Troglodytes
1956
Troglodytes
1956
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Gouache sur papier chiffon |
Medidas | 63 x 50 cm |
Adquisición | Dation, 1993 |
Inventario | AM 1993-43 |
Información detallada
Artista |
Maria Helena Vieira da Silva
(1908, Portugal - 1992, France) |
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Título principal | Troglodytes |
Fecha de creación | 1956 |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Gouache sur papier chiffon |
Medidas | 63 x 50 cm |
Inscripciones | Signé et daté en bas à droite : Vieira da Silva 56 |
Adquisición | Dation, 1993 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1993-43 |
Análisis
À l’orée des années 1950, si la peinture apparaît comme un médium de prédilection pour Maria-Elena Vieira da Silva, la gouache n’en revêt pas moins une importance que l’artiste a toujours revendiquée, goûtant particulièrement la fluidité et la matité de cette matière sensuelle, aux contrastes atténués. Elle lui permet aussi de tenir compte des menues aspérités et des bords irréguliers des papiers confectionnés à la main qu’elle affectionne. Si le choix des thèmes et le degré de finition peuvent être communs aux peintures et aux gouaches, ces dernières, par leurs formats intimes, apparaissent comme l’expression privilégiée d’une rêverie des lieux propres à l’artiste, où le motif de la fragmentation spatiale est systématiquement sollicité. Proche d’une autre gouache de la même année, nommée La Ville pariétale, Troglodyte, qui porte aussi le titre Les Vieux Murs, présente un agglomérat de formes allusives – possibles fenestrons, portes miniatures, moellons peut-être –, en une structure pavimenteuse où dominent les bleus, les roses et les jaunes transparents, rappelant les azulejos de sa terre portugaise.
Si l’œuvre a souvent trait aux villes, dont les gares, les ports ou les ponts l’ont retenue à maintes reprises (s’y mêlent des souvenirs de Lisbonne, quittée en 1928, et une connaissance intime de Paris), les sites non urbains apparaissent moins fréquents.. Dans l’année 1960, Vieira da Silva entreprend cependant plusieurs œuvres liées au cycle des saisons et à des paysages naturels, jamais dessinées sur le motif mais passées au filtre de la mémoire et du temps. La Colline, qui est stylistiquement proche de peintures de la même année, telles Chemin perdu ou La Cascade, apparaît comme un paysage mental, qu’organise et anime une courbe abstraite, forme archétypale venant s’enraciner dans un fond neutre. Au sein d’un camaïeu gris-bleuâtre, des touches violettes, roses et bleues parsèment les pentes de ce monticule onirique.
Privilégiée dans l’œuvre graphique de Vieira da Silva, la gouache est loin, toutefois, d’en détenir l’exclusivité. Depuis les années 1930, l’encre, dont elle apprécie la facilité d’usage et la rapidité, est régulièrement utilisée pour des œuvres plus intimes et spontanées. L’Autre Bibliothèque de René Char (1967), malgré ses petites dimensions, compte parmi les encres les plus fortes du fonds du Musée. À plusieurs reprises, Vieira da Silva a illustré les poèmes de René Char, qu’elle a rencontré en 1956, moment où naît une amitié profonde entre le poète français et le peintre d’origine portugaise. En 1961 paraît L’Inclémence lointaine, recueil de poèmes de Char illustré de vingt-cinq gravures au burin de Vieira. C’est peut-être le souvenir de ses travaux sans couleurs qui l’incita à n’user que de la seule encre noire pour cet hommage. Son titre s’explique sans doute par l’existence d’un dessin très proche, mais moins abouti, sur le même sujet. Récurrent chez Vieira da Silva, le thème de la bibliothèque, havre de paix où se présentent par milliers les livres accolés, coïncide avec son goût pour les espaces cloisonnés à l’infini. Tel un rayonnage miniature, la feuille enserre sur trois étages plusieurs des principaux recueils du poète, comme Les Matinaux, Recherche de la base et du sommet et Le Marteau sans maître (qui est le titre du second dessin). Le Musée conserve une autre trace des relations fructueuses entre les deux amis, sous la forme d’un possible projet de page de titre ou de couverture pour leur dernière collaboration : Sept portraits, édités en 1976, où l’artiste interroge en lithographies noires le visage du poète, tandis que ce dernier célèbre sa « Chère voisine, multiple et une… »
Christian Briend
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008