Festival / Soirée
Magiciens de la terre / Colloque 2014
1ère journée
27 mars 2014
L'événement est terminé
Il y a 25 ans, l'exposition Magiciens de la Terre, présentée au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette à l'initiative de Jean-Hubert Martin, représentait un tournant dans la représentation de l'art contemporain par son invitation à des artistes de tous les continents, et signait l'entrée dans la mondialisation. Retour sur cette expérience pionnière et sur les perspectives qu'elle a ouvertes.
Il y a 25 ans, l'exposition Magiciens de la Terre, présentée au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette à l’initiative de Jean-Hubert Martin, représentait un tournant dans la représentation de l'art contemporain par son invitation à des artistes de tous les continents, et signait l’entrée dans la mondialisation. Retour sur cette expérience pionnière et sur les perspectives qu’elle a ouvertes.
14h - Ouverture
Alain Seban, Président du Centre Pompidou
Introduction
Jean-Hubert Martin
Commissaire général de l’exposition « Magiciens de la terre » en 1989, Jean-Hubert-Martin est commissaire indépendant après avoir été conservateur général du patrimoine. Ancien directeur de la Kunsthalle de Berne, du Musée national d’art moderne, du Château d’Oiron, du Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, du museum kunst palast de Düsseldorf et de FRAME France, il a été commissaire de nombreuses expositions, dont la 5e Biennale de Lyon « Partage d’exotismes » en 2000, « Altäre – Kunst zum Niederknien » (« Autels – l'art de s'agenouiller ») à Düsseldorf en 2001, « Africa Remix » à Düsseldorf en 2005, « Une image peut en cacher une autre » au Grand Palais en 2009, « Dali » au Centre Pompidou en 2013 et « Le Théâtre du monde » à la Maison Rouge en 2013. Un certain nombre de ses textes sont rassemblés dans L’Art au Large, 2012, Flammarion.
«L'art sans frontières : dernière frontière de l'art ?»
Laurent Jeanpierre
Il y a vingt-cinq ans, l'exposition « Magiciens de la Terre » représentait, en même temps que tombait le mur de Berlin, un tournant dans la représentation et l'exposition de l'art dit contemporain. Elle offrait une critique de son ethnocentrisme et favorisait son entrée dans la mondialisation. Avec et après elle s'ouvraient de nouveaux terrains d'exploration et de valorisation aux critiques, aux commissaires, aux historiens de l'art, aux conservateurs de musée et aux marchands. Le périmètre de l'art, constamment élargi par toute la tradition moderniste, pouvait à nouveau s'étendre, cette fois jusqu'aux confins de l'altérité non occidentale. Pour certains, l'art sans frontières est ainsi devenu la dernière frontière de l'art. Avec ce mouvement, dont Jean-Hubert Martin a été l'initiateur, mais aussi l'observateur critique, de nouvelles frontières apparaissent pourtant, qui font obstacle à l'émergence d'un art contemporain reconnaissant pleinement ses différences.
Laurent Jeanpierre est sociologue et professeur à l'Université Paris 8. Plusieurs de ses recherches portent sur le langage politique de l'art contemporain et sur les processus de mondialisation dans les sciences, les idées et les arts. Il travaille aussi depuis quelques années sur le commissariat d'exposition et collabore régulièrement à artpress, La Revue des Livres et à Critique.
« Mapping contemporary indigenous art post- «Magiciens de la Terre »»
Jonathan Mane-Wheoki
Une prise de conscience a suivi l’exposition « Magiciens de la terre », permettant à l’art contemporain indigène néo-zélandais, australien et du Pacifique d’émerger comme catégorie distincte de l’histoire de l’art et d’entrer progressivement en contact avec un réseau artistique mondial. Quelle place accorder à ce phénomène dans l’histoire de l’art mondiale ? Pourquoi n'est-il toujours pas véritablement reconnu en Europe ?
Jonathan Mane-Wheoki est commissaire d’exposition, historien de l’art, de l’architecture, d'histoire culturelle et professeur des beaux-arts à l’Université d’Auckland. Il dirige le département Arts et Culture Visuelle au Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. Il est considéré comme l’un des principaux pionniers du développement de l’art contemporain maori et plus largement de l’histoire de l’art du Pacifique.
« Entre actualité et histoire : la réception de « Magiciens de la terre »»
Daniel Soutif
En son temps, l'exposition « Magiciens de la terre » fut souvent considérée comme ne tenant pas ses promesses (en particulier en matière de fréquentation). Au cours des vingt-cinq années qui ont suivi, la perspective a peu à peu radicalement gommé cette réception tiède et, progressivement, l'exposition de Jean-Hubert Martin s'est imposée comme un événement majeur marquant l'un des tournants essentiels du XXe siècle finissant.
Daniel Soutif est agrégé de philosophie, critique d’art et commissaire indépendant. Il a exercé différentes fonctions au sein du Centre Pompidou, comme rédacteur en chef des Cahiers du Musée national d’art moderne entre 1990 et 1994, puis en tant que directeur du Département du Développement Culturel de 1993 à 2001. En 1989, il participa à la réception critique de
« Magiciens de la terre » en consacrant plusieurs articles à l’exposition : « La preuve par le musée », Libération 27-28 mai 1989, « Les aléas du transport de l’art », Libération 27-28 mai 1989, « Une exposition post-moderne ? », Libération 27-28 mai 1989.
Pause
« ’Almost the same but not quite': the resistance of the marketisation of the global»
Niru Ratnam
« Magiciens de la terre » a suscité un renouveau des débats autour des relations entre le mouvement occidental moderne et les cultures visuelles du reste du monde. Cette exposition a été critiquée pour son idéalisme implicite et certains considérèrent qu’il était injustifié de présenter des artefacts produits par des « non-occidentaux » dans un contexte artistique occidental.
Depuis 1989, l’art contemporain « non-occidental » a été découvert par le marché et a connu un véritable essor en Chine, en Inde, en Amérique latine et plus récemment en Afrique. « Magiciens de la terre », par sa volonté de se concentrer sur des pratiques ancrées dans la tradition et l'histoire culturelle, a offert un point de résistance contre les effets d’homogénéisation induits par le marché. Il en émane un art qui est « presque le même, mais pas tout à fait » (Homi Bhabha, Les lieux de la culture : une théorie postcoloniale, 2007).
Ancien universitaire spécialiste des questions post-coloniales et de la globalisation de l’art moderne et contemporain, Niru Ratnam est notamment l’auteur de « Art and Globalisation » publié dans Themes in Contemporary, 2004et « Exhibiting the 'other': Yuendumu Community's 'Yarla », publié dans Frameworks for Modern Art, 2003. Après avoir quitté le monde universitaire, Niru Ratnam lance sa propre galerie, STORE et travaille pour le marché de l’art indien. Il organise actuellement « Art14 London », qui vise à devenir la première véritable foire globale d'art contemporain en Europe.
« Pendant ce temps, en Afrique...* »
Christine Eyéné
Cette communication se proposera de mettre en lumière une histoire parallèle (ou contemporaine) aux « Macigiens de la Terre » se trouvant à la genèse de certains courants artistiques du 21è siècle. Il s’agira de revenir sur l’émergence de nouveaux regards, discours théoriques, critiques, et pratiques curatoriales émanant de sphères africaines et diasporiques.
Se basant tant sur l’histoire de l’art et l’iconographie, que sur une expérience de réalisation d’expositions en Afrique et en Occident, ainsi que sur la dynamique d’un réseau d’artistes et acteurs culturels africains, cette présentation dressera un bref panorama de la scène africaine actuelle : ses artistes, thématiques, techniques artistiques et formats, commissaires, institutions (en particulier les initiatives indépendantes), publications et collections.
Enfin, le propos insistera sur le nouvel impératif de mener conjointement un travail d’accompagnement de la scène contemporaine tout en s’attachant à préserver, voire rechercher et documenter, l’histoire et le grand œuvre des artistes de la génération des « Magiciens ».
*Afrique est ici défini comme un champ culturel plutôt qu’un lieu géographique.
Actuellement chercheuse en art contemporain à l’Université de Central Lancashire (UCLan), Christine Eyéné a étudié l’histoire de l’art à l’Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne de 1994 à 1999. Ses recherches sur l’art sud-africain des années 1940 à la fin de l’apartheid l’ont conduite à s’intéresser aux artistes en exil tels que Ernest Mancoba, Gerard Sekoto, Dumile Feni et George Hallett.
Collaboratrice de la revue Africultures, elle a notamment coordonné les numéros « Diaspora: Identité Plurielle » (2008), « Féminisme(s) en Afrique et dans la Diaspora » (2009) et « l’Art au Féminin : Approches Contemporaines » (2011), ce dernier accompagnant le premier volet de sa séries d’expositions sur le genre féminin dans l’art contemporain africain.
Eyéné a contribué à de nombreuses revues d’art et catalogues d’exposition. Ses prochains projets incluent: « Where we’re at! Other Voices on Gender », Bozar, Bruxelles (juin 2014) et « Basket Case II », National Gallery of Zimbabwe, Harare (octobre 2014).
Un colloque conçu par Annie Cohen-Solal et Jean-Hubert Martin, en liaison avec le Service de la parole (DDC).
Renseignement :
Christine Bolron, christine.bolron@centrepompidou.fr
Pour recevoir les annonces de nos soirées :
Christine Bolron, paroleaucentre@centrepompidou.fr
Quand
14h - 19h