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Edvard Munch
L'Oeil moderne 1900-1944
28 jun - 14 oct 2012
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Éclairant l'oeuvre du célèbre peintre norvégien (1853-1944) sous un jour nouveau, cette exposition montre combien la curiosité de l'artiste pour toutes les formes de représentation de son époque a nourri son inspiration et son travail. Son expérience de la photographie, du cinéma, ses lectures de la presse illustrée ou encore ses travaux pour le théâtre ont profondément influencé une oeuvre dont l'exposition dévoile la fulgurante modernité.
Présentation de l'exposition,
par Angela Lampe et Clément Chéroux, conservateurs au musée national d'art
moderne.
Edvard Munch est parfois considéré comme un artiste du 19e siècle, un peintre
symboliste ou pré-expressionniste. Une idée reçue en fait aussi un artiste
reclus, en proie à de violentes angoisses, dépressif, une âme tourmentée.
L’exposition montre, à rebours de cette mythologie, que Munch était ouvert aux
débats esthétiques de son temps, et qu’il a entretenu un dialogue constant avec
les formes de représentation les plus contemporaines : la photographie,
le cinéma et le théâtre de son époque. Il ira jusqu’à faire lui-même
l’expérience de la photographie et du film, osant des autoportraits qu’il est
sans doute le premier à avoir réalisés, à bout portant, en tenant l’appareil
d’une main : « J’ai beaucoup appris de la photographie, déclare-t-il. J’ai une
vieille boîte avec laquelle j’ai pris d’innombrables photos de moi-même. Cela
donne souvent d’étonnants résultats. Un jour lorsque je serai vieux, et n’aurai
rien d’autre de mieux à faire que d’écrire mon autobiographie, alors tous mes
autoportraits ressortiront au grand jour. » (Edvard Munch, interviewé par Hans
Tørsleff, 1930)
Munch était pleinement « moderne », c’est la thèse que défend cette exposition
que lui consacre le Centre Pompidou, avec cent quarante oeuvres, dont une
soixantaine de peintures, cinquante photographies en tirages d’époque, des
oeuvres sur papier, des films et l’une des rares sculptures de l’artiste. À
travers neuf thèmes, elle présente un ensemble comme il a rarement été
possible d’en voir, associé à ses expérimentations photographiques et
filmiques. Visite en neuf points :
REPRISES
Variantes, copies, autant de termes qui pointent un aspect essentiel dans
l’oeuvre de Munch, c'est-à-dire la répétition d’un même motif. Décontextualisé,
il s’apparente alors à un signe autonome. Il existe, par exemple, sept versions
des Jeunes Filles sur le pont, sans compter les adaptations graphiques.
Quelques chefs-d’oeuvre de sa période symboliste dialoguent aussi avec leurs
reprises tardives, peintes souvent dans un style plus expressif où le contour
se dissout et où la couleur s’intensifie.
PHOTOGRAPHIES
Comme les peintres Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, Edvard Munch fait partie
d’une génération qui, au tout début du 20e siècle, s’empare de la photographie,
en amateur. Sa pratique photographique est centrée sur l’autoportrait. En
dehors de quelques images d’espaces liées à ses souvenirs, l’artiste se
photographie principalement pour se dévisager. Ses autoportraits
photographiques trouvent ici leur vraie valeur, celle d’expérimentations
visuelles.
L’ESPACE OPTIQUE
Munch traite de l’espace de façon très singulière : il fait souvent référence,
dans son utilisation de premiers plans proéminents ou de lignes diagonales très
prononcées, aux nouvelles technologies visuelles comme la photographie en
relief ou le cinéma, dans leur capacité à produire des images qui sortent de
l’écran pour avancer vers le spectateur.
EN SCÈNE
Depuis ses premiers portraits en pied, Munch s’intéresse à la frontalité des
modèles qui posent comme des statues, dans une attitude hiératique et figée.
Inspiré par les innovations de Max Reinhardt, fondateur des Berliner
Kammerspiele, le peintre accentue sa façon d’inclure le spectateur dans
l’espace du tableau. La série La Chambre verte, conçue comme une boîte
ouverte, en témoigne. Munch ne reste pas insensible aux nouveaux effets visuels
introduits par l'éclairage électrique sur les scènes des théâtres.
REMÉMORATION
La reprise de certains motifs, resserrée sur une période très courte, touche
parfois pour Edvard Munch à l’obsession. La première sensation vécue s’imprime
sur la rétine comme une image indélébile qui hante l’artiste. Il s’agit en
l’occurrence de la rencontre avec le modèle Rosa Meissner en 1907 qui, sous les
traits d’une Femme en larmes, apparaît sur une photographie et de nombreuses
peintures, dessins, gravures et lithographies. Le peintre lui dédie même une de
ses rares sculptures en bronze. Munch cherche à se rapprocher de son souvenir
de toutes les façons possibles.
DÉMATÉRIALISATION
La dualité entre matérialité et immatérialité, une oscillation entre présence
et effacement constitue un autre thème central dans l’oeuvre d’Edvard Munch. À
l’instar de ses photographies, plusieurs de ses peintures les plus importantes,
comme Le Soleil et La Nuit étoilée, jouent sur des phénomènes de transparence
où la matière se mue en une présence fantomatique et éphémère. De la même
manière, la surimpression de motifs peints évoque avec leur effet « bougé » les
expérimentations sur Celluloïd, par la photographie et par le film. La
dissolution des formes progresse sur certaines toiles, annonçant le tachisme
d’après-guerre.
FILM
Lors de l’été 1927, peu après l’acquisition à Paris d’une caméra amateur et
d’un projecteur, Munch filme à Dresde, Oslo et Aker. On retrouve, dans ces
quatre courtes séquences, son intérêt pour la ville et sa circulation autant
que pour les paysages, les portraits de ses proches et même l’autoportrait. Il
adopte pour ces images un mode filmique très « gestuel », à l’opposé de
l’immobilité préconisée dans la photographie amateur, en suivant des objets
mobiles ou
en réalisant des panoramiques urbains. Ses films s’apparentent davantage à des
notes visuelles.
LE MONDE RÉEL
Edvard Munch n’est pas uniquement le peintre de l’angoisse intérieure. Grand
lecteur de la presse nationale et internationale, il était aussi inscrit dans
l’actualité de son temps et tourné vers l’extérieur. Une grande part de son
oeuvre s’appuie sur les motifs croqués sur le vif. Beaucoup de
ses tableaux sont inspirés de scènes saisies dans la rue, d’incidents rapportés
par la presse ou la radio. Il raconte des histoires en séquences, un mode très
moderne qui n’est pas étranger au traitement du fait divers.
LE REGARD RETOURNÉ
Depuis ses premières années jusqu’à ses dernières oeuvres, l’artiste n’a cessé
de scruter son propre visage, d’observer les effets du passage du temps sur son
corps et ses sens à travers ses autoportraits. Dans les années 1930, lorsqu’il
est atteint d’une maladie de l’oeil – une hémorragie provoque une brusque perte
de vision à droite – il peint et note au jour le jour les effets de cette
dégénérescence. Sa dernière oeuvre – présentée dans l’exposition – est un
autoportrait.
Londres - Tate Modern
Quando
10:00 - 18:00, todos los lunes, martes, miércoles, jueves, viernes, sábados, domingos
Dónde
Tate Modern, Londres