Peinture
04 mars 1933
Peinture
04 mars 1933
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 146 x 114 cm |
Adquisición | Dation Pierre Matisse, 1991 |
Inventario | AM 1991-302 |
Información detallada
Artista |
Joan Miró
(1893, Espagne - 1983, Espagne) |
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Título principal | Peinture |
Título atribuido | Composition |
Fecha de creación | 04 mars 1933 |
Lugar de realización | Oeuvre réalisée à Barcelone |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 146 x 114 cm |
Inscripciones | S.D.R.H.G. : Joan Miró. / 4.3.33. |
Adquisición | Dation Pierre Matisse, 1991 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1991-302 |
Análisis
Cette grande toile (cat. rais. II, n o 416) est l’une des dix-huit « Peintures » exécutées, en une série planifiée, dans son atelier du passatge del Crèdit à Barcelone, du début mars à la mi-juin 1933. Par celui qui avait déclaré, en 1928, vouloir « assassiner la peinture », – et effectivement, depuis 1929, l’essentiel de ses recherches consistait en expérimentations de collages, d’assemblages de matériaux pauvres, ou en amalgames de textures diverses, ou encore en exercices picturaux qui possédaient la rage du « graffiti » –, voici le défi relevé par un retour triomphal, presque jubilatoire tant l’exécution de la série est rapide, aux moyens seuls de la peinture. S’y manifeste un langage plastique neuf et maîtrisé : une sorte d’alphabet de signes géants se déploie tout au long des dix-huit grands panneaux muraux : des « formes-mères » géantes, des concrétions osseuses biomorphiques, organiques, ni figuratives ni abstraites, tour à tour d’une précision extrême et en gestation, diurnes et nocturnes, inertes et vivantes, flottent dans des espaces cosmiques, brassés de multiples irisations colorées de terre ou d’air. Leur pouvoir de suggestion est total, tout à la fois visuel, sonore et poétique, comme le sera le message d’espoir donné par Miró, en 1940-1941, par la série des vingt-trois « Constellations », peintes à Varengeville et à Palma de Majorque. Il a valeur, pour lui qui avait déjà déclaré en 1928 que la « peinture est en décadence depuis l’âge des cavernes », d’une « vertu » universelle retrouvée : « Seul l’art anonyme m’intéresse, celui qui surgit de la masse inconsciente », avance-t-il au journal espagnol Ahora , en 1931.
À l’origine de ce magistral travail de « concentration plastique » (J. Dupin), il y a, comme toujours chez Miró, nécessité de partir de données concrètes d’objets réels, et un travail de maturation mené dans un état de type hallucinatoire. Il part de collages d’objets manufacturés, découpés dans des journaux – appareils de précision, outils, armes, ustensiles quotidiens –, qu’il dispose, avec un souci de mise en scène quasi chorégraphique, sur l’espace de feuilles de même format. Ce ne sera qu’une fois cette étrange panoplie de « patrons » accomplie, affichée et alignée sur les murs de l’atelier, une fois ces dispositifs traduits dans son esprit en termes d’organismes vivants non identifiables, et capables d’établir entre eux des liens rythmiques, qu’il se mettra à peindre. Le collage du 27-28 janvier (FJM 1290) de la Peinture du Musée, exécutée le 4 mars (elle est la deuxième de la série) réunit deux fragments minuscules, représentant des machines optiques : loin d’en déduire un dispositif abstrait de formes mécanisées, Miró met à jour ces deux grandes configurations archétypales noires et blanches, qui semblent entamer entre elles une scène d’attraction / répulsion, à résonance sexuelle.
Ni abstraction ni surréalisme, donc, dans cette peinture, qui manifeste la position résolument indépendante, et ambiguë, de Miró au début des années 1930 : alors qu’il refuse de se joindre au groupe Abstraction-Création, créé par Arp et Mondrian, il participe, en juin 1933, aussi bien à l’« Exposition surréaliste » de Pierre Colle, qu’à l’exposition, galerie Pierre, des œuvres abstraites de Arp, Calder, Hélion, Pevsner et Seligmann.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007