Signes fauves

Isidore Isou est le fondateur du lettrisme. Dès 1946, il organise des conférences sur la poésie et la musique phonétiques. « Il s’agit de faire comprendre que les lettres ont une autre destination que les mots », déclare-t-il dans Le Manifeste de la poésie lettriste rédigé en 1942 et publié à la NRF, en 1947, sous le titre de Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique. Le poète roumain revendique une nouvelle esthétique ne devant plus se définir par rapport à l’art figuratif ou à l’art dit « abstrait », mais reposant sur la lettre et le signe graphique. Sous le terme de métagraphie, puis d’hypergraphie, dont il posera les fondements à partir de 1950, il explore alors les différentes facettes de cette nouvelle esthétique. Les Signes fauves détournent ici des signes et les transforment en écriture, la présentation leur donnant presque une véracité scientifique. Cette peinture hypergraphique ou « super-écriture » est remplie de dessins idéographiques, de signes proches du graffiti ou des glyphes égyptiens, et détient une cohérence formelle qui n’a aucune signification extra-picturale. En tant que théoricien, Isou publie en 1961 dans la revue Poésie nouvelle « Le lettrisme et l’hypergraphie dans la peinture et la sculpture contemporaines », et insiste sur le fait que « la forme lettriste doit être au moins considérée comme la troisième structure essentielle de l’art plastique, après le figuratif et l’abstrait ».

Fanny Drugeon

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007