Sans titre
1959
Información detallada
Artista |
Erró (Gudmundur Gudmundsson, dit)
(1932, Islande) |
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Título principal | Sans titre |
Fecha de creación | 1959 |
Ámbito | Dessin | Collage |
Técnica | Illustrations de magazines découpées et collées sur carton |
Medidas | 32 x 24,5 cm |
Inscripciones | Signé et daté en bas à droite : ERRO 1959 |
Adquisición | Achat, 1990 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1990-53 |
Análisis
D’origine islandaise, Erró (pseudonyme de Gudmundur Gudmundsson) voyage avant de s’installer en France en 1958, année où il réalise ses premiers collages. Fabriqués à partir de magazines découpés, ces assemblages lui permettent de réconcilier son intérêt pour l’art classique et médiéval italien, et l’héritage surréaliste qu’il trouve à Paris. Grâce à son ami Jean-Jacques Lebel, il rencontre André Breton, découvre le travail de Max Ernst, travaille dans l’atelier de Roberto Matta – qui l’initie au dessin, et fait préfacer sa première exposition en 1959 par Alain Jouffroy. Les collages constituent l’essentiel de son travail jusqu’en 1963 et un voyage à New York. À partir de cette date, ils seront repris, grâce au procédé de l’épiscope, en peintures de grand format. L’accumulation de motifs héritée de ces premiers travaux de collage, la simplification des contours, l’efficacité du langage visuel de la bande dessinée et du dessin animé seront la signature d’Erró au sein de la Figuration narrative, qui s’impose en France dans les années 1960.
Fasciné par les dépôts d’images, Erró travaille à partir de magazines vendus au kilo dans un déstockage rue Maître-Albert, qu’il croise avec les illustrations de la revue L’Usine nouvelle, relatives à des moteurs et à des constructions industrielles. Ce qu’il appelle lui-même son « obsession mécanique » est loin d’être seulement formelle. Hérités du vocabulaire Dada du début des années 1920, dont il reprend et la picturalité des assemblages de papier (Kurt Schwitters) et les implications politiques et sociales, ses assem-blages mixent l’homme et la machine, qu’ils retranscrivent littéralement – puisqu’y est respectée et même soulignée l’hétérogénéité de chaque univers. Le collage Sans titre (1959) en offre un bel exemple, version pop faisant écho, quelque trente ans après, aux têtes mécaniques de Raoul Hausmann et de George Grosz que possède le Musée : un séduisant visage féminin s’y trouve coiffé – ou plutôt perforé, énucléé – par des éléments mécaniques ; avaleur d’une batterie de chaussettes, le voilà transformé en monstre-robot. Ironie sarcastique d’Erró : l’attrait des objets clinquants est parasité par la vulgarité des attributs peu attirants de la panoplie vestimentaire masculine, grossièrement colorés. Au tournant des années 1950 et 1960, Erró dénonce tout autant la mécanisation de la vie quotidienne, les stéréotypes véhiculés par la publicité, l’instrumentalisation du regard, que l’armement nucléaire.
Camille Morineau
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008