Cine / video
Black Dolls
Daughters of the Dust
14 mar 2018
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En écho à l’exposition Black Dolls, la collection Deborah Neff (La Maison Rouge, du 23 février au 20 mai 2018), le service de collection des films du Centre Pompidou s’associe à la commissaire Nora Philippe et organise un cycle de trois séances de cinéma au cours desquelles seront discutés les enjeux de représentation des Africains-Américains et notamment des féminités noires américaines, à travers une sélection d’œuvres historiques et contemporaines. Cette programmation a pour point de départ l’objet et la figure de la poupée, comme support de la construction de soi, intime comme politique.
On redécouvre aujourd’hui des poupées de tissu noires aux États-Unis, vraisemblablement conçues artisanalement par des Africaines-Américaines anonymes du 19e siècle jusqu’aux premières décennies du 20e siècle. Parfois transmises de génération en génération, pour la plupart disparues, ces « black dolls » représentaient, en résistance, la diversité et la beauté des communautés africaines-américaines à une époque où les poupées manufacturées blanches dominaient et où il était presque impossible de trouver des poupées de couleur noire qui ne soient pas racistes. Leur incroyable inventivité formelle et leur pluralité jettent une lumière nouvelle sur l’histoire féminine noire et sur la charge politique comme imaginaire que portent les poupées.
Figure centrale de la L.A. Rebellion, la cinéaste américaine Julie Dash retrace dans Daughters of the Dust (1991) la trajectoire de trois générations de femmes Gullah vivant isolées, au début du XXe siècle, sur l’île de St Helena en Caroline du Sud. Expérimental et profondément féministe, ce long-métrage interroge les héritages, les créolisations et l'avenir d’une communauté initialement esclavagisée, venue d’Afrique de l’Ouest, dont l’isolement produira l’invention d’un modèle communautaire et culturel très spécifique, indépendant du continent. Écrit en créole Gullah et volontairement non sous-titré, Daughters of the Dust constitue une expérience immersive inédite et puissante : si Julie Dash l’envisage comme « un film si profondément ancré dans une culture et si authentique à cette culture qu’il apparaîtrait comme un film étranger », ce fut aussi le premier film réalisé par une Africaine-Américaine à connaître une sortie nationale aux Etats-Unis, en 1991.
Séance présentée par Sarah Fila-Bakabadio (maître de conférences en civilisation américaine, Université de Cergy Pontoise)
Julie Dash, Daughters of the Dust, 1991, 35mm (DCP), coul., son, 112min. (vo.)
Sarah Fila-Bakabadio est historienne en études américaines et afro-américaines. Docteure en histoire et civilisations à l’EHESS, elle occupe actuellement un poste de maitre de conférences en civilisation américaine à l’Université de Cergy Pontoise. Membre du laboratoire Agora (Centre de recherche en lettre, sciences humaines et sociales), ses recherches portent sur l’histoire des diasporas africaines aux Etats-Unis et le panafricanisme. Récemment, elle a publié Africa on my mind : histoire sociale de l’afrocentrisme des Etats-Unis (éditions Les Indes savantes, 2016).
Remerciements : Sarah Fila-Bakabadio, Nora Philippe, Park Circus, Cohen Film Collection, La Maison Rouge (Paris) et Myriam Bejaoui.
Quando
20:00 - 22:00
Dónde
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