Cameron Jamie

Cameron Jamie

L'œuvre multiforme de Cameron Jamie, né à Los Angeles en 1969, occupe une place à part dans le milieu de l'art contemporain. Le travail de cet artiste californien s'inspire de l'histoire et de la culture américaine ainsi que de ses propres mythologies. Observant le tissu social et familial des classes moyennes et pauvres des banlieues américaines, l'artiste se plonge dans l'univers de la jeune génération qui trouve ses repères dans le hard-rock et les combats de catch, et transpose dans son œuvre les codes esthétiques de la culture populaire et underground. Performances, vidéos, dessins et installations, traduisent son travail d'analyse de l'imagerie populaire à travers la création de mondes et de personnalités fictionnels. Ses performances des années 90 prennent la forme d'affrontements physiques.

Portant un masque à la manière des catcheurs - mais celui-ci représentant son propre visage - l'artiste se glisse dans une autre personnalité pour combattre. Une façon de brouiller son identité pour mieux essayer de la démasquer. Ses derniers dessins montrent un univers troublant et morbide composé de masques inquiétants et de portraits sanglants ou déformés, pour la plupart accompagnés de textes. L'artiste saisit avec justesse le contraste étonnant appartenant à la jeunesse entre pureté, tourment et violence. Autour de la notion romantique de noirceur et de la passion pour l'obscur se situent la série des photographies sur le mouvement gothique et la performance in progress Goat (2000- ), où il apparaît habillé en Dracula dans le paysage nocturne de la banlieue de Los Angeles, mettant en scène un véritable retour sur les lieux de son enfance. Ses travaux exposent des situations marginales ou des expériences extrêmes, où la limite entre le désir de jeu qui en est à l'origine et le déchaînement pulsionnel qui s'ensuit reste ambigu.

Le Musée national d'art moderne possède trois vidéos de l'artiste, dont BB, 2000, qui sera ici présentée avec la vidéo inédite Kranky Klaus, 2003, pour la première fois montrée au public et dont la production a été réalisée par Artangel (Londres) avec l'aide du Centre Pompidou.

BB de Cameron Jamie, 2000, 18'24'', film en super 8 transféré sur 35 mm, nb, son, musique : The Melvins.

Tourné à deux caméras, BB montre un combat de catch organisé par des adolescents dans l'arrière-cour des maisons de la banlieue de Los Angeles. Entre réalité et fiction, violence et comédie, ces jeunes hommes se battent en imitant les matchs diffusés à la télévision, trouvant ainsi un moyen d'exprimer et de décharger leur haine. Ces images, en noir et blanc et sans dialogue, sont accompagnées par la musique heavy metal du groupe The Melvins qui incarne l'univers tourmenté et violent de cette génération d'adolescents américains.

Kranky Klaus de Cameron Jamie, 2003, 26', Béta numérique, coul., son bande son : The Melvins production : Artangel (Londres) participation à la production : Centre Pompidou.

Tourné en Autriche, ce film montre le déroulement d'une fête païenne vieille de plus de 400 ans qui a lieu le 6 décembre pour la Saint-Nicolas. Déguisés avec des masques inquiétants et des peaux d'animaux, des individus se promènent dans la ville, se rendant de porte en porte chez les habitants. Surprise, étonnement, jeu et violence s'entremêlent; l'inquiétude va croissant. Un rituel festif qui débute comme un jeu et prend une tournure angoissante.

En présence de l'artiste.