Proyección y encuentro
Hera Büyüktaşcıyan
26 oct 2023
El evento ha terminado
Dans ses œuvres in situ, sculptures, dessins et films, Hera Büyüktaşcıyan (née en 1984 à Istanbul) explore les relations contradictoires entre absence et existence, son et silence, effacement et résistance, retraçant des histoires troublées ancrées dans des divisions territoriales et des ruptures historiques. Ses films récents exhument fragments d’architecture et strates urbaines, confinant à une certaine poétique de l’espace.
Ayant rarement montré son travail en France, l’artiste présente un cycle de films et une performance inédite Dream of a Falling Star, suivis d’une conversation avec la curatrice Hajra Haider Karrar.
Neither on the Ground, nor in the Sky (2019) – inspiré par la représentation de la « Perruche Alexandre » (psittacula eupatria) provenant d’un fragment de sol en mosaïque hellénistique (160-150 BC), conservé à Berlin au Pergamon museum – révèle la mémoire topographique de Pergame et les cycles d'effacement qui en découlent. Originaire du Penjab au Pakistan, offrande prisée du temps d’Alexandre le Grand, l’oiseau se déplace tout au long du film comme une entité spectrale reliant les territoires terrestres et imaginaires à des récits invisibles ou contestés et des cycles répétés. Le titre de l’œuvre renvoie à un quartier adjacent de l’ancienne ville de Pergame, où certaines maisons sont construites sur un pont comme suspendues dans le vide, entre ciel et terre. La figure de la perruche résonne avec l’état de ce quartier par sa situation liminale entre des paysages, des lignes temporelles et des histoires passées et présentes. L’oiseau revient là où tout a commencé, sous la forme d’une représentation d’argile et agit comme un guide naviguant entre les ruines de l’ancienne ville d’Asie Mineure et de l’actuelle Bergama, dans la province d’Izmir.
Dans Infinite Nectar (2020), une main de marbre fragmentée vient effleurer des collages architecturaux au cours d’une déambulation à travers les bâtiments abandonnés de l’héritage sikh de Lahore. Ayant résisté historiquement aux changements de pouvoirs, aux cycles de transformations urbaines et traumatismes, ces lieux portent les stigmates de la Partition de 1947 au Pakistan. La main, à la présence énigmatique, est une métonymie de Maharani Jindan Kaur, dernière impératrice de l’empire sikh et figure féminine révolutionnaire, qui retourne à son lieu d'origine et parcourt la ville comme un fantôme qui rappelle l'invisible. La pièce évoque le mouvement cyclique du temps, de la mémoire et de la présence humaine dans ces palimpsestes spatiaux.
Dans The Labyrinth of the World, Paradise of the Heart (2022), Büyüktaşcıyan relie les mondes souterrain et aérien, excavant les sites de la station d’épuration de Bubeneč et les bains publics de Prague. En référence à l’œuvre allégorique de Jan Amos Comenius, philosophe, pédagogue et théologien tchèque du 17e siècle, elle explore dans cette œuvre-palimpseste la charge métaphorique de la station d’épuration, construite autour des notions de pureté et de contamination culturelle. Au sein des séquences en stop motion, des perles de verre serpentent entre les cavités de ces espaces aquatiques et réverbèrent des traces distillées d’appropriation culturelle à travers un continuum historique que restitue le film. Convoquant des représentations orientalistes de l’altérité, l’artiste fait émerger certaines tensions entre corps et surface, ornement et pouvoir, caractéristiques du passé colonial de Prague, au seuil de temporalités multiples et d’imaginaires communautaires.
The Dream of a Falling Star (2023) dérive d’un rêve tiré de la mémoire d’un expatrié de Livissi, dans l’ancienne province lycienne au sud-ouest de la Turquie. Pensée pour le Centre Pompidou, cette lecture-performance sillonne les méandres de Livissi, restée une ville abandonnée depuis La Grande Catastrophe de 1922, et les exils de masses qui ont suivi, comme à travers les lignes temporelles d’anciens rêves, constellations, corps pétrifiés et voix ressuscitées. Le rêve, espace de révélation de soi et lieu de résurgence d’histoires occultées, déploie le silence de pierre d’un passé turbulent incarné par des vagues oniriques.
La séance est suivie d’une conversation avec l’artiste et écrivaine, Hajra Haider Karrar, Senior Curator à SAVVY Contemporary (Berlin), et Marie Siguier, attachée de conservation, service de la création contemporaine et de la prospective, Mnam-Cci.
Films projetés :
Neither on the Ground, nor in the Sky (2019, 10,07 min) avec le soutien de l’ifa – Galerie Berlin (Institut für Auslandsbeziehungen) et l’association SAHA pour le soutien de l’art contemporain en Turquie.
Infinite Nectar (2020, 10,53 min), produite dans le cadre de la 2e Biennale de Lahore 2020 en collaboration avec Hajra Haider Karrar et avec le soutien de SAHA Association Supporting Contemporary Art From Turkey, National Collage of Arts Lahore et LUMS Gurmani Center for Languages and Literature.
The Labyrinth of the World, Paradise of the Heart (2022, 17,16 min) produit dans le cadre de Matter of Art Biennale, Prague 2022.
The Dream of a Falling Star (2023, lecture-performance.)
Quando
19:00 - 21:00
En raison d'un mouvement social, l'événement est annulé.
Dónde
Hera Büyüktaşcıyan, Infinite Nectar, 2020
© Hera Büyüktaşcıya