Debate / Encuentro
Aimer
10 - 13 nov 2004
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L'amour en Chine, l'amour en Perse, l'amour chez les Lapons, l'amour à Rome, l'amour au Moyen Age, l'amour aujourd'hui ; ce qui a changé, ce qui va changer, ce qui n'a pas changé, ce qui ne changera pas... La variété presque infinie des formes à travers lesquelles s'incarne le sentiment amoureux a, semble t-il, cessé d'étonner. Mais il est évidemment plus dérangeant de s'interroger sur le caractère historique de l'amour lui-même, de se risquer à une généalogie de nos émois.
"L'amour en Chine, l'amour en Perse, l'amour chez les Lapons, l'amour à Rome, l'amour au Moyen Age, l'amour aujourd'hui ; ce qui a changé, ce qui va changer, ce qui n'a pas changé, ce qui ne changera pas"... La variété presque infinie des formes à travers lesquelles s'incarne le sentiment amoureux a jadis profondément troublé ceux qui l'ont observé ; ils en ont fait un des éléments constitutifs de l'altérité, aux fondements de la pensée moderne. Cette diversité a donc surpris, elle a, semble t-il, cessé d'étonner. Elle s'impose désormais comme une évidence et se décline inlassablement dans une production éditoriale toujours renouvelée. On ne s'épuisera pas à en dresser l'impossible inventaire.
On se demandera plutôt comment la multiplicité des manières d'aimer se conjugue avec le caractère universel du sentiment amoureux. D'un coté, d'innombrables avatars ; de l'autre, un sentiment présent en tous lieux et en tous temps, exalté même là où les règles et les pratiques en vigueur laissent le moins de place possible à son accomplissement. Il serait assez rassurant de s'en tenir là, de préserver cette dualité et de considérer l'Amour comme un invariant, un noyau d'universalité, irréductible à l'histoire et à la culture. Seules en relèveraient, les formes singulières qu'il peut revêtir, tributaires quant à elles de l'état de la société, du niveau de répression (ou de permissivité), du degré d'inégalité entre les sexes. Mais il est évidemment plus dérangeant d'enquêter sur l'historicité non des formes de l'amour mais de l'amour lui-même, de s'interroger sur la généalogie de nos émois (ou sur leur filiation) à laquelle seule, peut-être, échappe la perception, irréductible, de la perte. Sans souci illusoire d'exhaustivité et loin du sot dessein de conclure.