Urgence
1992
Urgence
1992
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Gouache, aquarelle, fusain, pastel et craie sur papier |
Medidas | 74,3 x 52,8 cm |
Adquisición | Don de l'artiste, 1994 |
Inventario | AM 1994-252 |
Información detallada
Artista |
Jean-Michel Alberola
(1953, Algérie) |
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Título principal | Urgence |
Fecha de creación | 1992 |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Gouache, aquarelle, fusain, pastel et craie sur papier |
Medidas | 74,3 x 52,8 cm |
Inscripciones | Monogrammé et daté en bas à droite, à la craie : A. FECIT/1992 Annoté en haut à gauche : UR/GE/NC/E/ en haut, au milieu et à droite : CECI/C'EST/UN/GOUR-/DIN/TROUE en bas de gauche à droite : IL FAUT APPELER UN CHAT/UN CHAT |
Adquisición | Don de l'artiste, 1994 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1994-252 |
Análisis
La série Étudier le corps du Christ est réalisée par Jean-Michel Alberola entre 1985 et 1991, après un séjour prolongé à Naples. Il s’agit d’une étape décisive dans son œuvre : il passe d’une iconographie mythologique encore susceptible d’un traitement ironique et distant – même si la figure centrale en était le personnage d’Actéon, emblème de l’artiste, victime expiatoire métamorphosée en cerf et déchirée par ses propres chiens pour avoir entrevu la nudité de Diane – à celle de la tradition chrétienne, avec le thème majeur de la peinture occidentale qu’est la crucifixion. Majeur, douloureux et sans doute fondateur : de toutes les religions monothéistes, le catholicisme est la seule qui ait donné plein droit à l’image. Le dogme de l’incarnation, c’est-à-dire l’idée d’un consentement divin à l’incarcération du Verbe dans une prison de chair, justifiait que l’on représentât le corps du Christ, qu’on en donnât une image – des images –, et la crucifixion est si liée à l’histoire de la peinture que toutes les toiles du monde – les meilleures et les pires – semblent en porter d’une certaine façon le souvenir. Kounellis voyait les fentes pratiquées par Fontana dans ses monochromes comme autant d’évocations de la plaie béante au côté droit du corps du Christ, que Thomas, incrédule, vient toucher du doigt après la Résurrection. Dans le grand dessin d’Alberola du Musée, qui est de taille humaine, le sang qui s’écoule de la plaie, l’image du Christ sont traités comme résurgences d’une mémoire longtemps enfouie : en transparence, par imprégnation d’huile au dos du papier, ils paraissent surgir de la matière même. En 1898, le photographe italien Secondo Pia avait pareillement fait ressurgir, en développant un cliché du Saint-Suaire de Turin, une image du Christ que le temps avait effacée de la relique : d’où l’évocation du Suaire devant Étudier le corps du Christ – qui est au format d’un corps. Alberola n’est pas un peintre d’église, et son imagerie n’est bien entendu pas dictée par un programme théologique au sens strict du terme. Le corps du Christ vaut pour lui comme métaphore de la peinture (« dernière image, et en même temps […] première image possible », suggère Marie-Laure Bernadac dans le catalogue de l’exposition « Alberola » au Cabinet d’art graphique en 1993), mais également comme emblème de toutes les souffrances. La série Étudier le corps du Christ doit ainsi être vue également dans le cadre de la réflexion de l’artiste sur la question infiniment délicate posée par la représentation de l’Holocauste.
Nombre de travaux de Jean-Michel Alberola sont en relation directe avec l’iconographie de la Passion : la grossière massue hérissée de pointes qu’on voit en gros plan dans Urgence (1992) pourrait en être – comme le sont traditionnellement marteaux, clous et tenailles – l’instrument , mais un instrument ambigu, fortement sexualisé, quasiment tribal. Alberola se plaît à mêler les citations (les références à l’Afrique aussi bien qu’à l’histoire de l’art en Occident), de même qu’il mixe les emprunts aux médiums les plus classiques (le dessin au pastel, à la craie ou au fusain) et au cinéma et à la photographie. Son goût jamais démenti pour les figures parcellaires et fragmentées – l’impossibilité pour lui à figurer – évoque nécessairement l’absolu chef-d’œuvre de la peinture qu’est le Christ bafoué de Fra Angelico, aux murs de San Marco, à Florence.
Didier Semin
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliografía
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 466-467) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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