Kaartenhuis (Château de cartes)

Initié au tournant des années 1980, l’art de Patrick van Caeckenbergh n’est pas sans évoquer les méthodes de classification et d’inventaire expérimentées dès son enfance dans la remise de bricolage paternelle. Living Box , boîte-maison précaire dans laquelle l’artiste a réellement vécu, inaugure la réflexion de Patrick van Caeckenberg qui endosse tour à tour les rôles du naturaliste, du collectionneur, de l’alchimiste et du bricoleur pour bâtir un œuvre à caractère autobiographique axé sur la connaissance du vivant et la relativité du savoir. L’environnement est une source d’information essentielle pour appréhender et traduire la complexité du monde en images. Un inventaire rigoureux, une classification minutieuse, et le processus d’assemblage et de transformation qui s’ensuit, sont à l’origine de sculptures et de collages. La structure pyramidale de Kaartenhuis présente des cartes à jouer sur trois de ses côtés et des tiroirs sur sa face arrière. Si chaque carte semble représenter une porte susceptible de révéler un espace intérieur et secret, chaque tiroir recèle des compilations d’images variées illustrant une forme de représentation du monde et un ordre de la connaissance (fragments de corps humains, d’animaux et de plantes). L’œuvre renvoie à la pyramide des espèces animales et végétales qui, pour survivre, se nourrissent les unes des autres selon un ordre bien établi. Développant un réseau de ramifications, d’analogies et d’hybridations, cette pièce exprime, comme la plupart des œuvres de l’artiste, la tentative de saisir la totalité de l’univers sous une forme unique.

Cristina Agostinelli

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007