Ach Alma Manetro
février 1949
Información detallada
Artistas | Raymond Hains, Jacques Villeglé (Jacques Mahé de La Villeglé, dit) |
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Título principal | Ach Alma Manetro |
Fecha de creación | février 1949 |
Ámbito | Peinture | Collage |
Técnica | Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile |
Medidas | 58 x 256 cm |
Inscripciones | S.B.DR. : Hains / Villeglé |
Adquisición | Achat, 1987 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Contemporain |
Inventario | AM 1987-938 |
Análisis
Cette œuvre est la première affiche de Hains et Villeglé, réalisée en février 1949. Le titre Ach Alma Manetro provient des lettres que l’on peut lire sur les affiches, en une sorte de poème involontaire. Ici, il ne s’agit pas encore d’un décollage, puisque les morceaux ont été ramassés un à un et recollés ensemble – Hains pour la partie droite et Villeglé pour la partie gauche. Les artistes souhaitent alors réaliser une sorte de tapisserie qui soit un hommage à celle de Bayeux. Comme Hains le déclare, il agit ainsi en « inaction painter », puisque les auteurs sont également les passants. Il aurait pu photographier ces posters, mais il a préféré devenir le « Brassaï des affiches ». Son travail avec les affiches déchirées se poursuivra ensuite avec les vingt posters de « La France déchirée », réalisés de 1950 à 1961, en référence au conflit algérien, bien que Hains n’affirmera jamais la moindre position politique claire. Il cosignera trois autres affiches avec Villeglé : M , en 1949, et deux affiches de l’ensemble « La France déchirée », qui sera montré en 1961 à la Galerie J ( Et quand vous nous dites que Soviétique Patrie est notre plus juste histoire de lard , ainsi que L’Humanité c’est la vérité ). Ach Alma Manetro illustre également l’amitié indéfectible entre les deux artistes, qui s’étaient rencontrés en face d’un cinéma à Rennes, en 1945, avant de se retrouver par la suite à Paris.
Christine Macel
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
Análisis
Ach Alma Manetro est la première affiche de Hains et Villeglé, réalisée en février 1949. Son titre provient des lettres que l’on peut lire sur les affiches déchirées et qui forment une sorte de poème involontaire. Le résultat de cette longue mosaïque d’agglomérats de papiers, où se retrouvent les mêmes éléments chromatiques beiges, noirs, rouges, blancs, est une fresque peinte « éclatée ». Il ne s’agit pas encore d’un décollage, puisque les morceaux ont été ramassés un à un et recollés ensemble – Hains pour la partie droite et Villeglé pour la partie gauche, tous deux souhaitant alors réaliser une sorte de longue tapisserie qui soit un hommage à celle de Bayeux. Comme Hains le déclare, il agit ainsi en « inaction painter », puisque les auteurs sont également les passants. Il aurait pu photographier ces posters, mais il a préféré devenir le « Brassaï des affiches », un nouveau regardeur des données de la rue.
Son travail avec les affiches lacérées se poursuit avec les vingt posters de « La France déchirée », réalisés de 1950 à 1961, en référence au conflit algérien, bien que Hains n’affirme jamais de position politique explicite. Il a cosigné trois autres affiches avec Villeglé : M, en 1949, Et quand vous nous dites que Soviétique Patrie est notre plus juste histoire de lard, ainsi que L’Humanité c’est la vérité, de l’ensemble « La France déchirée », montré en 1961 à la Galerie J. Ach Alma Manetro illustre l’amitié indéfectible entre les deux artistes, qui s’étaient rencontrés en face d’un cinéma à Rennes, en 1945, avant de se retrouver par la suite à Paris.
« Quant à mon premier film abstrait, je l’ai commencé à Saint-Brieuc ; j’ai réalisé un petit film en couleurs (il y avait des tons lilas, du bleu, du vert) inspiré par les gouaches de René Creston sur des costumes bretons, reproduits dans un album de la Maison Le Minor de Pont-L’Abbé », déclare Raymond Hains dans un entretien non publié avec Bernard Blistène et Marc Bormand en 1999. Au début des années 1950, se trouvant en effet à Saint-Brieuc avec Jacques Villeglé, breton comme lui, il réalisa un film resté longtemps inachevé, qui prit naturellement le nom de Pénélope. Il avait eu l’idée d’utiliser des verres cannelés, découverts dans l’atelier de son grand-père, peintre en lettres, disposés en trames superposées devant l’objectif d’une caméra pour « éclater » le réel. Simultanément, il « éclatait », avec les mêmes verres cannelés, le poème Hépérile de Camille Bryen (1952).
Marqué, comme bien d’autres à cette époque, par les gouaches découpées de Matisse, Hains réalise pour son film toute une série de grands collages de papiers gouachés et découpés aux couleurs chatoyantes, constitués d’une mosaïque fortement rythmée et plus ou moins régulière d’éléments géométriques : il en éclate l’ordonnance en promenant devant eux, avec l’aide de Villeglé, l’objectif de son invention, doté de trois trames de verre cannelé, un dispositif appelé « hypnagogoscope » en référence à l’état hypnagogique de rêve éveillé, et dont il demeure un dessin de Villeglé daté de 1953. Hains crée ainsi un film qui semble reproduire des reflets colorés à la surface de l’eau, comme il le fit remarquer en filmant avec son ami Patrick Alton, près de quarante ans plus tard, ceux de la fontaine Stravinsky de Tinguely et Niki de Saint Phalle au pied du Centre Pompidou. L’ensemble de sept de ces grands papiers gouachés qui est maintenant dans la collection a été retrouvé par Jacques Villeglé dans son studio parisien, lors de la recherche préalable à la dernière grande exposition de Hains organisée de son vivant – « La tentative », au Centre Pompidou, en 2001 – et exposé pour la première fois à cette occasion.
Christine Macel
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008