Exposition / Musée
Klee et la musique
10 oct. 1985 - 1 janv. 1986
L'événement est terminé
Cette exposition consacrée à Paul Klee a été conçue par Ole Henrik Moc et organisée par la Fondation Sonja Henie-Niels Onstad (où elle a été présentée de juin à septembre 1985) et le Musée national d’art moderne.
Lorsque Ole Henrik Moe nous fit part de son projet d’une exposition sur le thème « Klee et la musique », Paul Klee était justement au centre de nos préoccupations, les collections du Musée national d’art moderne venaient de s’enrichir de plusieurs œuvres importantes provenant de la collection personnelle de Kandinsky. Nous négociions en outre l’entrée au Musée de Rhythmisches, tableau justement significatif de ce thème tant par son lyrisme abstrait que par sa construction systématique proche d’une partition comme de l’écriture, celle que permet aujourd’hui la création électronique. Mais c’est un point de vue plus vaste qui est retenu ici et qui va jusqu’à la représentation du musicien et de l’orchestre, voire du ballet. […]
Dominique Bozo
Né dans un milieu de musiciens, Klee prit lui-même dès 7 ans des leçons de violon et devint à l’âge de 11 ans membre de l’Orchestre municipal de Berne. Ce n’est qu’à vingt ans que Klee renonce clairement à faire carrière en tant que musicien pour se consacrer exclusivement à la peinture. Cela ne l’empêchera pas toutefois de garder des liens privilégiés avec la musique, liens que renforceront son mariage en 1906 avec la pianiste Lily Stumpf, [et la pratique continue du violon pour son plaisir].
Ainsi immergé dans la culture musicale, Klee ne pouvait que s’en faire l’écho dans son œuvre. Représentations de musiciens ou d’instruments jalonnent ainsi son travail. [Mais également surtout] le profond parallèle entre musique et peinture qu’il pressentait depuis 1905 : une recherche sur les structures de langage musical, sur leur possibilité d’adaptation à l’expression plastique de manière à donner à celle-ci une rigueur et une codification .
Si nombre d’œuvres de Klee utilisent une composition longiforme, souvent soulignée de lignes parallèles à la façon de portées musicales, c’est que Klee entend d’abord la musique comme un déroulement dans le temps, et qu’il traduit naturellement celui-ci dans l’étirement du sujet, la multiplication des points de lecture qui retiennent le regard et retardent par leur complexité la saisie immédiate et globale de l’image. A ces transpositions formalistes se joindront bientôt des inventions plus élaborées pour lesquelles Klee reprend les principes de la polyphonie : [polyphonie linéaire par le jeu des lignes en contrepoint ; polyphonie colorée, par le jeu des plans colorés].
La notion même de « composition » […] fournit à Klee une référence constante. Le rythme est évidemment essentiel dans ces œuvres, mais c’est avec les éléments construits en fugue, par jeu d’échos successifs, que s’établit la plus évidente et la plus complexe analogie.
Aussi structurés que puissent être ces peintures, elles conservent cependant la grâce inimitable que Klee admirait chez Mozart et sont parmi les rares œuvres musicales de ce siècle à éviter – à la différence des compositions de peintres « musicalistes » – tout souci démonstratif ou à se parer simplement de titres musicaux sans rapport avec leur sujet. Avec Klee, pour la première fois, selon le désir de Paul Claudel, l’œil écoute…
D’après Dominique Bozo, et le communiqué de presse
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