Dr. Ordensburg Meesoldyr

Jonathan Meese s’est imposé comme l’un des protagonistes de la nouvelle scène allemande depuis sa participation, très remarquée, à la I re Biennale de Berlin, en 1998. Sa pratique artistique prolifique – performance, installation, photographie, sculpture, peinture… – se nourrit des éléments les plus disparates de notre société contemporaine et des mythes propres à la culture allemande. On y retrouve des références à Wagner, Nietzsche, Sade et Lautréamont, mais aussi à Balthus, Stanley Kubrick ou Claudia Schiffer. Depuis ses premières installations fondées sur l’investissement total de l’espace, il crée un univers polymorphe et fantastique où l’actualité des éléments représentés (coupures de presse, pochettes de disque, objets cultes, etc.) est confrontée à la réminiscence de personnages illustres. Dans ses installations, véritables lieux de dévotion, l’artiste se met aussi en scène, donnant forme à des tableaux vivants ou recouvrant les pièces de ses autoportraits. Portraits et autoportraits sont d’ailleurs les sujets principaux de ses tableaux initiés en 2000. Marqué par un style expressionniste, Dr. Ordensburg « Meesoldyr » est composé de figures stylisées, de textes et de portraits photographiques collés directement sur la toile. Une énergie fulgurante se dégage de ces motifs et matériaux divers. La peinture à l’huile, parfois appliquée directement au tube, d’un chromatisme violent, crée une matière picturale qui contribue à l’exagération des formes. Intense et radicale, évoquant une esthétique des extrêmes (horreur, violence, saturation formelle), la peinture de Meese est porteuse d’une force juvénile libératoire. L’artiste a transposé dans l’espace limité de cette toile toute la complexité et la ferveur de l’univers visionnaire de ses installations.

Cristina Agostinelli

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007