So I
1997
So I
1997
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Pigment rouge, vernis et mine graphite sur papiers découpés et assemblés |
Medidas | 145 x 209 cm |
Adquisición | Achat, 2001 |
Inventario | AM 2001-72 |
Información detallada
Artista |
Roni Horn
(1955, États-Unis) |
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Título principal | So I |
Fecha de creación | 1997 |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Pigment rouge, vernis et mine graphite sur papiers découpés et assemblés |
Medidas | 145 x 209 cm |
Inscripciones | Signé au crayon en bas à droite : Roni Horn / Titré et daté au crayon en bas à gauche : So I 1997 |
Adquisición | Achat, 2001 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 2001-72 |
Análisis
Des « Pigment Drawings » : c’est ainsi que Roni Horn nomme ses œuvres sur papier réalisées avec du pigment pur, dont les bâtonnets de poudre, rectilignes ou curvilignes, sont consolidés, fixés sur le support avec du vernis. Plus que des dessins, ce sont des constructions qu’agence l’artiste sculpteur : elle découpe dans cette première planche de papier des bandes régulières, ou des formes géométriques plus complexes, puis les joint bord à bord avec d’autres fragments de papier vierge, prélevés à la lame du rasoir. Épinglé au mur en attendant que s’impose l’agencement définitif, ce dispositif de juxtaposition et d’assemblage d’éléments éclatés s’approche de celui des installations sculpturales que Roni Horn élabore à la même date – ainsi How Dickinson Stayed Home (1993), composition de vingt-sept objets cubiques portant des lettres de l’alphabet : « Même occupation de l’espace, même souci des rapports entre les différents éléments, même précision de leurs emplacements à l’intérieur d’un cadre déterminé par les bords de la feuille. » (J. Storsve)
La composition, dont l’efficacité tient à la concision des effets, est tout à la fois visuelle, sonore et tactile. Visuelle, par sa picturalité : la trace du pigment, essentiellement rouge, depuis les années 1990 (les douze dessins de la série So ), et par la constellation des graphismes linéaires, réels et virtuels, qui se jouent des lacérations et de l’intrusion des plans purement blancs. Sonore, par l’impact vocal des brisées de lettres, des griffures de mots dispersés comme dans une sorte de poème syntaxique éclaté. Tactile enfin, par la forte présence physique, quasi éruptive, de l’épaisse matière du pigment minéral : les Pigment Drawings appellent à une appréhension haptique, contrairement aux « dessins photographiques » réalisés plus récemment à partir de photographies découpées en fines lanières.
Démembrement, dislocation des relations, réagencement d’une unité perdue, tentative de cohésion d’une identité pulvérisée : c’est là le rythme du dessin sans image de Roni Horn – fracturation économe et concise du temps et de l’espace. Sorte d’architecture extra-plate construite dans l’épaisseur du plan, le Pigment Drawing est œuvre de déplacement perpétuel. Il est ainsi pour l’artiste un acte d’affirmation d’un lieu autre, par lequel elle-même se construit : « Je ne suis pas le lieu où je suis, mais j’influe sur le lieu où je suis, ma présence modifie son identité » , et vice versa. Autrement dit : « Le dessin est un acte de conscience. La nature ne dessine pas, mais le dessin peut être de la géographie » . Chiffres, traits, mots, figures, trous, lignes du rasoir constituent les phénomènes – minimaux, fragiles – de ces cartographies à géométrie variable.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008