James Frey : « J’utilise l’intelligence artificielle parce que je veux écrire le meilleur livre possible. »
James Frey est en vacances avec ses enfants au bord d’un lac du Wisconsin. Au milieu de ce décor bucolique, crâne rasé et regard pensif, l’auteur américain mâche furieusement son chewing-gum tout en affichant l’attitude désinvolte de celui qui fait peu de cas de ce que l’on pense de lui : écrivain, rebelle, junkie, homme d’affaires, transgresseur, paria, génie… Si l’écrivain conjure autant de sentiments contradictoires, c’est sans doute parce que son arrivée sur la scène littéraire, il y a vingt ans, a provoqué un chaos pareil à aucun autre. Retour en 2004. Fan de Bukowski et d’Henry Miller, ce fils de bonne famille qui se rêve hors-la-loi débarque avec fracas et Mille morceaux (Belfond), une autobiographie brutale qui dépeint son combat contre la toxicomanie et l’alcoolisme dans un centre de désintoxication. Salué comme l’une des explorations les plus viscérales de l’addiction, l’ouvrage est adoubé par Gus van Sant, Bret Easton Ellis et Pat Conroy qui voit en lui le « Guerre et Paix de l’addiction ». Un choc sismique comme la littérature en connaît peu et qui se vendra à dix millions d’exemplaires dans le monde. Le château de cartes s’effondre lorsqu’un site d’investigation affirme que de nombreuses parties de ses mémoires ont été inventées. La presse américaine se déchaîne, l’auteur s’excuse, son agent le lâche, son éditeur l’abandonne, les procès se succèdent. Insulté, traqué, l’écrivain devient la première cible de ce qu’on appelle aujourd’hui la cancel culture.
Fan de Bukowski et d’Henry Miller, ce fils de bonne famille qui se rêve hors-la-loi débarque avec fracas avec Mille morceaux, une autobiographie brutale qui dépeint son combat contre la toxicomanie et l’alcoolisme dans un centre de désintoxication.
Sa réputation en lambeaux, James Frey aurait pu disparaître à jamais, devenir une simple anecdote de la littérature américaine et l’incarnation d’une stratégie marketing ratée. Mais ce serait ignorer la capacité de résilience de celui qui a réussi à surmonter une décennie d’addictions sans l’aide du fameux programme d’Alcooliques Anonymes. Même après avoir été traîné dans la boue comme s’il avait commis les pires ignominies, l’écrivain a peu à peu construit une œuvre littéraire atypique, marquée par une plume unique qui s’emploie à dégommer joyeusement tous les codes de la littérature. Entre L.A. Story (Flammarion, 2009), puissante chronique à plusieurs voix qui capture l’essence même de la Cité des Anges, Le Dernier Testament de Ben Zion Avrohom (idem, 2011), récit provocateur sur le retour d’un Christ bisexuel dans le New York du 21e siècle ou encore Katarina (idem, 2019), l’histoire d’une passion dévorante entre un jeune écrivain et une mannequin dans le Paris des années 1990, l’artiste controversé trouve même le temps de se réinventer en businessman aguerri.
En 2009, il fonde Full Fathom Five, une société de production transmédia, dénoncée par le New York Magazine comme une « usine à fiction ». Il y dirige une écurie de jeunes auteurs qui écrivent des romans de science-fiction destinés à un jeune public ainsi que des projets pour le cinéma, la télévision et même des jeux vidéo. Le rebelle s’est embourgeoisé mais continue à diviser la presse américaine et à nager à contre-courant de l’establishment littéraire qu’il semble mépriser. Aujourd’hui, James Frey a revendu sa société au groupe français Webedia et a repris le chemin de l’écriture avec un projet qui devrait faire frémir les puristes. En effet, pour écrire son prochain roman, l’écrivain de 53 ans a décidé de s’appuyer sur l’intelligence artificielle. Il ne s’en cache absolument pas. Entretien exclusif.
Vous êtes en plein dans l’écriture de votre prochain livre, intitulé FOURSEVENTYSIX. De quoi s’agit-il ?
James Frey — Le titre est une référence à la date de la chute de l’empire romain et le livre est en quelque sorte une autofiction qui évoque la situation actuelle aux États-Unis. Il sera construit de la même façon que L.A. Story : un mélange de faits historiques, de statistiques, de récits fictifs et de réflexions sur les questions fondamentales qui agitent le pays et que je trouve assez terrifiantes. À l’image de ce district scolaire du Texas qui a décidé de fermer toutes les bibliothèques de ses écoles pour les transformer en centres de détention destinés aux étudiants qui se comportent mal. Je suis comme un « fabricant de miroirs » et ce que ce miroir renvoie est parfois particulièrement laid ; comme la culture des armes qui a infecté le pays. Saviez-vous qu’aujourd‘hui, il y a 410 millions d’armes à feu en circulation aux États-Unis, soit une moyenne de 1,2 arme par habitant, souvent des armes d’assauts et des fusils mitrailleurs ?
Qu’est-ce qui vous pousse à écrire sur cette période chaotique que traversent les États-Unis ?
James Frey — J’ai commencé à réfléchir à ce livre, il y a environ cinq ans. L’un de mes amis possède un master en lettres classiques de Harvard où il avait rédigé une thèse intitulée « Pourquoi les empires tombent ? ». Pour cela, il avait examiné la chute des grands empires comme l’Égypte, la Grèce, Rome, la France et la Grande-Bretagne et il a constaté qu’ils se sont tous écroulés pour des raisons identiques : la dette publique, l’écart des richesses et la polarisation politique. Aujourd’hui, mon ami est trader, il parie sur les mauvaises nouvelles. Il surveille la chute d’empires, de pays ou d’entreprises, il prédit leur ruine et gagne de l’argent quand cela se produit.
Je suis juste un écrivain qui tend un miroir sur la société américaine contemporaine. Croire que je pourrais impacter cette trajectoire est absurde, je suis plutôt une voix qui crie dans le vent.
James Frey
Donc la première puissance mondiale se dirigerait vers une chute identique aux grands empires qui l’ont précédée ?
James Frey — Avant l’élection de Trump, il estimait que nous étions entre vingt à vingt-cinq années de notre autodestruction. Après Trump et l’épidémie de Covid, il parie plutôt sur sept à dix ans. Forcément, j’ai beaucoup réfléchi à tout cela, il suffit de regarder les infos pour constater que ces trois facteurs se produisent à un rythme qui s’accélère. Je suis juste un écrivain qui tend un miroir sur la société américaine contemporaine. Croire que je pourrais avoir une influence sur cette trajectoire est absurde, je suis plutôt une voix qui crie dans le vent. La liberté d’expression est étouffée, nos deux partis politiques nous mènent droit au désastre et il me semble que les écrivains américains ont peur de s’exprimer sur le sujet.
Créer une œuvre d’art, c’est expérimenter, ce que vous avez toujours aimé faire. Utiliser l’intelligence artificielle pour votre projet est une nouvelle forme d’expérimentation pour vous ?
James Frey — J’utilise l’IA parce que je veux écrire le meilleur livre possible et je suis prêt à me servir de tous les outils à ma disposition pour y parvenir. Pour évaluer ses capacités, j’ai commencé par m’amuser avec. J’ai demandé à l’IA d’écrire un poème sur le sushi avec la plume d’Arthur Rimbaud. Elle m’a sorti un texte qui utilisait la même structure et le même langage qu’Une saison en enfer pour parler de poisson cru. Ensuite, j’ai voulu savoir si l’IA pouvait m’imiter et je lui ai demandé d’écrire une histoire avec mon style sur un type qui va chez Taco Bell (une chaîne de fast-food Tex-Mex, ndlr). Pour mon nouveau livre, j’ai besoin d’avoir accès à une quantité énorme de données statistiques, démographiques et historiques. Avant, j’utilisais Google ou j’allais à la bibliothèque comme beaucoup d’écrivains. Mais aucun n’est aussi rapide et efficace que l’IA qui est d’une puissance phénoménale.
Cette puissance ne vous effraie-t-elle pas ?
James Frey — Je ne crains pas les outils qui peuvent rendre mon travail meilleur. Oui, je l’utilise pour écrire mon livre et je ne m’en cache absolument pas. D’ailleurs, je fais quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant en ajoutant des notes en bas de page. C’est presque un livre à part où je commente ce que je suis en train d’écrire. Voilà ce que je précise la première fois que j’utilise l’IA : « L’intelligence artificielle a été utilisée à la fois pour la recherche et la structure de ce livre. J’ai demandé à l’IA de reproduire mon style d’écriture, pour que vous, le lecteur, ne soyez pas capable de différencier ce qui a été écrit par moi et ce qui a été généré par l’IA. Je ne vous donnerai pas non plus d’indications sur ce qui a été écrit par moi et ce qui a été produit par l’IA. C’est moi, l’écrivain qui ai décidé quels mots allaient sur les pages de ce livre. Malgré les contributions de l’IA, je considère malgré tout, que chaque mot de ce livre est de moi et je me fiche que vous pensiez le contraire. »
Vous considérez l’IA comme un outil alors que beaucoup d’artistes la voient comme une menace…
James Frey — J’utilise l’IA pour m’aider à créer une œuvre d’art et cela ne me pose aucun problème. Peu importe que j’aie trouvé ces informations dans un livre, sur Google ou grâce à l’IA. D’ailleurs quand je m’en sers, ce n’est pas vraiment pour la composition narrative du livre mais pour y inclure des données comme celles-ci : « il y a 756 milliardaires aux États-Unis avec un total de 5,5 trillions de dollars en actif. Sept des dix personnes les plus riches du monde sont américaines. » Quand j’ai besoin de ce genre d’informations, l’IA me les fournit d’un claquement de doigts. Je prends la réponse, je modifie le langage pour que cela ressemble à ce que j’écris et je le place dans le livre. Et au lieu de passer une journée entière à faire des recherches, cela me prend une heure.
À part gagner du temps, en quoi l’IA peut-elle faire de vous un meilleur écrivain ?
James Frey — Si je gagne du temps, je suis aussi plus efficace et plus confiant. C’est une machine qui peut me fournir des solutions pour avancer dans le récit. Est-ce que cet outil peut nuire à mon écriture ? Je ne crois pas. Au contraire, je pense qu’il l’améliore. D’ailleurs, est-ce que l’on critique les peintres qui se servent d’outils technologiques pour créer une œuvre ? Quand ils utilisent une photo dans Photoshop pour la manipuler et l’imprimer ensuite sur une toile, est-ce que cela a en fait forcément une œuvre moins intéressante qu’une peinture créée par un peintre et son pinceau ? Pour moi, ce n’est pas le cas. C’est juste une façon différente de faire de l’art avec un artiste qui garde le contrôle sur le produit fini. Et je fais la même chose. Et si les gens ont un problème avec ça, ils peuvent aller se faire foutre.
L’intelligence artificielle n’a pas de désir ni de besoin, c’est une machine froide, objective, la plus puissante qui n’ait jamais existé. Sa capacité à faciliter la production d’art pourrait en effet pousser les gens à arrêter d’utiliser leur cerveau et leur âme.
James Frey
Pensez-vous que l’IA ait le pouvoir de détruire l’art ?
James Frey — L’intelligence artificielle n’a pas de désir ni de besoin, c’est une machine froide, objective, la plus puissante qui n’ait jamais existé. Sa capacité à faciliter la production d’art pourrait en effet pousser les gens à arrêter d’utiliser leur cerveau et leur âme. Mais l’ayant considérablement testée, je ne pense pas qu’elle puisse nous amener jusque là.
Que pensez-vous des grèves des scénaristes et des acteurs qui paralysent Hollywood ?
James Frey — Je suis membre de la Writers Guild of America West, je suis en grève et je suis allé manifester à New York. Je suis tout à fait d’accord avec la position des scénaristes et des acteurs. Ce que les studios proposent, c’est de se débarrasser des artistes pour utiliser l’IA, de la conception à la parution. Bref, des produits de divertissement entièrement générés par une machine. Mais l’IA est pareille à une voiture, elle a besoin d’un conducteur. Certains la conduiront mieux que d’autres, à leur façon. Mais des lois sont nécessaires pour protéger tout le monde. Si l'IA est capable de reproduire le style d’un écrivain, vous pourriez potentiellement lui demander d’écrire pour vous, le jour où vous êtes en panne d’inspiration. Théoriquement, c’est possible puisqu’à l’instar de nombreuses technologies, elle traque et copie tout ce que nous faisons. Mais vous ne pouvez pas plagier ce qui est généré par l’IA, il faut modifier le texte. J'en reviens à la peinture. Quid de tous ces peintres qui ont un studio où les assistants créent 85 à 90% de la toile ? L’artiste arrive pour y ajouter sa touche unique et se l’approprier. Regardez Andy Warhol, son studio a rendu son travail meilleur, on peut dire que cela a changé l’histoire de l’art. En revanche, Mark Kostabi a fait la même chose et ça a été un échec. N’oublions pas que les outils sont aussi efficaces que la personne qui les manipule.
En vous servant de l’IA, vous êtes à des années lumière de l‘image de l’écrivain torturé, seul, luttant pour trouver l’inspiration. Comment imaginez-vous que votre livre sera reçu ?
James Frey — Je ne pense pas que l’IA change quoi que ce soit à la définition d’un artiste. Je suis toujours auteur et écrire reste difficile même si l’IA me facilite la vie. Quand je vais plus vite, je me sens mieux, je suis moins torturé. Peut-être que les Français vont détester mon processus mais j’ai toujours pensé que la France, plus que n’importe quel autre pays au monde, aimait la radicalité artistique.
Je ne pense pas que l’IA change quoique ce soit à la définition d’un artiste. Je suis toujours auteur et écrire reste difficile même si l’IA me facilite la vie. Quand je vais plus vite, je me sens mieux, je suis moins torturé.
James Frey
En quoi la France symbolise-t-elle la radicalité artistique ?
James Frey — Regardez l’histoire de la littérature et de l’art en général en France : les plus grands artistes français ne sont pas ceux qui ont respecté les règles. Ils n’ont pas suivi ce qu’on attendait d’eux, ils ont fait exactement l’opposé. Arthur Rimbaud, qui a eu une incidence décisive dans ma vie et dans mon écriture, a détruit l’idée de ce que la poésie pouvait être quand il a commencé. Tout comme Baudelaire d’une certaine façon. Tous deux étaient célébrés pour leur radicalité. Je trouve que le milieu littéraire est devenu très conservateur, bien plus que la peinture, le cinéma ou la musique, ce qui n’a pas toujours été le cas. Aujourd’hui, les artistes résistent aux changements radicaux et je trouve cela ridicule. Je suis conscient que je vais me faire massacrer pour mon choix mais mon travail n’est pas de m’inquiéter de la façon dont les gens vont réagir. Mon travail est d’être dans le moment, quand j’écris, quand je décide ce que sera le prochain mot. Mon travail est de créer un récit littéraire aussi puissant que possible.
Comment expliquez-vous cette frilosité des artistes ?
James Frey — Le pouvoir des réseaux sociaux et l’effet de meute ont conduit l’art à devenir plus conservateur et particulièrement dans la littérature. J’observe ce qui se passe sur X (anciennement Twitter, ndlr) avec inquiétude et consternation. D’ailleurs, les réseaux sociaux reflètent bien le déclin du pays : si vous voulez observer les écarts de richesse, la polarisation politique, la violence, la division, la haine, allez sur les réseaux sociaux. Dans tous les cas, je ne crois pas qu’ils aient rendu le monde meilleur ou plus intéressant.
Les réseaux sociaux reflètent bien le déclin du pays : si vous voulez observer les écarts de richesse, la polarisation politique, la violence, la division, la haine, allez sur les réseaux sociaux.
James Frey
Pensez-vous que la plus grande menace pour un artiste aujourd’hui est la cancel culture plutôt que l’IA ?
James Frey — Cette culture de l’effacement ne m’inquiète pas. J’ai connu cela, il y a vingt ans et pourtant j’écris toujours des livres. En fait, cette période a été pour moi une libération, cela m’a permis d’avancer et de faire ce que je voulais. En 2005, les dés étaient jetés : soit vous aimiez ou vous détestiez ce que je faisais et ça n’a pas vraiment évolué depuis. En tant qu’artiste, si vous ne vous inquiétez pas de l’opinion des autres, vous vous autorisez à faire ce que vous voulez faire et à vous libérer dans le processus créatif.
Lorsque vous écrivez, vous arrive-t-il de penser à la réaction des lecteurs au sujet d’un personnage ou d’une situation ?
James Frey — Je suis humain donc forcément, ce genre de pensées me traverse l’esprit mais je résiste à l’envie de m’y attarder. Si j’avais cédé à cela, je n’aurais jamais écrit aucun livre. Je n’essaie pas de contrôler la réaction du lectorat. Je sais que certains penseront que ce que j’écris est intéressant, d’autres estimeront que c’est épouvantable et que j’enfreins tout un tas de règles sacrées.
Est-ce que vous envisagez de poursuivre « votre collaboration » avec l’IA pour l’écriture de vos prochains livres ?
James Frey — Je ne sais pas. C’est un outil très efficace mais l’IA n’a pas la capacité de ressentir et d’exprimer des émotions humaines. En définitive, mon travail a toujours été de transpercer l’âme des gens, d’essayer de changer d’une certaine manière ce qu’ils ressentent, pensent ou vivent. Si l’IA m’aide à y parvenir, tant mieux. Si ce n’est plus cas, je ne m’en servirai pas. J’ai trois projets de livres et l’IA ne sera pas fondamentale à leur création. Et qui peut dire quels seront les outils à ma disposition dans deux ans ?
L’IA n’a pas la capacité de ressentir et d’exprimer des émotions humaines. Au final, mon travail a toujours été de transpercer l’âme des gens, d’essayer de changer d’une certaine manière ce qu’ils ressentent, pensent ou vivent. Si l’IA m’aide à y parvenir, tant mieux.
James Frey
Malgré le pessimisme ambiant, qu’est-ce qui vous donne espoir ?
James Frey — Oui, il y a encore de la beauté, de l’amour, de la joie, de la décence, de la gentillesse dans le monde. Mais il y a six ans, jamais je n’aurais pu imaginer ce qui allait se passer. Aujourd‘hui, les États-Unis ont franchi un cap et nous ne pourrons pas revenir en arrière. Alors, je compte venir m’installer en France d’ici cinq ans. Je viens souvent, je me sens chez moi ici, j’ai vécu à Paris quand j’avais 21 ans et à Beaulieu-sur-Mer en 2005. J’ai du sang français dans les veines, j’ai deux grands-pères alsaciens. J’ai toujours aimé la France, je m’y sens à l’aise et certains de mes amis les plus proches sont français comme l'actrice Mélanie Laurent. Et plus qu’ailleurs, c’est un pays qui attache une grande importance à la nourriture, à la vie, à l’art. C’est ce qui compte pour moi : mener une existence qui ne tourne pas autour de succès économiques et sociaux. J’ai envie de vivre au calme, dans un château délabré en Provence ou dans le Sud-Ouest, devenir un vieil américain grincheux qui boit du café à longueur de journée. ◼