Au-delà de Yahoo, le net, les marchands, les frontières

Ce qu'il faut bien appeler l'affaire Yahoo a porté à leur paroxysme, des contradictions qui sont au coeur même de la toile et qui divisent tous les protagonistes du net. D'un côté, un portail américain "sans haine et sans âme", soucieux seulement de "prélever sa dîme sur la revente d'objets nazis", de l'autre, la République et ses lois qui interdisent ce genre de pratiques.

Hormis les difficultés techniques, l'affaire serait donc simple si au-delà du "cynisme satisfait" de Yahoo, ce n'était pas la grande utopie fondatrice du net qui se trouvait menacée : l'existence d'un espace sans frontière autorisant une communication sans contrainte. En ce sens, les contempteurs de Yahoo seraient des apprentis sorciers qui prendraient le risque de voir des dictatures s'appuyer sur un tel précédent pour bâillonner leurs opposants.

Cependant, cette apparente obstination à vendre des insignes nazis ne repose pas que sur l'appât du gain, mais sur une certaine conception de la liberté d'expression fondée sur le vénérable premier amendement de la Constitution américaine. Il existe, on le sait, en France et aux USA, des conceptions divergentes sur des points non-négligeables de ce qu'est la démocratie. L'internationalisme apparent de la toile est-il une manière de trancher, au profit du plus puissant, cette discussion ?

Dernière minute : Yahoo décide d'interdire la vente d'insignes nazis sur tous ses sites. Le sens d'un recul ? Un succès pour le droit français ? L'occasion pour les internautes de renouveler leurs réflexions ?