Mechanischer Kopf (Tête mécanique)
[1919]
Mechanischer Kopf
(Tête mécanique)
[1919]
«Je voulais dévoiler l'esprit de notre temps, esprit de chacun dans son état rudimentaire.»
Réduisant l'individu à des séries de chiffres, cette tête fait la critique d'une mécanisation néfaste révélée par la Grande guerre. Elle constitue aussi l'annonce d'un homme nouveau, rationnel et impersonnel en phase avec la société moderne. Antibourgeois et corrosif, Raoul Hausmann rejette-il le présent ou se projette-il dans l'avenir?
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions | Assemblage |
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Técnica | Marotte de coiffeur en bois et divers objets fixés dessus : gobelet télescopique, un étui en cuir, tuyau de pipe, carton blanc portant le chiffre 22, un morceau de mètre de couturière, un double décimètre, rouage de montre, un rouleau de caractère d'imprimerie |
Medidas | 32,5 x 21 x 20 cm |
Adquisición | Achat, 1974 |
Inventario | AM 1974-6 |
Información detallada
Artista |
Raoul Hausmann
(1886, Autriche - 1971, France) |
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Título principal | Mechanischer Kopf (Tête mécanique) |
Título atribuido | Der Geist unserer Zeit (L'esprit de notre temps) |
Fecha de creación | [1919] |
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions | Assemblage |
Técnica | Marotte de coiffeur en bois et divers objets fixés dessus : gobelet télescopique, un étui en cuir, tuyau de pipe, carton blanc portant le chiffre 22, un morceau de mètre de couturière, un double décimètre, rouage de montre, un rouleau de caractère d'imprimerie |
Medidas | 32,5 x 21 x 20 cm |
Inscripciones | MO. coté droit : RH |
Adquisición | Achat, 1974 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1974-6 |
Análisis
Cette tête muette, pièce centrale de la collection dada du Musée, conserve tout son mystère. Nous connaissons cependant son histoire. Après sa séparation, en 1922, d’avec Hannah Höch, Hausmann la lui a laissée mais celle-ci, lasse de s’en occuper, la restitue à l’artiste en 1966. Nous savons aussi qu’à sa demande (lettre du 11 juin 1932), Höch répare la tête en vue d’une prise de vue pour Cahiers d’art. En la comparant à sa première publication dans la revue de Van Doesburg, Mécano II (1922), on note que la vis de réglage dans le bas de la pièce a été déplacée et la timbale redressée. En revanche, la date exacte de sa réalisation reste incertaine. Ne figurant ni à la célèbre Dadamesse de l’été 1920, ni aux expositions du Novembergruppe, aucun indice ne vient confirmer que la tête ait bien été réalisée trois ans avant sa première publication. Selon les recherches récentes, une date entre 1920 et 1921 semble plus probable. L’incertitude porte aussi sur le titre. Tant que la tête appartient à Höch, elle est présentée comme une simple Sculpture , une Sculpture dadaïste , une Tête mécanique ou encore une simple Tête (dans Dada, cat. exp., Musée national d’art moderne, 1966). C’est à la suite d’un texte intitulé « L’esprit du temps, 1919 », publié par Haussmann, en 1967, dans le catalogue de sa rétrospective au Moderna Museet de Stockholm, que le titre définitif et la date de 1919 sont adoptés. Il y écrit en effet avoir « découvert que les gens n’ont pas de caractère et que leur visage n’est qu’une image faite par le coiffeur. Je voulais, précise-t-il, dévoiler l’esprit de notre temps, l’esprit de chacun dans son état rudimentaire. » Il en décrit alors les éléments constitutifs : la tête en bois est couronnée d’une timbale pliable, ornée à l’arrière d’un porte-monnaie et d’un écrin à bijoux à la place de l’oreille droite. Un cylindre typographique et un tuyau de pipe se trouvent à l’intérieur, une règle graduée en bois, surmontée d’une pièce en bronze prélevée sur un vieil appareil photographique, est accrochée à droite. Enfin, un morceau de mètre de couturière et un petit carton blanc portant le chiffre 22 sont collés sur le front, car, comme l’affirme Haussmann, « l’esprit de notre temps n’avait qu’une signification numérique ». Cette mythification ultérieure d’un objet dada, antibourgeois et corrosif, contraste avec l’interprétation plus historique, insistant sur l’enthousiasme dada pour l’art des machines de Tatline et sur la recherche de l’homme nouveau, ainsi que sur la découverte des Manichini (mannequins) de Carrà et de De Chirico, qui inspirent aussi Grosz. Rejet du présent ou projection d’un avenir ? La tête affiche son ambiguïté.
Angela Lampe
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007