Debate / Encuentro
Le foisonnement des anagrammes
20 jun 2013
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Avec Yve-Alain Bois et Daniel Heller Roazen
Ce n’est qu’à la fin des années soixante qu’a été dévoilé le curieux projet mené par Ferdinand de Saussure entre 1906 et 1909. Le fondateur du structuralisme avait noirci quatre-vingt-dix-neuf cahiers, restés inédits, à explorer une seule hypothèse : les vers les plus anciens des peuples indo-européens donnaient à lire un singulier procédé de cryptage, qui avait fait l’objet d’une transmission fidèle bien que toujours occulte. Dans les hymnes védiques comme dans les épopées d’Homère et les inscriptions de la Rome archaïque, les poètes avaient disposé de manière régulière, quoique discrète, les lettres des noms d’hommes et de dieux dont ils gardaient la mémoire. Au moyen de l’écriture ou avant même son émergence, ils avaient maîtrisé un art de composer par la dispersion des signes.
Il fut alors question d’un « second Saussure », obscur alter ego de celui qui avait jeté les bases de la science du langage dans le Cours de linguistique générale. Les cahiers étaient mis au compte de la faiblesse intellectuelle, voire du délire. Pourtant, une voix fit exception. Roman Jakobson reconnut dans l’hypothèse des anagrammes une contribution majeure à l’étude du langage. Dans ses propres écrits, il montrait que la théorie saussurienne était féconde et illustrait, en vérité, sa propre doctrine de la fonction poétique.
Un demi-siècle plus tard, le premier Saussure n’est guère plus connu que le second. Mais on est en droit de revenir aux « mots sous les mots » et de réfléchir à ce qu’implique pour la poésie l’hypothèse savante ou rêvée de l’anagramme.
Avec Daniel Heller-Roazen et Yve-Alain Bois
Le jeudi 20 juin 2013, 19h, Petite salle
entrée libre dans la limite des places disponibles
Renseignement :
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