite. Spectrophotometric observations of rapid variability… appartient à sa période astrophysique. Si les extraits d’un ouvrage scientifique sont encore ici reproduits à la main, Venet procédera bientôt à de simples agrandissements photographiques, jusqu’à se contenter d’inviter des scientifiques à exposer leurs théories, enregistrées sur bande magnétique.

Christine Macel

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007