La Terre
1939
La Terre
1939
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Sable et huile sur contreplaqué |
Medidas | 43 x 53 cm |
Adquisición | Don de Mme Rose Masson, 1966 |
Inventario | AM 4318 P |
Información detallada
Artista |
André Masson
(1896, France - 1987, France) |
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Título principal | La Terre |
Fecha de creación | 1939 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Sable et huile sur contreplaqué |
Medidas | 43 x 53 cm |
Inscripciones | S.D.B.G. : André Masson XXXIX |
Adquisición | Don de Mme Rose Masson, 1966 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 4318 P |
Análisis
Dans La Terre , le roman qu’il publie en 1887, Émile Zola dote les comportements humains de la fureur dionysiaque, de la fécondité de la nature. Un accouchement y devient un phénomène cosmique : « Par terre, Lise, entre ses trois chaises, était parcourue d’une houle qui lui descendait des flancs, sous la peau, pour aboutir, au fond des cuisses, en un élargissement continu des chairs. […] Les angles relevés des genoux, à droite et à gauche de la boule du ventre, […] creusaient une cavité ronde. » La terre, pour André Masson, est d’une nature plus tragique. Elle est le lieu de la métamorphose de la vie à la mort. Cette conception dialectique est le fruit d’une expérience vécue. Pendant la Première Guerre mondiale, Masson avait été frappé par la terrifiante symbiose de la terre et des hommes absorbés, littéralement, par la boue de leurs tranchées. Gravement blessé, le peintre avait été abandonné sur le champ de bataille, le temps d’une longue nuit. Au fond d’un trou d’obus, il avait dû lutter contre cette terre qui menaçait de l’engloutir. Pendant les années 1920, ses tableaux de « Forêts », dans lesquels apparaissent des cercueils jetés entre les courbes voluptueuses des sous-bois, illustrent encore cette polarité d’une terre, à la fois féconde et meurtrière.
Le regard de Masson, toujours, se porte vers la terre. À Tossa de Mar, au début des années 1930, il y voit, dans le combat des insectes, l’écho de la violence qui déchire l’Espagne toute entière. Pendant son exil américain, c’est la fertilité de la terre du Connecticut qui lui inspire des visions de germinations effrayantes, de véritables explosions génétiques. Comme les Terres érotiques dessinées deux ans avant elle, La Terre fusionne anatomie et paysage. L’érotisme, ici, se teinte de la couleur tragique du filet de sang qui s’écoule du sexe et du sein de la figure couchée. Au diapason d’un surréalisme qui réhabilite l’inventivité technique consécutive à son Premier Manifeste (1924), La Terre , par son dessin, renoue avec l’automatisme. Sa technique, elle aussi, renoue avec celle des peintures de sable que pratiquait Masson pendant les années 1920. À la demande de Jacques Lacan, propriétaire de L’Origine du monde de Courbet, Masson peindra, en 1955, une nouvelle métamorphose de nu et de paysage destinée, cette fois, à voiler l’image la plus érotique du maître du réalisme.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007