Exposition / Musée
Hors Pistes, 17e édition | Exposition
Dernière séquence
20 janv. - 6 févr. 2022
L'événement est terminé
Grégory Chatonsky : « Disnovation 1 » (détail) © Centre Pompidou / design graphique : Ch. Beneyton, 2022
L’exposition « Dernière séquence » révèle les correspondances entre le cinéma et les hommes à l’épreuve du temps. Du souvenir à l’archive, du noir et blanc aux cheveux gris, des fantômes aux revenants, une même ligne de fuite traverse les êtres humains et les images.
Grégory Chatonsky : « Disnovation 1 » (détail) © Centre Pompidou / design graphique : Ch. Beneyton, 2022
À la fois archives vivantes et support du temps qui passe, ils sont pourtant condamnés à une obsolescence incontournable : un début, une fin.
À ce moment de l’existence – la « dernière séquence » − les images et les êtres humains deviennent à la fois objets théoriques et enjeux de lutte. Quel est le destin des corps vieillissants à l’image, qui les filme encore ; on parle de gestes cinématographiques tardifs, de « male gaze » (regard masculin, ndlr), des femmes qui disparaissent de l’écran, a contrario, l’image permet-elle une vie éternelle, les avatars une seconde vie et les bot une résurrection, l’innovation un principe d’illusion ?
L’exposition propose onze installations (dont neuf propositions inédites), onze regards singuliers et intergénérationnels, qui jouent des proximités de l’image et du grand âge.
Avec les œuvres de : Judith Cahen et Masayasu Eguchi, Grégory Chatonsky, Judith Deschamps, Barbara Hammer, Pauline Julier, Bill Morrison, Graeme Thomson et Silvia Maglioni, Jeroen van Loon, et les élèves de l’École des beaux-arts de Marseille.
Les installations
Judith Cahen et Masayasu Eguchi
1968, Paris (France). 1964, Saga (Japon). Vivent et travaillent à Paris.
Judith Cahen et Masayasu Eguchi forment depuis 2013 un duo d’artistes à l’origine de films, ciné-performances et installations. Après des études de philosophie, Judith Cahen se consacre à la création de films et performances, devant et derrière la caméra. Avec son double de cinéma, elle aborde les problématiques liées au corps, entre intime et politique. Son travail introspectif négocie les frontières entre cinéma, théâtre, arts plastiques et danse et la conduit jusqu’au Japon. Masayasu Eguchi commence quant à lui le théâtre musical à Tokyo avant de voyager à travers le monde, puis de réaliser des films à Londres et enfin à Paris où il fonde sa société de production. Producteur et réalisateur, d’abord de documentaires, il organise aussi des expositions qui œuvrent au dialogue des cultures française et japonaise.
Un film qui n’a pas pris une ride, 2022
Installation, films, vidéos numériques couleur, sonore
Durée : 5 à 7 minutes
« Faire durer un amour – fût-il amour du cinéma, lui faire traverser le temps et les âges, au-delà des cassures du mépris ». (Judith Cahen et Masayasu Eguchi)
À quoi tient l’impression qu’une œuvre a bien ou mal vieilli ? Judith Cahen et Masayasu Eguchi sont partis de cette question en s’inspirant d’un film « en avance sur son temps » réalisé par Jean-Luc Godard en 1963. Un film qui n’a pas pris une ride propose une libre interprétation de son illustre scène d’ouverture, la première scène d’amour entre Camille et Paul (Brigitte Bardot et Michel Piccoli). La même situation se décline avec plusieurs interprètes d’âges différents et selon plusieurs esthétiques cinéphiles. Par un jeu de répétitions jusqu’à l’amplification, les artistes confrontent à la fois l’âge des images, celui des acteurs et des sentiments. Le casting intergénérationnel éclaire avec tendresse et humour les angles morts de nos représentations communes tout en traçant un parallèle entre deux temporalités, celles de l’histoire du cinéma et de la vie. Cette réappropriation subtile fait un pas de côté et incite, tout en rendant hommage à son lyrisme, à observer la structure qui rend l’œuvre de Godard encore et toujours séduisante.
Grégory Chatonsky
1971, Paris (France). Vit et travaille à Paris et Montréal.
Formé aux arts visuels et numériques et à la philosophie, Grégory Chatonsky est un artiste franco-canadien largement exposé à travers le monde. À l’avant-garde de l’utilisation du web comme un médium artistique depuis les années 1990, il travaille tout autant la matière physique que numérique. Entre nature et technologie, il interroge de façon critique l'autonomie et la sensibilité anthropomorphes des machines ou le renouvellement, voire la dislocation, des identités et mises en récit à travers l’utilisation des données numériques et de l’intelligence artificielle. Il a créé en 2011 le concept de « Disnovation » et produit, dix ans plus tard, cette installation.
Disnovation v. 1, 2022
Installation, sculptures, vidéos numériques couleur, sonore
Une coproduction Hors Pistes (Centre Pompidou) & Cité des sciences et de l’industrie
Dans cette installation évolutive imaginant un futur proche, Grégory Chatonsky se met en scène en personne âgée, dernier orateur d’éléments de langage dépassés sur l’innovation. L’alter ego de l’artiste, créé à partir d’un moteur de jeu vidéo, tient une conférence infinie et insensée dont le contenu généré par une IA (intelligence artificielle) mêle des TED talks, des livres de développement personnel et de management. Des pièces robotiques côtoient des fragments de corps humains, reliques d’une religion disparue progressivement envahies par des formes larvaires. Accompagnée d’images de milliardaires transhumanistes tournés vers une éternité illusoire, cette anticipation dystopique nous contraint à faire face aux limites de notre développement.
Grégory Chatonsky a inauguré en octobre 2021 la première résidence artistique de la Cité des sciences et de l'industrie pour une durée d'un an.
Judith Deschamps
1986, Paris (France). Vit et travaille à Paris.
La démarche pluridisciplinaire de Judith Deschamps, formée en France et au Royaume-Uni, allie la performance, le film, la sculpture et l’installation. Avec un regard féministe, elle investit des références historiques, culturelles et religieuses pour saisir les conceptions et usages sociaux et technologiques contemporains. Elle s’intéresse au langage, à la sexualité, à la finitude, en particulier par le prisme des corps et de leurs métamorphoses. Elle fait partie du programme de résidence artistique 2020/2021 à l'Ircam (équipe Analyse et Synthèse) et débute un doctorat en recherche et création à l’école de recherche ArTeC à l’université Paris 8.
La_Mue_version_0.7, 2022
Film, vidéo numérique couleur, sonore
Durée : 20 min env.
À l’aide d’une intelligence artificielle, Judith Deschamps s’associe aux chercheurs de l’Ircam pour recréer le chant angélique du castrat Farinelli, destiné lors d’un rituel nocturne à soigner la mélancolie du roi d’Espagne Philippe V. Deux enfants soprano de 14 ans et un contreténor de 24 ans participent à cette expérience : l’un va bientôt faire l’expérience de la mue, l’autre débute une transition de genre, et le dernier a fait ce qu’il appelle une « mue silencieuse ». L’artiste met en place un échange intergénérationnel en incluant sa grand-mère âgée de 93 ans qu’elle accompagne au quotidien. Cette aventure peut-elle l’aider dans le passage de la vie vers la mort ? Sous la forme d’un conte vidéographique, ces personnes se confient sur les métamorphoses qu’elles traversent. En déplaçant une expérimentation scientifique dans le merveilleux, La_Mue_version_0.7 interroge les transformations auxquelles l’existence nous confronte, et les peurs qui en résultent. Alors que la castration figeait artificiellement la voix de l’enfant comme pour la rendre éternelle, le film questionne le recours à la technologie quand il s’agit de faire face à la finitude humaine.
Barbara Hammer
1939, Los Angeles (États-Unis) - 2019, New York (États-Unis)
Barbara Hammer (1939-2019) est une cinéaste étatsunienne avant-gardiste. Féministe, lesbienne, elle est une pionnière du cinéma queer et expérimental indépendant dès les années 1970. Traitant d’une sexualité minorée dans la société et souhaitant visibiliser les femmes marginalisées par le discours historique, elle est l’autrice d’un des premiers films lesbiens. Tandis qu’un cancer de l’ovaire lui est diagnostiqué en 2006, elle poursuit son intense activité artistique et lutte pour la liberté de choix des malades quant à leur fin de vie.
Optic Nerve, 1985
Film cinématographique numérisé 16 mm, noir et blanc et couleur, sonore
Durée : 16 min 45 s
Optic Nerve est une œuvre déterminante dans l’exploration visuelle du vieillissement et de la mémoire par Barbara Hammer. En investissant conjointement la fragilité de la vie et celle du support cinématographique 16 mm, l’artiste assemble et retravaille des images filmées lors d’une visite auprès de sa grand-mère dans sa chambre de maison de retraite. Elle laisse entrevoir des gros plans du corps et du visage âgés, évoquant le souvenir de l’être aimé qui persiste et ressurgit partiellement. D’autres images sont prises du point de vue de la chaise roulante de sa grand-mère lors d’une promenade en extérieur. Entre humaine et paysage, entre figuration et abstraction, Hammer utilise divers procédés expérimentaux lors de l’impression optique sur photogrammes, traités image par image, et lors du montage.
Pauline Julier
1981, Genève (Suisse). Vit et travaille à Genève.
Formée à la photographie et aux sciences humaines, Pauline Julier est une artiste et cinéaste primée et exposée dans le monde entier. Dans une approche à la fois scientifique et artistique, documentaire et fictionnel, elle s’interroge sur la complexité des rapports humains à l’environnement non-humain, dans l’histoire et dans l’actualité. Elle s’inscrit dans un dialogue avec des écrivaines, écrivains, chercheurs et chercheuses, notamment à l’occasion de son grand projet multidisciplinaire Naturalis Historia.
Cercate Ortensia, 2021
Vidéo à deux canaux, HD, stéréo, en boucle, dimensions variables (numérique couleur, sonore)
Durée : 16 min 10 s
Inspirée par le poème féministe italien d’Amelia Rosselli, La Libellula (Panegirico della libertà) (1958), Pauline Julier présente une installation de deux écrans projetant un film d’archives scientifiques, personnelles et de réseaux sociaux. Entre hommage et vengeance face à son héritage littéraire, le poème de Rosselli se nourrit de l’ambivalence de la figure d’Hortense du poème « H » d’Arthur Rimbaud, entre élan d'ouverture et retrait intime. Cercate Ortensia recrée un mouvement circulaire marquant une bouffée d’air libératrice face au passé et la vieillesse. Elle explore la chute, la disparition, l’oubli, l’évanescence, traçant un lien entre les recherches de pionniers scientifiques, la désorientation liée à la perte de mémoire de son père vieillissant et malade, jusqu’à l’actualité brûlante de la catastrophe écologique.
Bill Morrison
1965, Chicago (États-Unis). Vit et travaille à New York (États-Unis).
Célébré et primé dans les festivals et institutions du monde entier, Bill Morrison est une figure de proue du cinéma expérimental contemporain. Avec une sensibilité nourrie par les arts plastiques, il pratique notamment le found footage en réutilisant et détournant des archives cinématographiques souvent rares et délaissées, auxquelles il souhaite redonner une place entière dans l’imaginaire collectif. En travaillant avec des supports détériorés, il crée des poèmes visuels déstabilisants. L’importance qu’il accorde à l’histoire, à la mémoire et à l’oubli se traduit également par la réalisation de documentaires avant-gardistes. Passionné de musique, il travaille avec les compositeurs contemporains les plus reconnus.
Light is Calling, 2004
Film 35 mm, noir et blanc et couleur, sonore
Durée : 8 min
Light is Calling se base sur un tirage optique d’une copie extrêmement détériorée de The Bells (James Young, 1926) que Morrison remonte à partir d’une nouvelle bande sonore, en se concentrant sur une courte scène d’amour qu’il allonge et surimprime. Il travaille la pellicule au corps, en plasticien. Tout en économie de moyens, la décomposition du nitrate crée différents effets de reliefs, de couleurs et de mouvements, donnant vie à une métaphore fragile et changeante. En se laissant guider par les « collisions aléatoires » et les accidents qui en découlent, ce poème visuel invite à une méditation mélancolique sur la temporalité, la mémoire, la ruine, la disparition et le caractère évanescent de l’existence et de la matière.
Silvia Maglioni (Italie) et Graeme Thomson (Royaume-Uni)
Naissance du duo Terminal Beach, 2005. Vivent et travaillent entre Paris et Palerme.
Silvia Maglioni et Graeme Thomson sont des cinéastes et artistes dont les films et installations sont régulièrement présentés dans de nombreux musées et festivals internationaux. Leur travail explore les frontières poreuses entre documentaire et fiction, cinéma et installation, visions collectives et pensée politique, à la recherche de nouvelles configurations d’image, de son et de texte. Leur pratique inclut la création de courts et de longs-métrages, d’expositions, d’œuvres sonores, de performances, d'émissions radiophoniques, de technologies vernaculaires et de livres.
Late Gestures, 2022
Vidéo numérique, couleur et noir et blanc, sonore
Durée : 25 min
Dans un célèbre texte critique, Du style tardif. Musique et littérature à contre-courant, Edward Said désigne le style tardif de certains compositeurs, écrivains et artistes comme constituant un espace de liberté créative détaché des conventions de leur temps et ouvrant sur de nouveaux horizons d'expression. Inspiré par ces réflexions, Late Gestures est un voyage à travers des séquences tirées de films, parfois oubliés, de la dernière période de grands cinéastes. Dans leur intempestivité prophétique, hors-temps et hors-cadre, les images se tournent vers de nouvelles possibilités pour le cinéma et pour la vie. Silvia Maglioni et Graeme Thomson nous invitent à explorer les âges des images en proposant un foisonnant montage de ces « gestes cinématographiques tardifs ». La vidéo est accompagnée d'un texte mural constitué d'une « image trouvée » : le carton titre du film de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Trop tȏt/trop tard. En écho aux images qui défilent à l’écran, cette phrase commence à résonner avec l'aspect intempestif du geste cinématographique qui témoigne d'un temps à la fois déjà révolu et à venir.
Jeroen van Loon
1985, Bois-le-Duc (Pays-Bas). Vit et travaille à Utrecht (Pays-Bas)
Formé au design des médias numériques et en arts médiatiques, Jeroen Van Loon explore artistiquement les rapports contemporains à la technologie, à travers la construction des identités sur les réseaux sociaux, les bouleversements de la société à l’arrivée d’Internet, les nouvelles réalités créées par la culture digitale ou la marchandisation des données génétiques. Il conserve toujours un regard critique et mesuré sur les innovations, son travail se basant lui-même sur une hybridation technique. Primé et exposé internationalement, ses interventions sur ces sujets dépassent le monde de l’art et créent des ponts avec les sciences et un public plus large, notamment dans le cadre de TEDx.
New Update Available, 2022
Film, vidéo numérique couleur, sonore
Durée : 11 min 30 s
Pendant deux ans, Jeroen van Loon visite des clubs informatiques seniors et enregistrent les discussions qui s’y déroulent. Les participants s’y réunissent pour apprendre les bases de l'utilisation d'un ordinateur et d'Internet, mais aussi pour socialiser et rester en contact les uns avec les autres. Collectivement, ils essayent de participer activement à une société qui repose de plus en plus sur les compétences informatiques. Ces réunions ont été suspendues par la crise pandémique, tandis que la dépendance numérique s’est encore accrue. New Update Available utilise les enregistrements originaux dans un récit futuriste sur la façon dont nous pourrions traiter l'analphabétisme numérique dans un avenir proche : en se connectant à un réseau de réalité virtuelle pour accéder à de tels cours d'informatique. Cet analphabétisme sera-t-il résolu avec une technologie meilleure, plus rapide ou plus high-tech, ou y aura-t-il toujours besoin de cours d'informatique ? Peut-être que dans vingt-cinq ans, l'artiste lui-même aura besoin d'un cours pour accéder à sa pension dans une crypto-monnaie au sein d'un réseau social en réalité virtuelle.
Artistes élèves de l’École des beaux-arts de Marseille
Les trois œuvres collectives suivantes sont réalisées par des artistes élèves de l’École des beaux-arts de Marseille retenu(e)s pour participer à cette exposition, venant de deux cours réunis à l’occasion de ce projet : « Photographie, une pratique de l’image » et « Intermèdes ». Les enseignant(e)s associé(e)s sont Max Armengaud, Pierre-Laurent Cassière, Sylvain Deleneuville, Lia Giraud et Julien Maire.
Tant encré.e.s pour tant de temps, 2022
Julie Amengual, Garance Loriot, Manon Monchaux, Evan Oddone
Installation, wallpaper, vidéo numérique couleur, sonore
Durée : 15 min
« Parce que le tatouage c’est notre histoire. ».(Anonyme)
Cette installation composée de photographies et d’enregistrements sonores réunit les témoignages de personnes tatouées d’âges divers et invite à une immersion dans des paysages de peaux et d’encres. Avant un premier tatouage, l’entourage s’alarme généralement de l’altération de son esthétisme au cours de l’existence, en s’inquiétant de l’irréversibilité déstabilisée par une obsolescence corporelle. Par un traitement macro ou micro de l’épiderme, les artistes investissent la matérialité de deux temporalités imbriquées : le développement inévitable des rides et l’évolution du tatouage choisi par les sujets. La vidéo d’une performance examinant la cicatrisation sur plusieurs semaines d’un tatouage réalisé par les artistes complète l’installation.
Lifer héritage, 2022
François Gouret, Montaine Jean, Clare Poolman, Jeanne Rocher, Etta Marthe Wunsch
Installation, objets 3D, édition, vidéos numériques couleur, sonore
Pièce Face Time : invitation et interview de l’artiste 7hgrl aka Liniya, les plans sont réalisés par l’artiste.
Banc : interview de Joël White, philosophe
Durée : 15-20 min env.
Second Life (SL) est une plateforme de jeu social connaissant son apogée en 2007. Un univers virtuel innovant permet de créer une île et de participer à une riche organisation sociale grâce à un avatar. Les usages touchent tant à une sociabilisation alternative et une introspection identitaire qu’à un dialogue économique et politique avec le monde réel. Lifer héritage est une exploration historique sur et dans SL : les artistes proposent un documentaire filmé par leurs avatars au sein d’une installation comprenant des témoignages audios et un environnement d’objets et éléments architecturaux matérialisés. Avant l’appropriation fluide d’une vie virtuelle par les plus jeunes avec VRChat, SL donne accès à une nouvelle dimension temporelle à toute une génération. Tandis que l’avatar offre une théorique jeunesse éternelle, le déclin de la plateforme incite à collecter des archives et à conserver les souvenirs attachés à de véritables « lieux de mémoire » virtuels. Les artistes investissent le maintien d’une mémoire vivante parmi les ruines, les destructions et les expériences vécues, en questionnant la constitution d’un nouveau type de souvenir. Pour la première fois avec cette génération de joueurs et joueuses, un souvenir d’une vie virtuelle est retenu et transmis comme le souvenir d’une vie « réelle ».
Mé mémé, 2022
Louna Boissaye, Garance Gambin, Monica Masucci, Jessica Prévot
Installation, vidéos numériques couleur, sonore
Durée : 35 min env.
« Avant qu’il ne soit trop tard, avant que ces mémoires disparaissent… » (Louna Boissaye, Garance Gambin, Monica Masucci, Jessica Prévot)
Le projet Mé mémé partage la mémoire de « nos anciennes ». L'installation témoigne de la valeur que ces femmes artistes accordent à leurs aînées. Ces parentes ont vécu, elles ont traversé et enduré le temps. Elles ont alors la force de l’expérience, celle que les plus jeunes n’ont pas encore, mais elles font aussi face à la fragilité de l’âge. Leur temps est désormais incertain. C’est ce contraste que cette œuvre met en exergue : retranscrire ce qui, dans leurs gestes tremblants, dans leur voix vacillante, dans leurs pas indécis, reflète la sagesse d’une vie. Par des performances et des enregistrements sonores et visuels des « mémés », l'installation ouvre trois fenêtres sur lesquelles défilent différentes traces de la vieillesse. Les projections tentent de retranscrire l’impact du temps qui passe. Comment ce dernier traverse-t-il la vie des femmes dites âgées ? Comment traversent-elles à leur tour notre temps ; c’est-à-dire, comment leur vécu, leur histoire influence la nôtre et celle qui nous reste à écrire ?
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis