Espace ouvert
1967
Espace ouvert
1967
Ámbito | Sculpture |
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Técnica | Peinture acrylique sur bois, métal peint, fils de Nylon |
Medidas | 157 x 207 x 28,5 cm |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1967. Attribution au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle , 1976 |
Inventario | AM 1976-1020 |
Información detallada
Artista |
Jesús Rafael Soto
(1923, Venezuela - 2005, France) |
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Título principal | Espace ouvert |
Fecha de creación | 1967 |
Ámbito | Sculpture |
Técnica | Peinture acrylique sur bois, métal peint, fils de Nylon |
Medidas | 157 x 207 x 28,5 cm |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1967. Attribution au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle , 1976 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Contemporain |
Inventario | AM 1976-1020 |
Análisis
En octobre 1965 s’ouvre à Londres, à la Signals Gallery de Paul Keeler, la plus importante rétrospective dont Soto ait bénéficié jusqu’alors en Europe.
Intitulée « The Achievements of J. R. Soto 1950-1965 : 15 Years of Vibrations », celle-ci fait pour la première fois le point sur le parcours de l’artiste, en présentant côte à côte ses premières œuvres parisiennes et sa toute dernière série, un ensemble de Vibrations (parmi lesquelles Vibration jaune) constituées de fonds striés et de tiges de métal suspendues à l’horizontale à l’aide de fils de Nylon. En plein triomphe mondial de l’Op Art, elle suscite un très large intérêt du public et de la presse. Pour la première fois aussi, l’occasion est donnée à Soto de s’expliquer lui-même, dans un long dialogue avec Guy Brett qui sera publié dans le catalogue.
C’est que, depuis 1962, après une expérimentation de cinq ans sur les Vibrations réalisées à partir de fils de fer tire-bouchonnés ou d’objets trouvés, Soto a choisi de revenir à des compositions épurées associant des éléments d’une grande simplicité formelle. Ainsi, en 1961, tandis qu’il poursuit la réalisation de ses Leños viejos, il expérimente pour la première fois la suspension, au bout d’un fil de Nylon, d’une simple aiguille ou d’un morceau de ficelle devant un fond strié.
C’est en 1963 qu’apparaissent les premières tiges métalliques disposées à l’horizontale au bout de leur fil de Nylon. D’abord peu nombreuses, elles se multiplient au fur et à mesure que les œuvres s’agrandissent. Ce sont pour Soto des objets neutres, « les moins décoratifs», selon ses propres mots1, donc susceptibles de concentrer l’attention sur le phénomène optique qui transforme, par la vibration, la matière en énergie. « Mes œuvres gardent leur distance, explique Soto à Guy Brett. La vibration n’est pas ressentie comme quelque chose de tangible, comme quelque chose qui implique le corps ; elle est purement optique, sans substance physique. Les éléments que j’utilise, je les utilise seulement pour faire venir à la réalité un monde abstrait de relations pures, qui a une existence différente du monde des choses2. »
Cette réorientation de son travail a donc pour l’artiste un fondement théorique. C’est la nature universelle de la vibration qu’il s’agit de démontrer ; or, pour lui, cette démonstration est sans portée si elle continue à dépendre de la diversité des objets interrogés.
S’expliquant ensuite à maintes reprises sur cette évolution fondamentale, Soto rappellera que son œuvre ne peut être comprise que si elle est regardée en parallèle avec l’évolution de la science, qui a intégré la notion d’espace-temps dans sa problématique. C’est cette même notion que l’art moderne se doit de faire sienne. Les œuvres d’art sont les instruments les plus à même de nous faire percevoir une réalité à l’intérieur de laquelle nous vivons, sans y penser.
L’élaboration de ces nouvelles Vibrations, qui débute en 1963, est donc entreprise dans cet objectif. Mais si certaines se simplifient, jusqu’à ne comporter qu’un fond entièrement strié devant lequel oscillent une ou plusieurs baguettes, d’autres, comme Vibration jaune, ont une organisation différente. Elles juxtaposent, de haut en bas, une surface monochrome – ici un jaune très lumineux – et une zone au fond strié en noir et blanc, devant lequel sont suspendues des baguettes métalliques également peintes en jaune. La vibration, démultipliée par le mouvement libre des baguettes et le déplacement du spectateur, a pour contrepoint la stase lumineuse de la surface monochrome située au plan supérieur.
Dans Espace ouvert (1967), c’est un processus différent qui est en jeu, puisqu’une surface monochrome blanche occupe la plus grande partie du tableau. La zone striée, réduite à son coin gauche, focalise toutefois l’attention, car là se concentre la vibration provoquée par le mouvement des tiges. Partant de ce coin, une onde semble se propager à la surface de l’œuvre avant de s’apaiser dans la zone monochrome, devenue un pur espace opposant son étendue calme à l’agitation localisée de la partie striée.
Ainsi que l’écrit Guy Brett, « chaque Soto contient un petit drame de dématérialisation continuellement rejoué à l’intérieur d’une situation visuelle parfaitement équilibrée, mais néanmoins suffisamment flexible pour permettre l’intrusion de nombreux, subtils et inattendus contre-courants3. » Plus simplement, dans ses échanges avec Guy Brett, Soto dit : « Je ne vois plus les vagues mais la répétition derrière les vagues – bleues, grises, vertes. Mais ce qui se produit quand vous voyez l’œuvre est que vous découvrez la Nature en elle. On n’invente rien dans les arts plastiques – tout ce qu’on fait est de démontrer l’existence des choses4. »
Jean-Paul Ameline
Notes :
1. « J’utilise les éléments qui semblent être les plus purs et les moins décoratifs car je veux que cette transformation se produise en parfait équilibre » (« Dialogue : J. R. Soto & Guy Brett », Soto at Signals London, numéro spécial de Signals [Londres], vol. 1, no 10, novembre-décembre 1965, p. 13). [Notre traduction].
2. Ibid.
3. Guy Brett, « Pure Relations », Soto at Signals London, ibid., p. 20.
4. « Dialogue : J. R. Soto & Guy Brett », art. cité, p. 13.
Source :
Extrait du catalogue Soto, Collection du Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2013
Bibliografía
Paris du monde entier : Artistes étrangers à Paris 1900-2005 (Exposition organisée par le Centre Pompidou) : Tokyo, The National Art Center, 7 février-7 mai 2007. - Tokyo/Paris : Asahi Shimbun/Centre Georges Pompidou, 2007 (sous la dir. de Jean-Paul Ameline) (cat. n° 122, cit et reprod. coul. p. 137)
Jesus Rafael Soto dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne : Paris, Centre Pompidou, Galerie du Musée, 27 février-20 mai 2013.- Paris: Centre Pompidou, 2013 (cat. n° 10, cit. p. 61, 112, 118, repr. coul. p. 60) . N° isbn 978-2894426-594-4
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