Debate / Encuentro
Où va le cinéma ?
Cinéma et politique. Grand témoin, Jacques Rancière
05 dic 2009
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Rencontre Pedro Costa avec Tariq Teguia et Jacques Rancière.
Pedro Costa
On a découvert le cinéma de Pedro Costa avec son premier film, Le Sang, splendide rêverie cinéphile évoquant aussi bien certains Fritz Lang que La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Depuis, de Casa de lava à En avant jeunesse, l'ombrageux cinéaste portugais a donné régulièrement de ses nouvelles et de celles de son pays. A première vue, le cinéma de Costa partage quelques données avec celui d'Elia Suleiman, autre invité d'Où va le cinéma ? Les deux ont le goût des plans fixes et de la contemplation, les deux sont politiques en partant de questions formelles et en évitant les dénonciations au premier degré. Les deux ont aussi à voir avec les fantômes : fantôme d'un Etat non advenu et d'un peuple nié chez Suleiman, dimension spectrale (évoquant parfois les zombies de Jacques Tourneur) d'une population précarisée et repoussée dans les marges de la société chez Costa. Mais là s'arrêtent les analogies. Si l'on pourrait parler d'une dimension graphique de l'esthétique de Suleiman, elle serait plutôt de l'ordre du pictural chez Costa. L'humour les sépare aussi, omniprésent chez le Palestinien, quasiment absent chez le "Lispoète", deux façons radicalement différentes de se tenir avec une caméra au seuil des tragédies engendrées par des politiques cyniques. (...).
S. Kaganski
Tariq Teguia
En seulement deux longs métrages autoproduits avec des bouts de ficelle (ce qui lui donne aussi le "luxe" de pouvoir retourner ses films entièrement s'il le juge nécessaire), l'exigeant Tariq Teguia (il est né en 1966 à Alger) s'est imposé comme l'un des plus grands artistes cinématographiques de sa génération, l'un des plus sensibles à notre époque.
Influencé par tout ce qui se fait de plus moderne dans le cinéma et l'image depuis les années 60, de Michelangelo Antonioni à Gus Van Sant en passant par les plus grands photographes et écrivains américains, cet universitaire et photographe de formation semble habité, dans la vie comme dans son cinéma, par le thème de l'errance, par les voyages, les récits initiatiques, les roadmovies désespérés, les rencontres improbables, l'ouverture sur tous les possibles. Rome plutôt que vous (Grand Prix du Festival de Belfort en 2007, présenté à la Mostra de Venise 2006 dans la section Orizzonti) décrivait une spirale et une ronde infernales à travers les rues verticales et étouffantes d'Alger, celle d'un couple qui cherche un asile, la voie d'un exil nécessaire, l'échappée belle. Tandis qu'Inland (présenté en compétition à la Mostra de Venise 2008) prenait la forme d'un parcours apeuré, mutique et horizontal aux confins du désert, là où la lumière et le sable fusionnent, où un géomètre algérois et une femme noire immigrée se perdent à jamais parce que c'est la seule liberté qu'il leur reste. (...) Tariq Teguia (...) utilise la réalité et les arts populaires de son temps (la peinture et la musique) pour filmer de plain-pied le coeur de la cité, ses soubresauts, ses contradictions insolubles, ses paralysies indépassables, mais aussi la vitalité et la jeunesse qui la parcourent, l'agitent et la réveillent.
J. B. Morain
Rencontre Pedro Costa avec Tariq Teguia et Jacques Rancière.
Modérateur Serge Kaganski (les Inrockuptibles)
Quando
Desde 17:30