Le Faubourg de Collioure
[1905]
Le Faubourg de Collioure
[1905]
À Collioure dans l'été 1905, Matisse, l'ainé, et Derain, son cadet de dix ans, «turbinent sérieusement et de tout leur cœur », selon ce dernier.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 59,5 x 73,2 cm |
Adquisición | Achat, 1966 |
Inventario | AM 4367 P |
Información detallada
Artista |
André Derain
(1880, France - 1954, France) |
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Título principal | Le Faubourg de Collioure |
Título atribuido | Port de Collioure ; Vue de Collioure |
Fecha de creación | [1905] |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 59,5 x 73,2 cm |
Inscripciones | S.B.G. : a derain |
Adquisición | Achat, 1966 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 4367 P |
Análisis
Derain rejoint Matisse à Collioure entre le 3 et le 5 juillet 1905. Il va y demeurer presque deux mois (jusqu’au 31 août) pour une saison de travail qui se révèlera, à plus d’un titre, décisive pour chacun des deux amis (ils se connaissent depuis quelques années déjà). À Collioure, l’aîné et le cadet (Derain a dix ans de moins que Matisse, il est alors âgé de 25 ans) « turbinent », comme dit Derain, « sérieusement et de tout leur cœur », dans une atmosphère d’échange intense, de questionnement et de spéculation sur la couleur et la traduction de la lumière, sur la pratique du divisionnisme.
Derain en rapporte une trentaine de toiles, vingt dessins et une cinquantaine de croquis, Matisse seulement quinze toiles, mais quarante aquarelles et une centaine de dessins. Ce sont quelques-unes de ces œuvres qui, exposées au III e Salon d’automne (du 18 octobre au 25 novembre 1905) déclencheront le scandale de la salle des « Fauves », ainsi dénommée moqueusement par le journaliste Louis Vauxcelles.
Le Faubourg de Collioure (cat. rais., I, n° 74) représente la plage de Voramar. On reconnaît à droite la masse crénelée du Château royal. Les barques sont tirées sur le sable et les filets sèchent au premier plan, tandis que les pêcheurs s’activent dans l’espace sans ombres, comme sur les cartes postales et les documents de l’époque, retrouvés et publiés récemment par Joséphine Matamoros (Paris, 2005, op. cit.). La grande diagonale des barques, prolongée par leurs mâts rouges qui strient violemment l’espace, articule l’ensemble de la composition. Derain a quasiment abandonné la touche divisée héritée du néo-impressionnisme, que pratique encore Matisse à ses côtés. Il l’écrit d’ailleurs à Vlaminck le 28 juillet : « Il continue, mais moi, j’en suis complètement revenu et je ne l’emploie presque plus. […] C’est, en somme, un monde qui se détruit de lui-même quand on le pousse à l’absolu. » (Lettres à Vlaminck , Paris, 1994, op. cit. , p. 161). Ainsi ses couleurs, les plus vives, les plus chaudes possible, des rouges, des jaunes ocre contrebalancés par quelques verts, et des bleus, sont-elles posées en taches et aplats, non jointifs, sur une préparation d’un gris chaud, qui les soutient et les assourdit tout à la fois. Ce gris apparaît visiblement, comme une basse continue, derrière l’effervescence apparente des taches multicolores, et même derrière les blancs lumineux qui traduisent la mer, les vagues, l’écume, et les reflets du soleil animant toute la scène. Comme l’empreinte colorée de la mélancolie qui ne manque jamais de saisir Derain et de jeter l’ombre du doute sur ses plus grands élans. Le 5 août, il confie à Vlaminck : « Je me surmène la cervelle, et j’ai des résultats inférieurs aux résultats précédents. […] Je suis satisfait de la quantité, mais pas de la qualité. » (Lettres à Vlaminck, op. cit. , p. 165).
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007