Cine / video
Aurelia Steiner, Melbourne / Aurelia Steiner, Vancouver
18 dic 2014
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Aurélia Steiner (Melbourne)
de Marguerite Duras
France, 1979, 35’, coul., 35 mm
voix Marguerite Duras
image : Pierre Lhomme, Eric Dumage, son : Michel Vionnet, Jean-Paul Loublier, montage : Geneviève Dufour, mixage : Dominique Hennequin
production : Les Films du Losange
Le premier des deux Aurelia Steiner traverse Paris, comme Les Mains négatives. La caméra, sur une péniche, ne suit plus les rues mais le fleuve, au rythme tout aussi hypnotique de travellings coulants, réguliers. Marguerite Duras lit la lettre d’amour d’une femme, Aurelia Steiner, à un inconnu.
Aurélia Steiner (Vancouver)
de Marguerite Duras
France, 1979, 48’, nb, 35 mm
voix Marguerite Duras
image : Pierre Lhomme, Eric Dumage, son : Jean Vermeulen, montage : Geneviève Dufour, mixage : Dominique Hennequin
production : Les Films du Losange
Aux travellings en couleur le long du fleuve succèdent maintenant les plans fixes et panoramiques, en noir et blanc, sur les rochers, le rivage, la mer, le ciel. Marguerite Duras lit une autre lettre d’amour d’Aurelia Steiner à ses parents, à sa mère, morte en couches dans un camp de concentration, sous les yeux du père agonisant, pendu au bout d’une corde.
« Elle appelle au secours Aurelia Steiner, elle appelle à aimer tandis qu’elle se souvient. Elle est à Melbourne, Paris, Vancouver. De partout où il y a des juifs dispersés, réfugiés, elle se souvient. Elle ne peut être que dans les lieux de cette sorte-là, où il ne se passe rien que la mémoire. » Marguerite Duras, Les Yeux verts, Cahiers du cinéma, n° 312-313, juin 1980, réédité en livre aux éditions des Cahiers du cinéma
« […] La force de Duras-cinéaste est d’être, avant tout, écrivain, nantie d’une écriture qu’il n’y a pas lieu d’analyser ici mais dont on peut déjà avancer qu’elle se plaît d’abord dans la configuration musicale d’un texte, dans le plaisir immédiat, narcissique, de son énonciation. D’où vient l’usage de la voix off qui, porteuse de narration, libère l’image de la charge du sens, fait d’elle un pur contexte visuel. D’où vient aussi, que cette antériorité du texte ne marque pas le simple renversement de la domination habituelle de l’image sur le son, mais que c’est plutôt l’idée même de domination qui s’en trouverait annulée, dans le contre-point d’un régime sonore et d’un régime visuel juxtaposés en toute liberté : au point d’aboutissement de ce travail, il faudrait dire, pour paraphraser Cézanne, que quand le texte est à sa richesse, l’image est à sa plénitude. » Nathalie Heinich, Cahiers du cinéma, n° 307, janvier 1980
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