Knotenstock
[1918]
Knotenstock
[1918]
« Mes plumes à dessin n'étaient que des brins de paille vides et inutiles dès lors qu'elles n'étaient pas mises au service du combat pour la liberté.» (Grosz)
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Encre de Chine sur papier |
Medidas | 35 x 27,8 cm |
Adquisición | Achat, 1966 |
Inventario | AM 3471 D |
Información detallada
Artista |
George Grosz (Georg Ehrenfried Gross, dit)
(1893, Allemagne - 1959, République fédérale d'Allemagne) |
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Título principal | Knotenstock |
Título atribuido | Canne de bois noueux |
Fecha de creación | [1918] |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Encre de Chine sur papier |
Medidas | 35 x 27,8 cm |
Inscripciones | Signé en bas à droite : Grosz. Titré en bas à gauche : Knotenstock |
Adquisición | Achat, 1966 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 3471 D |
Análisis
« La voix du peuple est la voix de Dieu » : cette expression résume le combat de George Grosz, dadaïste berlinois qui, en 1918, adhère au parti communiste et au groupe Novembre (Novembergruppe) avec John Heartfield et Wieland Herzfelde, voyage en Russie en 1922, devient président du groupe Rouge (Rote Gruppe), l’association des artistes communistes, en 1924, puis cofonde, en 1928, l’Association des artistes révolutionnaires d’Allemagne. Cet engagement va de pair avec une conception de l’art que Grosz résume dans son autobiographie, Un petit oui et un grand non (1955) : « Mon art devait être à la fois un fusil et un sabre ; mes plumes à dessin n’étaient que des brins de paille vides et inutiles dès lors qu’elles n’étaient pas mises au service du combat pour la liberté. » D’une plume « dure comme de l’acier », Grosz, surnommé « Propagandada » par le Club Dada, dresse le portrait d’un pays vaincu et tombé dans la misère, d’une société brisée et en perte de repères. En « observateur scientifiqueet-impartial », il passe au crible tous les milieux sociaux – politiciens, militaires, capitalistes, bourgeois et prolétaires –, les représentant sans pitié : ses dessins mettent en scène les ravages de l’alcool et de la solitude (comme dans Knotenstock), les déviances sexuelles et criminelles, etc. Leur réalisme cru, qui peut s’apparenter à celui de Hogarth, Bosch et Bruegel (références avouées de Grosz), se double d’une dimension satirique : les personnages que Grosz portraiture ont des faciès grimaçants, des visages diaboliques ou hybrides, mi-humains mi-animaux, comme c’est le cas dans Voix du peuple, voix de Dieu. Dans ce collage, les coupures de presse, qui accentuent les lignes de force de la composition, la rendent sonore : elles fonctionnent comme des bulles de bande dessinée. Le spectateur devient ainsi témoin des vociférations des uns et des autres, de cette « cacophonie de rumeurs en tout genre, de cris et de slogans politiques » qui caractérisait selon Grosz le Berlin d’après-guerre.
Le travail graphique de Grosz n’avait d’autre ambition que d’atteindre la population, d’où son intérêt pour les revues – il en cofonda plusieurs : Die Pleite, Jedermann sein eigener Fussball et Der Blutige Ernst. Une grande partie de ses dessins paraît aux Éditions Malik, dirigées par Wieland Herzfelde, mais aussi dans la presse de gauche. En les diffusant, Grosz s’expose sciemment aux réactions des autorités. Trois procès lui sont intentés et, par trois fois, il est condamné à une amende : pour offense à l’armée du Reich avec son recueil Gott mit uns (1920), pour outrage aux bonnes mœurs dans Ecce Homo (1924), pour blasphème envers l’Église dans Hintergrund (1927). En 1933, dans une lettre à son complice Herzfelde, Grosz mesurait avec justesse l’importance de son œuvre graphique : « Il ne fait aucun doute que mes feuillets sont ce qu’il y a de plus fortement exprimé contre cette brutalité allemande. Ils sont aujourd’hui plus vrais que jamais – et on les montrera ultérieurement, pardonnez-moi, dans des temps plus humains, tout comme l’on montre maintenant les feuillets de Goya. »
Isabelle Ewig
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008