Julius Eastman
Moviment
Biographie
Combattant l’invisibilisation des cultures minoritaires en même temps que les discriminations raciales et sexuelles, Julius Eastman (1940-1990), artiste à l’esprit indépendant et combatif, s’affirmait « noir au maximum, musicien au maximum, homosexuel au maximum ».
Membre éminent de la scène new-yorkaise en tant que compositeur, chef d’orchestre, chanteur, pianiste et chorégraphe, Julius Eastman a également joué au Lincoln Center avec Pierre Boulez et la Philharmonie de New York, et a enregistré un album de disco expérimental avec le producteur Arthur Russell.
« Eastman est en quelque sorte une figure culte parmi les compositeurs et les chanteurs », lit-on dans un communiqué de presse de 1980. Pionnier du courant minimaliste, il fait en effet partie des premiers compositeurs à associer des éléments de musique pop à la musique minimaliste.
Il tombe dans l’oubli à sa mort en 1990 après sept années de « martyr volontaire », entre prises de psychotropes et errances dans des foyers pour sans-abri. Un grand nombre de ses partitions disparaissent avec lui.
Sa musique est restée en sommeil pendant des décennies jusqu’à ce que Unjust Malaise, un ensemble de trois CD de ses compositions, ne soit publié́ en 2005 par New World Records. Depuis le début des années 2010, son œuvre est redécouverte et suscite un intérêt croissant, notamment grâce au travail de la compositrice Mary Jane Leach.
Une nouvelle attention est aujourd’hui portée à la musique et à la vie d’Eastman, ponctuée notamment par la découverte de nouveaux enregistrements et manuscrits, la publication du livre Gay Guerrilla par Renée Levine Packer et Mary Jane Leach (traduit en français en 2022, Éditions 1989, Paris), et un intérêt contemporain de la part des artistes, musiciens, chorégraphes, universitaires et journalistes.
« La musique effrontée et brillante de Julius Eastman (…) retient l’attention : sauvage, grandiose, délirante, démoniaque, une personnalité incontrôlable surgissant dans le son », écrit Alex Ross pour The New Yorker.
L’œuvre de Julius Eastman est aujourd’hui représentée par l’éditeur G. Schirmer.
Dans la programmation
Gerard & Kelly
Gay Guerrilla, 2023
Danse, Arts plastiques Installation, performances
Gay Guerrilla (2023) explore l'héritage du compositeur afro-américain queer Julius Eastman (1940-1990) à travers la danse, la musique et l’architecture. En canalisant la voix singulière d'Eastman, le duo Gerard & Kelly étend sa pratique imbriquant abstraction et politique dans une installation animée par une série de performances conçues spécifiquement pour la galerie 3 du Centre Pompidou.
Eastman a infusé la passion de l'engagement politique à son expérimentalisme musical, et s’affirmait « noir au maximum, musicien au maximum, homosexuel au maximum ». L'installation de Gerard & Kelly réimagine la galerie 3 comme une discothèque minimaliste comprenant un ensemble de nouvelles sculptures en néon et inspirées de boules à facettes, ainsi que des monotypes sur papier.
Écrit par Eastman dix ans après les émeutes de Stonewall, Gay Guerrilla (1979) appelle les interprètes et les auditeurs à rejoindre la cause de la libération queer. Gerard & Kelly créent une nouvelle performance, également intitulée Gay Guerrilla, avec la collaboration des musiciens américains des ensembles Wild Up et AMOC*, le chanteur d'opéra Davóne Tines, la performeuse Soa de Muse, ainsi que des danseurs et danseuses du ballet de l'Opéra national de Paris, dont les étoiles Guillaume Diop et Germain Louvet.
Avec Samuel Akins✢, Soa de Muse, Guillaume Diop✢, Conor Hanick✳, Coleman Itzkoff✳, Awa Joannais✢, Germain Louvet✢, Enzo Saugar✢, Adam Tendler, Davóne Tines✳, Richard Valitutto, Seth Parker Woods
✢ du Ballet de l'Opéra national de Paris
✳ Membre fondateur de AMOC*
Installation en continu
Performances jeudi 29 juin, vendredi 30 juin, samedi 1er juillet 2023
Rencontre avec Gerard & Kelly et les artistes, vendredi 30 juin 2023
Diffusion de la performance en live, samedi 1er juillet 2023 à 19h
Conception et chorégraphie : Gerard & Kelly
Musique : Julius Eastman
Prelude to The Holy Presence of Joan d’Arc (1981) ; Gay Guerrilla (1979)
Mise en espace : Gerard & Kelly en collaboration avec Simon de Dreuille
Assistante chorégraphique : Julia Eichten*
Costumes : Camille Assaf
Maquilleuse : Yumiko Oka
Coiffeuse/maquilleuse : Nadeen Mateky
Lumières : David Debrinay
Production : Vincent Brou
Régisseuse : Camille Laut
Doublures : Augustin Cimbault et Marlon Thiebaux-Amaranthe
Assistantes costumes : Ida Maité Hahn et Lelie de Mercey
Habilleur : Clément Bourgis
Assistant de production : Pierre Tanguy-Cottin
En partenariat avec l’Opéra national de Paris
Production : & Compagnie
Coproduction : Centre Pompidou ; Festival d’Aix-en-Provence avec le soutien d’enoa et du programme Europe créative de l’Union européenne ; AMOC* (American Modern Opera Company)
Résidences : CN D Centre national de la danse (Pantin) ; Yamaha Artists Services (New York)
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France et Adidas Paris
Avec la participation du Centre LGBTQI+ Paris Île-de-France
Musique reproduite avec l’autorisation de G. Schirmer, Inc.
Courtesy Marian Goodman Gallery
Remerciements : Alexis Néons, Régie Pianos, Harlequin Europe, Bastien Mairet, Félix Touzalin, UY Studio et PERSTA
Anaïs Ngbanzo, A different score, 2023
Musique Projection
Pendant plus de deux ans, Anaïs Ngbanzo vit au milieu des archives et des notes du compositeur et pianiste Julius Eastman (1940-1990) pour publier en France l'ouvrage Gay Guerrilla: Julius Eastman and His Music coécrit par Renée Levine Packer et Mary Jane Leach (Gay Guerrilla : L’histoire de Julius Eastman, Paris, Éditions 1989, 2022).
En mars 2022, elle collabore avec le compositeur britannique Devonté Hynes (fondateur de Blood Orange) pour que soit jouée, lors de deux soirées, la musique d’Eastman à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, à l’invitation de Cyrus Goberville.
Conçu comme une mosaïque complexe faites d’images d’archives, d’entretiens et de performances live, A different score, le documentaire qu'elle réalise ensuite dresse le portrait de ce compositeur encore méconnu en France.
Projection en avant-première, vendredi 30 juin 2023