Cine / video
Through the Large Glass
Suivi d’une rencontre avec Bethan Huws
27 nov 2016
El evento ha terminado
« Deux mètres cinquante de haut, la peinture est constituée de deux grandes plaques de verre. J’ai commencé à travailler dessus en 1915 mais elle n’était pas achevée en 1923, quand je l’abandonnai dans l’état où elle est aujourd’hui. Pendant tout le temps où je la peignais, j’écrivis un grand nombre de notes qui devaient former le complément de l’expérience visuelle, comme un guide. » Marcel Duchamp.
Communément appelée « Le Grand Verre », La Mariée mise à nu par ses célibataires, même est sans conteste l’une des productions les plus significatives dans la carrière de Marcel Duchamp. Élaborée sur une période de huit années (1915-1923) et volontairement inachevée, cette œuvre a influencé toute une génération d’artistes au tournant des années soixante. Filmée dans la salle dédiée à Marcel Duchamp du Philadelphia Museum of Art, la performance Hannah Wilke Through the Large Glass de l’artiste américaine Hannah Wilke constitue une critique de la représentation de la femme à travers l’histoire de l’art et la culture populaire. Se moquant des codes et des postures véhiculés par la mode, Wilke dévoile son corps devant l’objectif d’une caméra placée de l’autre côté du « Grand Verre » renforçant ainsi la dimension voyeuriste d’une œuvre au titre évocateur. Document de cette performance marquante, Philly (1977) constitue en quelque sorte un making-of d’une œuvre conçue elle-même à l’occasion du tournage du documentaire allemand Befragung der Freiheitsstatue C'est La Vie Rose (1977) de Hans-Christof Stenzel. Réalisé à l’occasion de l’exposition Art by Telephone organisée à l’Art Institute of Chicago en 1969, Slow Motion de Robert Morris offre un prolongement à l’œuvre de Duchamp. Chorégraphiée à distance par l’artiste, cette performance explore les propriétés du ralenti et du cadrage tout en formulant une analogie entre la transparence de la vitre avec laquelle le performeur interagit de manière répétitive, la surface de l’image et celle de l’écran. Si pour Slow Motion la réactivation de l’œuvre relève d’une approche d’ordre conceptuel, par la reprise des éléments constitutifs d’une œuvre (transparence, répétition, charge érotique, temps arrêté...) et leur traduction à travers un autre médium (cadrage, ralenti, chorégraphie, corps du performeur, projection...), Robert Morris convoque littéralement Olympia de Claude Manet, exposée pour la première fois au salon de Paris en 1865, dans sa performance Site réalisée au mois de mars 1964 au Surplus Dance Theater à New York. Enregistrée par le cinéaste Stan Vanderbeek cette pièce de l’artiste vient déconstruire l’espace de représentation et questionner la position du regardeur. Alors que sur la scène un performeur s’active à déplacer hors-champ de lourds panneaux de contreplaqué, un corps féminin nu (celui de l’artiste Carolee Schneemann), reprenant la pose de l’Olympia, apparaît dans la profondeur d’un espace de représentation dont l’artiste cherche à démontrer la nature artificielle et illusionniste. A l’opposé de ces stratégies déployées par Robert Morris, le cinéaste américain Gabriel Abrantes confronte l’œuvre emblématique du sculpteur Roumain Constantin Brancusi, Princesse X, à la fictionnalisation de sa propre genèse. Absurde et décalé, A Brief History of Princess X (2016) formule l’hypothèse d’une exposition à travers la narration d’un récit où s’entremêlent volontairement l’histoire de l’art et l’anecdote. Pastiche du film sur l’art ou renouveau du genre, le film d'Abrantes partage avec The Chocolate Bar (2004) de l’artiste galloise Bethan Huws un sens du comique de situation. Elaboré sur un jeu de mots que l’artiste décide d’instituer en principe narratif, The Chocolate Bar renvoie à cette absurdité du langage opérante dans toute l’œuvre de Marcel Duchamp. Bethan Huws poursuit avec Fountain (2009), à première vu un film sur les fontaines de Rome, son investigation d’un héritage duchampien dont la fameuse citation ce sont les regardeurs qui font les tableaux semble avoir bouleversé le destin de l’art.
Bethan Huws en conversation avec Mathieu Copeland, Enrico Camporesi, Jonathan Pouthier
Marcel Duchamp, Anémic Cinéma, 1925, 16mm, nb, sil., 7min
Hannah Wilke, Philly, 1977, vidéo, nb, son, 32min
Robert Morris, Slow Motion, 1969, 16mm, nb, sil., 16.50min
Stan Vanderbeek, Site, 1964, 16mm, nb, sil., 6 min
Gabriel Abrantes, A Brief History of Princess X, 2016, vidéo, coul, son, 7.15min
Bethan Huws, The Chocolate Bar, 2004, 35mm (sur HD Cam), nb, son, 4.30min
Bethan Huws, Fountain, 2009, 16mm (sur HD Cam), coul, son, 7.30min
Bethan Huws (1961, Royaume-Uni) est une artiste galloise, qui vit et travaille entre Berlin et Paris. Son œuvre explore les champs du « ready-made », de l’installation et de la vidéo. Elle a notamment remporté en 2006 le prix B.A.C.A Europe, décerné par le Bonnefantenmuseum à Maastricht. Elle a exposé ses œuvres à la Tate Modern (Londres), à la Kunsthalle de Berne, au Centre Pompidou (Paris) ou encore à la Biennale de Venise.
Remerciements : Bethan Huws, Lux (Londres), Light Cone (Paris), EAI (New York).
Quando
16:00 - 18:00