Frame of Mind (Etat d'esprit)

Frame of Mind témoigne de l’engagement d’Alfredo Jaar en faveur d’un autre traitement de l’image journalistique et de sa volonté d’étendre le champ de la photographie et de sa réception. Cette œuvre s’intègre à un ensemble comprenant trois autres installations : Gold in the Morning , présentée à la Biennale de Venise en 1986, Welcome to the (Third) World , datant de la même année, et Rushes , visible à la station de métro Spring Street à New York, entre décembre 1986 et janvier 1987. Ces projets dévoilent plusieurs photographies issues d’un même reportage, réalisé en 1985, sur l’exploitation minière de la région de Serra Pelada au Brésil. L’enjeu de Frame of Mind réside dans un nouveau rapport au visuel construit sur la contrainte du regard. Cette œuvre, composée de cinq photographies montées sur autant de caissons lumineux faisant face à un assemblage linéaire de plusieurs miroirs encadrés placés contre un mur, n’offre aucune possibilité de perception globale des photographies. Les images des mineurs ne sont visibles que partiellement, via les reflets des miroirs. Le spectateur est donc obligé de se déplacer pour tenter de compléter leur vision. Frame of Mind met ici en évidence la dualité du miroir, à la fois obstacle et révélateur d’un contenu visuel. Livrées par fragments, ces images invitent le spectateur à se concentrer sur des points de détails dont la force lui aurait probablement échappé dans le contexte d’une image pleine et entière. Rendus plus percutants, ils sont autant d’incitations à la réflexion. Frame of Mind trouve des prolongements dans 1+1+1 , installation réalisée à la Documenta 8 de Cassel (1987), et dans Frame of Mind, Coyote ! (1988), établissant ainsi Alfredo Jaar comme un artiste postmoderne. C.T.

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007