Acht Liniengruppen um Weiss (Huit groupes de lignes autour du blanc)

Peintre, sculpteur, architecte et graphiste, Max Bill est l’un des grands représentants du groupe Art Concret suisse, reconstitué en 1944. Après des études à l’École des Arts appliqués de Zurich, de 1924 à 1927, il rejoint le Bauhaus entre 1927 et 1929, où il est l’élève de Kandinsky, Moholy-Nagy, Albers et Klee. En 1930, il devient architecte à Zurich et adhère, en 1932, au groupe Abstraction-Création. C’est en 1935 qu’il crée ses premières œuvres systématiques, en particulier Ruban sans fin, achevé en 1953. Au début des années 1940, il développe une recherche fondée sur la transposition formelle de lois mathématiques ou géométriques en insistant sur le développement spatial de concepts et de relations mathématiques, comme les différentes décompositions du carré et autres structures géométriques. Refusant toute improvisation, son principe est de contrôler méthodiquement toutes les données matérielles de la création. La couleur est traitée objectivement comme une variable optique et non pour son pouvoir d’évocation subjective. Max Bill utilise fréquemment les quatre couleurs de base, jaune, bleu, vert et rouge, dont il fait varier les intensités (Champ de quatre groupes clairs, 1963) ou les confrontations (Champ de quatre couleurs s’interpénétrant, 1966). Après avoir approfondi toutes les possibilités des compositions en damier, Bill a continué sa recherche d’organisation spatiale à partir du damier, suivant l’exemple de Klee, et du carré sur la pointe inscrit dans un autre carré, à l’exemple de Mondrian. Il exploite sa « méthode des variations » (Maurice Besset) pour en accentuer le dynamisme par des jeux de diagonales et d’obliques croisées. Huit groupes de lignes autour du blanc est fondé sur une structure de quatre doubles lignes obliques de couleur, constituant un carré sur la pointe, inscrit dans le carré blanc de la toile, coupé de deux doubles diagonales qui, en se croisant, divisent le carré central en quatre petits carrés. L’espace de la toile est ainsi quadrillé de 32 segments égaux, chacune des huit couleurs partant du noyau central étant répétée quatre fois. Montrée pour la première fois à la galerie Denise René, lors d’une exposition monographique en 1971 (« Max Bill », 22 juin-fin juillet 1971), cette œuvre est caractéristique du système d’organisation homogène de l’espace par lequel Max Bill exprime son credo de la symétrie et de la régularité.

Nathalie Ernoult

Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007