Delirious Paris

L'exposition Dreamlands présentée actuellement au Centre Pompidou propose un rendez-vous avec le progrès technique, l'exotisme, le rêve et le divertissement; elle met en valeur la fantaisie voire les fantasmagories des expositions universelles et des parcs d'attractions, elle signale leur incidence sur l'évolution de l'architecture hier et aujourd'hui. Rem Koolhaas n'a-t-il pas, au fil des pages de son livre Delirious New York, reconnu dans les parcs d'attraction de Coney Island une origine de Manhattan ? Une visite de l'exposition permettra de définir et questionner quelques modèles, de mesurer aussi la présence de la reproduction, de la copie, du pastiche.

Puis la promenade urbaine tentera de retrouver des modèles qui auraient pris corps dans le Paris du 19e siècle. On commencera par les parcs de la fin du 18e siècle (les vestiges du Parc Monceau) et leur transformation en lieux de divertissements populaires à la période révolutionnaire ; on cherchera à sonder les raisons de la fascination exercée par les Panoramas grâce à la structure qui en reste au théâtre du Rond-Point des Champs Élysées. Un regard sur quelques passages (Jouffroy, Véro-Dodat, Princesse) mais aussi sur la coupole des Galeries Lafayette (du début du 20e siècle) permettra de considérer les relations de la fantasmagorie et du commerce.

En quoi ce qui nous reste des expositions universelles, sur place comme les Grand et Petit Palais, le pont Alexandre III, la tour Eiffel, ou après déplacement et transformation comme Notre-Dame-du-Travail peut-il être encore porteur de sens ? Comment le métal et le verre, la délicatesse des structures et la solidité, l'intensité graphique et néanmoins la force volumétrique, le brillant et le transparent peuvent-ils participer à un nouveau mode de vie et à une nouvelle conception de la ville ?

Avec Régis Labourdette, historien de l'art