Echo-Ecco

L’œuvre de François Bouillon, graphique ou sculpté, ne se rattache à aucun mouvement mais trouve des antécédents dans l’art conceptuel et l’Arte povera. Echo-Ecco, réalisée pour l’exposition de l’artiste au Mnam en 1984, est construite sur un principe binaire reposant sur l’opposition et la symétrie. L’élément conique en cuivre martelé, Echo, est éclairé de manière à ce que le reflet créé monte vers le mot Ecco , inscrit en plumes sur un mur, tandis qu’un trait de fusain marque l’ombre du cône au sol. Comme l’écrit Guy Tosatto, l’ombre est « la manifestation par excellence de l’immatériel, du fugitif, face au concret et à la permanence » ; elle révèle un autre monde, une présence magique, identique à celle des cultes ancestraux. La lumière, elle, crée un contact immatériel entre ombre et reflet, révèle la communication invisible, la conciliation et non la contradiction, pourtant apparente, entre les deux éléments matériels visibles. Comme souvent chez l’artiste, le langage intervient pour activer le principe choisi : ce que l’œuvre suggère, le titre le révèle. Ce qui est nommé est ce qui est rendu visible par les éléments matériels qui ne sont que prétextes, ou « instruments » de ce principe. Echo devient, aux dires de l’artiste, un « passage, à travers les plumes, de l’ombre à la lumière », assimilé au reflet qui, dépendant de son origine, le son ou la lumière, en procure la résonance. Le mot Ecco marque, quant à lui, la distance de la transmission et les interférences que celle-ci engendre. La connexion immatérielle créée par l’onde est ainsi rendue ludique par le jeu de mots du titre. L’œuvre de François Bouillon peut être perçue comme une métaphore de la perception et de ses mécanismes, sur un mode aussi poétique qu’esthétique.

PERSON - Agathe Dupont

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007