Dolomit

Ulrich Rückriem est dans sa jeunesse tailleur de pierres, entre 1956 et 1959, avant de participer à la restauration de la cathédrale de Cologne, entre 1959 et 1961. Il achève sa formation à la Werkkunstschule de Cologne, sous l’autorité de Ludwig Gies. Après un long voyage qui le mène jusqu’en Afrique, il sculpte des bustes et des pierres tombales, s’autorisant alors à utiliser des matériaux aussi divers que le bois, l’acier ou le bronze. Mais son matériau de prédilection reste la pierre, plus précisément la dolomie (pierre des Dolomites), qui s’impose de manière presque exclusive dans son œuvre à partir de 1970. Occasionnellement, Rückriem se sert du dessin pour explorer, en écho à ses sculptures, le domaine des formes géométriques. Déterminante fut également la rencontre avec le minimalisme, en 1968, et particulièrement Carl Andre. Rückriem se concentre alors sur les formes dans leur aspect le plus élémentaire. Dolomit (1982) en est une illustration. Cette sculpture dont la découpe est démultipliée peut, selon sa disposition, former soit un mur, soit un contrefort. Certaines de ses parties sont polies, alors que d’autres sont laissées à l’état brut, rendant visibles les traces de l’intervention du sculpteur. Réminiscence des structures de l’architecture gothique, l’œuvre est aussi une réponse à l’exploitation systématique et rationnelle des formes et des matériaux par les artistes minimalistes.

François-René Martin

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007