Debate / Encuentro
Algérie, l'accès aux sources
Mémoires éclatées, histoire en partage - entre langue unique et langues plurielles
28 - 29 nov 2003
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" Un dépôt d'archive n'est pas le lieu d'une mémoire inerte, mais un formidable gisement de savoirs, d'idées, d'émotions. En regardant les sources pour écrire l'histoire de l'Algérie contemporaine, il est alors possible de saisir le temps du dialogue nécessaire, et difficile, entre l'Algérie et la France noué dans la longue période coloniale ; de comprendre, par l'accumulation de données, la construction d'une idée de la nation ; de situer les enjeux intellectuels et politiques qui traversent une société dans son présent (...) " Benjamin Stora
" Un dépôt d'archive n'est pas le lieu d'une mémoire inerte, mais un formidable gisement de savoirs, d'idées, d'émotions. En regardant les sources pour écrire l'histoire de l'Algérie contemporaine, il est alors possible de saisir le temps du dialogue nécessaire, et difficile, entre l'Algérie et la France noué dans la longue période coloniale ; de comprendre, par l'accumulation de données, la construction d'une idée de la nation ; de situer les enjeux intellectuels et politiques qui traversent une société dans son présent. L'Algérie évoque la « réappropriation de ses archives pour décrypter son passé », la France veut « conserver les archives de souveraineté » d'un territoire longtemps considéré comme le sien. La matérialité même des sources, leur possession, volume et mise en ordre, disent ainsi des stratégies de maîtrise d'un savoir, génèrent des effets politiques et intellectuels, et font des archives, à propos de l'Algérie, l'un des lieux centraux d'une histoire culturelle ". Benjamin Stora
" Les rapports des Algériens avec la guerre d'indépendance ont longtemps été caractérisés par une forme tacite de consensus autour d'un discours institutionnel projetant un peuple homogène mobilisé autour d'un FLN uni. Ce consensus aura été finalement peu relevé et ses fondements peu questionnés y compris par la critique historique qui n'en soulignera que les aspects les plus manifestes, la légitimation du pouvoir politique par la guerre, l'occultation d'acteurs majeurs de l'histoire du nationalisme, le primat du manichéisme sur la prise en charge de la complexité. Ce discours, par l'intermédiaire des médias de masse, de l'école, de la ritualisation du rapport à la guerre, aura non seulement saturé l'espace public mais aussi obtenu l'adhésion de différents acteurs sociaux. La crise algérienne, dont la recherche interpelle les formes et les enjeux, est aussi celle du regard sur la séquence fondatrice de la construction nationale algérienne que fut la guerre d'indépendance. La résurgence mémorielle, l'émergence de « mémoires de factions », le délitement d'un discours institutionnel, favorable à un « révisionnisme algérien » esquissé dans quelques thèses, laissent ouverte la question de la connaissance historique dans la (re)construction du lien national ". Abdelmajid Merdaci
PROGRAMME
Vendredi 28 novembre 2003
Ouverture : Gérald Grunberg, directeur de la Bibliothèque publique d'information
Présentation par Benjamin Stora, professeur d'histoire du Maghreb à l'INALCO et à l'Université de Paris VIII
Ouverture des archives et écriture de l'histoire : les conditions d'un dialogue
L'Algérie face à ses sources : le réveil de l'histoire
par Amin Zaoui, écrivain, directeur de la Bibliothèque nationale d'Algérie
Le grenier et les sources. Les archives françaises sur l'Algérie
par Daniel Hick, conservateur au Centre des archives d'outre-mer (CAOM), Aix-en-Provence
Comment les archives viennent à l'historien
par Sonia Combe, conservateur du département archives et recherche de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
Débat. Modérateur : Daniel Rivet, professeur d'histoire contemporaine, Paris I, directeur de l'Institut d'étude de l'Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM-EHESS)
L'historien devant la guerre d'Algérie
Les images, sources pour voir une guerre inégalitaire
par Benjamin Stora
La crise du regard algérien sur la guerre d'indépendance
par Abdelmajid Merdaci, historien, Université de Constantine
Entre archives et témoignages : écrire l'histoire militaire de la guerre d'Algérie, mission impossible ?
par Jean-Charles Jauffret, historien, Institut d'études politiques, Aix-en-Provence
Écrire l'histoire de la violence d'État
par Raphaëlle Branche, Institut d'histoire du temps présent et Université de Rennes
L'influence des sources sur l'évolution de l'historiographie de la guerre d'Algérie
par Sylvie Thénault, Institut d'histoire du temps présent
Débat. Modérateur : Jean-Jacques Becker, professeur émérite, Université de Paris X
Mémoire et histoire : désir de vérité, volonté d'oubli
Archéologie d'un silence : l'histoire des harkis
par Mohand Hamoumou, sociologue, Lyon
Les « Pieds-noirs » et leurs descendants : du travail de mémoire au travail de deuil identitaire
par Clarisse Buono, sociologue, Paris
Les Juifs d'Algérie, une singularité mémorielle, entre assimilation et multiculturalisme
par Benjamin Stora
Débat. Modérateur : Daniel Rivet
Conclusions de la journée et perspectives
Samedi 29 novembre 2003
Algérie, l'accès aux sources : entre langue unique et langues plurielles
Parler, écrire, traduire, éditer l'algérien
Abdelkader Djemaï, écrivain
Nabile Farès, écrivain
Gilbert Grandguillaume, anthropologue du monde arabe
Waciny Laredj, écrivain
Table ronde animée par Zineb Laouedj, écrivain, éditrice, enseignante à l'Université d'Alger
Je ne parle pas la langue de mon père
Tassadit Imache, écrivain
Zahia Rahmani, écrivain
Leïla Sebbar, écrivain
Table ronde animée par Nouredine Saadi, écrivain, enseignant à l'Université d'Artois
Ulysse en Algérie : Habib Tengour, l'univers, l'écriture
Habib Tengour, écrivain, s'entretient avec
Pierre Grouix, écrivain
Régina Keil-Sagawe, traductrice, essayiste, Heidelberg
Naget Khadda, Université de Montpellier et Université d'Alger
Table ronde animée par Mourad Yelles, Université de Paris VIII, Institut Maghreb-Europe
À l'occasion de Djazaïr, une année de l'Algérie en France
Merci au Centre national du livre (CNL) - Les Belles Étrangères
Remerciements à Charles Bonn et à Anny Dayan-Rosenman.