Jericho
1968 - 1969
Jericho
1968 - 1969
« La peinture est une révélation réelle et concrète qui peut être comprise par quiconque la regardera sans les lunettes nostalgiques de l'Histoire ». (Newman)
Jericho est l'une des deux œuvres triangulaires de Barnett Newman, qui remet ainsi en cause le format traditionnel de la peinture « sans se laisser piéger par la perspective». Un « zip » d'un rouge intense, légèrement décalé vers la droite, fend la hauteur d'un monochrome noir. Le titre qui évoque le passage de la Bible relatant la chute des murailles de Jéricho sous la clameur des trompettes du peuple d'Israël, confirme la puissance dramatique et le caractère sacré de cette œuvre radicale.
Ámbito | Peinture |
---|---|
Técnica | Acrylique sur toile |
Medidas | 268,5 x 286 cm |
Adquisición | Achat avec la participation de Basil et Elisa Goulandris, 1986 |
Inventario | AM 1986-272 |
Información detallada
Artista |
Barnett Newman
(1905, États-Unis - 1970, États-Unis) |
---|---|
Título principal | Jericho |
Fecha de creación | 1968 - 1969 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Acrylique sur toile |
Medidas | 268,5 x 286 cm |
Adquisición | Achat avec la participation de Basil et Elisa Goulandris, 1986 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1986-272 |
Análisis
L’idée d’une peinture triangulaire vient à Barnett Newman alors qu’il réalise sa seule sculpture, Broken Obelisk (1963-1967), composée d’une pyramide et d’un obélisque brisé confrontés en leur sommet, qui sera installée devant la chapelle Rothko à Houston. « Lorsque l’on découpait l’acier pour les quatre triangles qui forment la moitié pyramidale, […] je commençai », explique l’artiste en 1970, « à être intrigué par le triangle en tant que format possible pour la peinture. C’est à ce moment-là que je “vis” des tableaux sur d’immenses feuilles d’acier » (B. Newman, « Chartres and Jericho », Studio international , vol. 179, n o 919, février 1970, p. 65). Le triangle n’est en réalité pour Newman qu’un rectangle tronqué et répond à un double objectif : « faire un tableau sans se laisser piéger […] par la perspective », et ainsi « briser le format ». En 1968, il entreprend Jericho (cat. rais. n o 11), le premier de deux triangles, d’une hauteur hors normes de 2,69 mètres. Dans une composition réduite a minima , Newman peint un champ parfaitement noir, brutalement traversé par une bande verticale d’un rouge cadmium intense. L’extrémité gauche du zip coïncide avec l’axe de symétrie du triangle, et son déplacement vers la droite, très visible au sommet, devient imperceptible dans la partie inférieure. Le zip ainsi tracé impose au spectateur une vision de fuite, comme une vue en raccourci, d’une intensité rendue encore plus saisissante par la force de la couleur. Le titre Jericho , dont « l’explication va sans dire » pour l’artiste, fait allusion à la ville de la Bible, dont les murailles tombent dans le fracas des trompettes et des cris de guerre du peuple d’Israël. La forme triangulaire, stable, se scinde autour de la ligne de fracture marquée par le zip : « Un acte de division radicale […] crée une image, laquelle n’est pas seulement la répétition du geste originel de Dieu », commente Thomas Hess (cat. exp., Paris, 1972, op. cit. ). Jericho , dans sa simplification extrême, exprime la quête incessante de Newman vers « un art qui cherche à pénétrer le mystère du monde, qui touche au sublime […], au religieux. »
Bénédicte Ajac
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007