Woman
[1952]
Woman
[1952]
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Mine graphite et pastel sur papier |
Medidas | 37,3 x 29,3 cm |
Adquisición | Dation, 1995 |
Inventario | AM 1995-176 |
Información detallada
Artista |
Willem de Kooning
(1904, Pays-Bas - 1997, États-Unis) |
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Título principal | Woman |
Fecha de creación | [1952] |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Mine graphite et pastel sur papier |
Medidas | 37,3 x 29,3 cm |
Inscripciones | S.B.G. : de Kooning |
Adquisición | Dation, 1995 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1995-176 |
Análisis
Willem De Kooning s’est fait connaître à New York par ses abstractions en noir et blanc, exposées en 1948 et représentant au plus près ce qu’on pouvait mettre derrière le terme « expressionnisme abstrait » ; à tel point que le critique Harold Rosenberg allait implicitement fonder sur son exemple son très influent article « Les peintres d’action américains », publié en 1952. L’année suivante pourtant, De Kooning surprend le monde de l’art américain en présentant chez Sidney Janis une série de Woman – « idoles vociférantes et féroces » –, commencée dès 1949-1950. Les œuvres de ce cycle de dessins et peintures sur toile renouent avec une iconographie qui avait été très présente chez l’artiste au début des années 1940 et le restera jusque dans les années 1970, celle du modèle féminin isolé, assis sur un fauteuil. Ce thème, considéré alors comme anachronique, lui permet de rentrer en compétition avec la grande tradition de la peinture occidentale (ou avec tout ce qu’elle a de « vulgaire et de charnel », pour reprendre les termes d’une conférence de 1950), et notamment avec les portraits féminins de Matisse et de Picasso, dont l’héri-tage est revendiqué pour mieux être détruit. Le travail sur papier rentre dans les étapes préparatoires des tableaux, réalisés en y appliquant des fragments de dessins découpés puis réassemblés, ces fragments étant parfois laissés tels quels, collés, parfois servant seulement de calques ou de transferts.
Les deux pastels de la série des Woman conservés au Centre Pompidou manifestent deux méthodes de travail. Dans le plus petit, qui a appartenu à Joan Mitchell – artiste de la seconde génération de l’expressionnisme abstrait, dont la palette se rapprochera d’ailleurs parfois des bleu, rose et orange utilisés ici par De Kooning –, la figure, dont l’unité reste perceptible, est découpée en une superposition de quatre zones triangulaires qui déconstruisent littéralement la cohérence formelle de la figure frontale. Le plus grand, probablement plus tardif, résulte de la juxtaposition volontairement décalée de deux feuilles aux découpes irrégulières, qui conduit notamment au redoublement de la poitrine, vue en contre-plongée en haut, de face en bas, quoique dans le même jaune lumineux. La disjonction entre les deux feuilles ménage un espace interstitiel non comblé, telle une déchirure de l’espace, comme si la représentation ne pouvait désormais qu’être sans lieu déterminé, « sans-abri » pour reprendre les termes (négatifs mais justes) du critique Clement Greenberg. Dans ces deux dessins, la figure, pénétrée par son environnement et pénétrant celui-ci, naît d’un processus suspendu de tentatives avortées, de ratures, d’effacements, d’accumulations de détails, qui disperse des fragments d’anatomie sur l’ensemble de la composition (sans les justifier par des métamorphoses ou une juxtaposition des points de vue, comme c’était le cas chez Picasso), et qui fait éclater les formes et les plans colorés en zones disjointes. Dans le dessin le plus petit, De Kooning utilise une gomme pour défigurer littéralement le visage de son modèle, avec une agressivité qui reste visible : son geste anticipe ironiquement sur celui, à valeur démonstrative, du jeune Robert Rauschenberg, en 1953, qui effacera laborieusement un dessin que De Kooning lui avait donné, pour signaler le dépassement de l’expressionnisme abstrait.
Éric de Chassey
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008