Cine / video
Anne Teresa De Keersmaeker
16 sep 2010
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Un portrait de la chorégraphe belge flamande est programmé à travers deux oeuvres dans le cadre du cycle “Films de danse 2009-2010” consacrées aux femmes chorégraphes du 20ème siècle.
Un portrait de la chorégraphe belge flamande est programmé à travers deux oeuvres dans le cadre du cycle “Films de danse 2009-2010” consacrées aux femmes chorégraphes du 20ème siècle qui sont présentes, depuis plus de 25 ans, dans Vidéodanse.
Corps, accords
2002 - 60’
Avec : Anne Teresa De Keersmaeker et Thierry De Mey
Réalisation : Michel Follin
En 2002, Anne Teresea De Keersmaeker fête les 20 ans de sa compagnie Rosas en créant une pièce, April me, qui revient à ce qui fonde son écriture chorégraphique, le lien entre musique et danse. Partenaire privilégié de la chorégraphe pour cette création, le compositeur et réalisateur Thierry De Mey.
Elaboration du vocabulaire chorégraphique, dramaturgie musicale, recherches sonores, débats et réflexions sur l'écriture et la mise en espace, Corps, accords nous plonge dans ce temps de l'échange et de la recherche, des délires et des essais, au cœur de la création d'une "œuvre à plusieurs voix".
Le réalisateur filme ces lignes et trajectoires qui s'esquissent et disparaissent avant de renaître autrement, les corps des danseurs en mouvement, l'ébauche de leurs gestes, les séquences qui peu à peu se tissent, enserrant le propos comme dans une toile.
Counter Phrases
(2004, 62’)
Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker
Interprétation : Benjamin Boar, Marta Coronado, Alix Eynaudi, Jordi Gali, Fumyo Ikeda, Cynthia Loemij, Ursula Robb, Taka Shamoto, Igor Shyshko, Clinton Stringer, Julia Sugranyes, Rosalba Torre
Guerrero, Jakub Truszkowski
Réalisation : Thierry De Mey
Adepte de l'interdisciplinarité artistique, le cinéaste et compositeur Thierry De Mey travaille depuis des années à favoriser un dialogue vivant et productif entre la musique et la danse contemporaines. Ainsi, ces Counter Phrases, qui utilisent le médium filmique pour inverser la dépendance ordinaire de la danse vis-à-vis de la musique. Au départ, une série de dix phrases dansées en silence, en solo, en duo… ou par l'ensemble de la compagnie Rosas.
Composées par Anne Teresa De Keersmaeker à partir du matériau chorégraphique de sa pièce April me (2002) et transposées dans des jardins luxuriants ou austères, elles ont donné lieu à dix courts métrages réalisés par Thierry De Mey. Puis dix compositeurs ont été invités à mettre en musique l'une de ces miniatures dansées-filmées, tout en intégrant leur couleur sonore originelle : pas et souffle des danseurs, chants d'oiseaux, pluie et vent.
Quando
Desde 20:00
Dónde
« Une exposition dansée »
Bernard Blistène - Que signifie pour vous d’exposer la danse ? Quand l’idée vous est-elle venue ?
Anne Teresa De Keersmaeker - La proposition m’a été faite alors que je travaillais sur Vortex Temporum. Ce spectacle est pensé en strates, sur plusieurs niveaux, avec une accumulation progressive d’éléments. C’est ce qui m’a inspiré la conception feuilletée du temps de l’exposition. Je ne voulais pas transposer les habitudes du théâtre à l’espace d’une galerie de musée. J’étais, au contraire, tentée par l’opération inverse : prendre son temps, déployer le processus chorégraphique sur une période considérablement plus longue. Un spectacle fait fusionner l’ensemble de ses couches. L’exposition les isole, une par une, puis suggère l’infini des combinaisons possibles.
BB - Comment avez-vous construit l’argument de cette pièce ?
ATDK - Le point de départ est la structure de Vortex Temporum, dont les éléments sont ensuite déconstruits, les voix séparées. Plutôt que de travailler sur sept voix chorales réunies, les petites unités visuelles et musicales sont considérées indépendamment, puis associées par deux, par trois, par quatre, et ainsi de suite. Au fond, c’est comme si l’écriture d’un spectacle était dévoilée, étape par étape, pas de façon didactique, mais empiriquement. Il en résulte un cycle de neuf heures, dont la longueur est en décalage avec les horaires d’ouverture du musée, dix heures par jour.
BB - Quelles relations voyez-vous aujourd’hui entre danse et arts plastiques ?
ATDK - Je ne pense pas que tout art soit politique, mais je pense que Jean Genet a raison lorsqu’il déclare que l’artiste remet en question l’état des choses, ce qui implique une certaine forme d’anarchie. Le monde d’aujourd’hui nous désoriente par son insaisissable multiplicité et complexité. Il n’y a plus de centre ; ne reste que la consommation des objets. Face à cela, mon anarchie consiste à développer une certaine simplicité, une inertie, une lenteur, pour trouver l’intensité sans le spectaculaire. C’est une modeste tentative de créer un nouveau cadre, à partir duquel on puisse poser un nouveau regard. La danse peut apporter à l’exposition quelque chose d’assez neuf : une expérience vécue collectivement et qui concerne un sens renouvelé de l’instant. Et il ne s’agit pas non plus de l’instant théâtral (black box). Plus fluide et moins impatient, l’espace-temps du musée (white cube) nous ouvre à l’incontrôlable. Il peut advenir, de façon imprévisible, qu’un instant soit ainsi vécu comme une expérience du collectif.
Source :
Code Couleur, n°24, janvier-avril 2016, pp. 24-25.