Exposición / Museo
Malevitch
15 mar - 15 may 1978
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Cette exposition est consacrée à l’artiste russe Kasimir Sévérinovitch Malévitch.
La difficulté d’accéder aux œuvres et aux documents en URSS ont fait pendant longtemps de Kasimir Malévitch, un méconnu apprécié à sa juste valeur par un petit groupe d’artistes et de spécialistes.
La redécouverte de l’avant-garde russe des débuts du siècle et l’intérêt suscité par la période révolutionnaire, les patients travaux des chercheurs et la traduction de ses nombreux textes, permettent, petit à petit, de se faire une idée plus claire de l’importance d’une œuvre dont l’invention formelle est à la mesure d’une conception du monde à l’échelle cosmique. Il est étrange d’avoir à reconstituer la carrière d’un peintre né il y a cent ans, comme on le ferait pour un peintre médiéval.
En 1927, Malévitch quittait pour la première fois l’URSS, pour se rendre à Berlin et y exposer une centaine de peintures et dessins qu’il apportait avec lui.
Déjà reconnu dans son pays comme l’artiste le plus fécond et le plus radical, il espérait pouvoir aller jusqu’à Paris, pour assurer à son œuvre la plus large diffusion possible.
De Berlin, il fut rappelé dans son pays et ne put réaliser ce projet. Il laissait derrière lui son exposition tout entière, ainsi qu’un grand nombre de textes inédits.
Après de nombreuses tribulations, qui valurent, entre autre, aux œuvres d’échapper aux destructions nazies, l’essentiel de la collection aboutit au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1958.
Cinquante ans après le voyage écourté de Malévitch en Europe, ses peintures sont présentées pour la première fois à Paris.
Les années 1910 à 1915 sont tout à fait déterminantes pour Malévitch. Son insertion dans le milieu artistique moscovite se fait selon une trajectoire fulgurante. D’abord une série de gouaches, imprégnées de tradition russe, où des personnages massifs et monumentaux, souvent des paysans aux travaux des champs, éclatent de coloris violemment contrastés. Viennent ensuite quelques peintures contemporaines de celles de Léger, où le même genre de sujet est traité en privilégiant les formes tubulaires, d’aspect quasi mécaniques.
Parallèlement, il montre son assimilation du Cubisme parisien en réalisant, de façon extrêmement originale et personnelle, la liaison visant à l’unité picturale de la figure et du fond. Il participe aux activités tapageuses des futuristes russes, témoin cette toile « alogique » (Un Anglais à Moscou, 1913-14) qui superpose des fragments de mots et des objets entiers (contrairement au Cubisme) de prime abord étrangers les uns aux autres, représentés à des échelles différentes, dans une gamme colorée d’une rare vivacité. Puis apparaissent, dans certains de ces assemblages, de larges rectangles colorés unis qui viennent masquer une partie de la composition.
Enfin, en 1915, après deux ans d’élaboration presque secrète, c’est la révélation au public d’un ensemble de peintures abstraites réduites aux plus simples formes géométriques en couleurs pures.
Elles relèvent d’un nouveau type de représentation et de vision du monde : le Suprématisme, dont les premiers principes sont énoncés dans un manifeste. Parmi elles, se trouve le célèbre Carré noir (sur une toile carrée, blanche, est peint un carré noir de taille plus petite) qui devient l’emblème du Suprématisme.
Cet acte radical était la conséquence inéluctable de l’évolution de la peinture occidentale dans ce début de siècle, l’annonce de la mort de la peinture, du moins telle qu’elle était pratiquée jusqu’alors, et l’amorce d’un renversement total des valeurs.
A partir du Carré noir (suivi du Carré blanc sur fond blanc) qu’aucun artiste ne peut plus ignorer, rien ne peut plus être comme auparavant.
[…] En 1917, il adhère avec enthousiasme à la Révolution, dans laquelle il veut voir un signe du profond changement de la relation de l’Homme à l’Univers qu’il postule.
Il se consacre alors essentiellement à l’enseignement (panneaux pédagogiques figurant dans l’exposition) et poursuit en même temps ses investigations dans le domaine d’une architecture suprématiste pour laquelle il fait de nombreux projets.
Sa conception très pure de l’activité artistique, gratuite et affranchie de toute contrainte matérielle, l’amènera à être en contradiction d’abord avec le groupe des constructivistes dont la préoccupation était de créer des objets utilitaires en liaison avec l’industrie, puis avec le pouvoir de plus en plus dirigiste.
Cette exposition s’insère dans le programme que s’est fixé le Musée National d’Art Moderne depuis trois ans.
- Les grandes rétrospectives Picabia et Duchamp précédaient Paris-New York ;
- de même Malévitch et Maïakovski (exposition présentée au CNAC en 1975) annoncent une série de manifestations consacrées aux relations entre la France et l’Allemagne ainsi que la Russie soviétique.
D’après Jean-Hubert Martin, in Le Bulletin, n°6, février-mars 1978
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