La scène judiciaire

La scène judiciaire tient en intrigue nombre de nos questions de société. Des « affaires » aux grands débats politiques, économiques ou sociaux, des reconnaissances de responsabilité aux questions de moeurs, la justice mobilise des femmes et des hommes qui rejouent chaque jour le même rituel. Un rituel millénaire soumis à des choix de mise en scène qui varient avec le temps et avec les cultures.

Quel est donc le visage de la Justice française au XXIe siècle ? Une Justice que l'on dit puissante et que l'on voit fragile, une Justice toujours plus sollicitée et jamais autant décriée.

La Justice que l'on voit à l'oeuvre aujourd'hui n'est pourtant pas née spontanément puissante ou fragile. Elle est la conséquence de choix philosophiques, politiques ou économiques consentis par la société française depuis des décennies.

Choix des auteurs d'abord : comment opère - t - on le passage d'une justice idéale à une institution concrète ?

Quelle production législative nourrit la production des juges ?

Quel cadre procédural détermine la règle du jeu judiciaire ?

Choix des acteurs ensuite : qui sont ces juges, ces procureurs et ces avocats, que l'on investit professionnels du droit ?

Quelle place pour une participation citoyenne à l'oeuvre de justice ?

Choix des représentations enfin : combien de citoyens connaissent la Justice autrement que par ce qu'on en montre à la télévision ou au cinéma, à travers le parti pris des auteurs?

Comment interpréter la réalité subjective des documentaires ?

Une justice démocratique se doit d'entretenir un dialogue constructif avec la société civile. C'est à quoi souhaite contribuer le cycle proposé par la Bibliothèque publique d'information en collaboration avec l'Institut des hautes études sur la Justice.

Les auteurs

Juger, ne pas juger, punir : trois dilemmes de la Justice à travers des siècles de philosophie. Les philosophes savent sans doute mieux que quiconque analyser les ressorts profonds d'une culture. La Justice, bien entendu, n'échappe pas à leur regard, elle qui se voit constamment interrogée sur ses finalités morales ou politiques. À travers les siècles, nombre d'auteurs, philosophes et parfois aussi juristes, nous ont laissé matière à connaître la Justice d'hier et à penser celle d'aujourd'hui. Ce sont leurs écrits que cette introduction nous invite à redécouvrir en lecture publique, demandant ensuite à plusieurs auteurs contemporains et acteurs judiciaires de nous en livrer quelques clés.

Les auteurs

La fin du XXe siècle aura été marquée par une installation durable de la justice dans les débats de la société française, au point qu'elle est aujourd'hui partie intégrante de notre horizon politique. Le nouveau siècle s'est ouvert sur cet acquis, poussant la conception française de la démocratie dans ses retranchements, sans pour autant retirer au politique sa part de souveraineté puisque c'est bien à travers les lois qu'on continue à organiser l'institution judiciaire et les procédures qu'elle suit. Pour autant, la justice a connu deux transformations majeures au-delà des influences nationales, l'une inspirée par l'Eu rope et l' a u t re, plus récente, née de la mondialisation des

échanges, et donc des affaires qui se posent aux juges du monde entier. Ce sont ces trois rapports que nous étud i e rons comme fondements de la nouvelle justice française au XXIe siècle, en partant d'une crise récente et révélatrice de cet état de perpétuelle transformation, l'affaire d'Outreau, pour envisager ensuite la place de l'Europe dans ces transformations, et enfin, le rôle inédit que la mondialisation offre aux juges sur la scène internationale.

Les représentations de la justice par l'image

Combien de citoyens connaissent la Justice autrement que par ce qui est montré à la télévision ou au cinéma, donc à travers le regard subjectif de réalisateurs et d'auteurs?

En France, il est interdit de filmer un procès depuis 1954. Les dérogations, la première accordée pour l'enregistrement du procès Barbie, ont été depuis 20 ans de plus en plus nombreuses et de nombreux films ou émissions de télévision ont pu être réalisés.

Mais filmer un procès soulève toutes sortes de questions « de cinéma », où éthique et esthétique sont comme toujours inextricablement liées, eu égard notamment à la vulnérabilité des personnes filmées. Ces questions parmi d'autres, guideront nos pas sur à travers les diverses représentations de la scène judiciaire.

Catherine Blangonnet, Valérie Bouissou, Bpi

Animation des séances par Harold Épineuse, IHEJ.

Lecture de textes par François Raison, comédien.