Untitled
1960
Untitled
1960
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Gouache sur papier |
Medidas | 65,2 x 50 cm |
Adquisición | Achat, 1984 |
Inventario | AM 1984-274 |
Información detallada
Artista |
Sam Francis
(1923, États-Unis - 1994, États-Unis) |
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Título principal | Untitled |
Título antiguo | Work on paper |
Fecha de creación | 1960 |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Gouache sur papier |
Medidas | 65,2 x 50 cm |
Adquisición | Achat, 1984 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1984-274 |
Análisis
Dès ses débuts, Sam Francis a privilégié la technique de la peinture sur papier. Utilisé d’abord pour sa commodité au cours d’une longue hospitalisation, le papier est ensuite resté un support récurrent dans son travail pictural. La production graphique, loin d’être un lieu d’élaboration des tableaux, forme une partie autonome, un « monde miniature » aussi important que ses toiles, en quantité et en qualité. Elle représente un besoin constant pour cet artiste voyageur, une « recherche en intimité et en intensité plutôt qu’en taille ».
Après huit années passées à Paris, Sam Francis traverse en 1960 une période d’instabilité et de grande activité. Il voyage beaucoup, passant d’un atelier à l’autre, entre le Japon, le Mexique, les États-Unis et Paris. Ce tournant marquera ses recherches artistiques. À cette époque, la couleur bleue devient omniprésente. Cette obsession pour l’« adorable bleuité » de Hölderlin rappelle les vers de Mallarmé : « Je suis hanté. L’Azur ! L’Azur ! L’Azur ! L’Azur ! ». De format en format, c’est la même peinture qui se poursuit, et des structures récurrentes se dégagent.
Dans cette gouache de 1960, une forme bleue évoque un personnage en mouvement, dansant. L’année suivante, le motif anthropomorphe, extrêmement rare dans son travail, se retrouve dans les dessins à l’encre faits à l’hôpital. Leurs figures insaisissables évoluent vers la série capitale des Blue Balls (1960-1963), noyaux denses, virevoltants, suggérant par leurs formes cellulaires une plongée à l’intérieur du corps.
L’influence des Nus bleus de Matisse, que lui avait fait découvrir son ami Georges Duthuit et qui viennent d’être présentés en 1959 à la Kunsthalle de Berne, est ici prégnante. Mais, contrairement aux papiers gouachés découpés, les formes de Sam Francis refusent la solidité de l’aplat. La gouache, d’un bleu éclatant et profond, paraît se dilater, animée d’un mouvement centrifuge. « Systole et diastole, effondrement douloureux et expansion joyeuse : tel est le rythme de cette œuvre », avance Pierre Schneider à propos des Blue Balls. Une même vitalité dionysiaque se manifeste ici : la peinture du flux chez Sam Francis renvoie par équivalence à la théorie des éléments. Pour Yves Michaud, « de l’élément air et du nuage, il est maintenant passé à l’eau ; dans les années 80 il abordera le feu et la terre ». La fluidité des formes naît des passages et de l’inversion entre figure et fond. Le blanc de la réserve, couleur synonyme de bonheur et de paix, possède sa propre puissance constructive. « Ce qui est important dans ces peintures n’est pas ce qui est peint mais ce qui n’est pas peint. Le blanc est même plus important que le bleu. Le blanc est conscient, le bleu, inconscient », affirme Sam Francis. La place essentielle qu’il accorde à la réserve dans la composition témoigne de l’influence de ses voyages au Japon. Marqué par le bouddhisme zen, il s’est approprié les notions de vide et de plein de la peinture asiatique à l’encre. La réaction immédiate du support papier à la couleur diluée lui permet d’atteindre l’enjeu fondamental de sa recherche. Grâce à la rapidité d’exécution, l’image prise dans un double mouvement d’expansion et de concentration, semble saisie au vol, en pleine métamorphose.
Ariane Coulondre
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
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