Kandinsky. Le pionnier de l’art abstrait

Vassily Kandinsky est entré dans l’histoire de l’art comme le fondateur de la peinture abstraite. Si cette paternité est aujourd’hui relativisée, on ne cesse de mesurer son apport déterminant à l’idée d’un art « autonome », libéré de toute référence au monde extérieur.

L’artiste vient à la peinture à l’âge de trente ans. En 1896, le jeune russe choisit de se former à Munich, alors le centre d’un renouveau artistique (le Jugendstil), qui explore un formalisme ornemental. Dans son célèbre traité Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, Kandinsky appelle de ses vœux un bouleversement profond qui, par la destruction des formes imitatives de la nature, engage une dimension spirituelle, réponse vitale au matérialisme bourgeois du 19^e siècle.

En mai 1912, avec son ami Franz Marc, il donne à son projet esthétique une forme étonnamment contemporaine : la publication de l’almanach du Cavalier bleu qui défend l’idée d’un art universel au-delà des frontières et des disciplines. L’éclatement de la Grande Guerre met un terme à cette effervescence munichoise. Kandinsky doit regagner son pays natal, où il contribue à restructurer la vie artistique de la Russie révolutionnaire jusqu’à ce que le fondateur du Bauhaus, l’architecte Walter Gropius, l’invite à rejoindre en Allemagne la fameuse école d’art de Weimar. La fermeture de l’institution par le régime nazi en 1933 contraint Kandinsky de nouveau à l’exil, cette fois-ci à Paris, où il reste jusqu’à la fin de sa vie.

Cette rétrospective présente la vie de Kandinsky à travers cinq chapitres, complétés par un prologue mettant en lumière pour la première fois les œuvres chinoises et japonaises que l’artiste gardait auprès de lui. Une sélection des revues d’art qui appartenaient au peintre révèle à quel point l’art chinois, notamment les bronzes anciens, étaient présent dans son imaginaire durant ses dernières années à Paris. Ainsi l’exposition est-elle l’occasion d’une collaboration exceptionnelle avec le musée de Shanghai qui consent le prêt de cinq objets anciens en bronze.

Le projet scénographique de la rétrospective est conçu autour d’une pièce centrale : la reconstruction d’un Salon de réception réalisée par Kandinsky en 1922 pour la Juryfreie Kunstausstellung à Berlin. Cette œuvre monumentale, présentée pour la première fois en Asie, offre aux visiteurs la sensation d’évoluer à l’intérieur même d’un tableau de l’artiste. La rétrospective, qui inclut également une salle de documentation richement illustrée, permet ainsi au public chinois de découvrir l’un des artistes les plus essentiels de l’histoire de l’art occidental.