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La Révolution surréaliste
20 jul - 24 nov 2002
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1920-1940 : l'exposition " La Révolution surréaliste " couvre cette période dite " héroïque ", qui va de la naissance du mouvement à l'exil américain. Le surréalisme, bordé par deux conflits mondiaux, a connu son inventivité la plus extrême durant ces vingt années. Vingt années qui en constituent le noyau dur : car le surréalisme c'est d'abord un groupe d'amis créant dans l'intersubjectivité, dans l'exaltation d'une sorte de " Rimbaud collectif ". Et une ville : Paris. Vingt années explosives. Jamais, au cours du 20e siècle, une bande de jeunes hommes en colère n'a eu des ambitions si hautes et si vastes : libérer l'homme, libérer l'art. " Changer la vie " en supprimant la coupure entre l'art et la vie.
Révolte, révolution, provocation, profanation : voilà les maîtres mots, communs à l'ensemble des surréalistes. Jamais, là encore, un mouvement n'a posé avec la même violence et la même conviction le problème de l'engagement et de l'artiste. Revues aux contenus révolutionnaires, tracts, scandales permanents, les surréalistes agissent, vitupèrent, dénoncent tour à tour famille, Église, patrie, armée et colonialisme. Car ces jeunes gens furent d'abord des dadaïstes, décidés à faire table rase du passé. Dada, né en 1916 en pleine guerre, entend balayer toutes les valeurs bourgeoises occidentales qui menèrent à la boucherie de 14. Duchamp fait d'un urinoir fabriqué en usine une œuvre d'art, remettant en cause le geste créateur et le statut de l'artiste.
Mais détruire ne suffit pas. À Paris, dès 1919, Breton, Aragon, Eluard, puis Ernst et bien d'autres, férus de poésie et d'art, veulent dépasser le nihilisme de Dada en libérant le pouvoir créatif de l'homme. Connaissant les théories de Freud, les futurs surréalistes partent en guerre contre le pouvoir de la raison qui opprime et mutile l'homme. Il s'agit de tuer " la mégère " pour faire jaillir l'inconscient. Donner la parole à " l'infracassable noyau de nuit "(Breton) caché en chaque être humain.
C'est pourquoi les Champs magnétiques, écrits à quatre mains par Breton et Soupault, sont exposés dès l'entrée. Premier exemple d'écriture automatique, surgie par libre association, ce texte constitue l'acte de naissance du surréalisme. Dans les 2e et 3e salles, des collages de Max Ernst (qui, par le choc des images, s'apparentent à l'automatisme) puis des dessins et peintures de sable de Masson, montrent l'extraordinaire renouvellement créatif engendré par cette découverte des forces obscures tapies en nous. L'art est affaire d'électricité et non d'harmonie. Le beau et le laid ne sont plus des critères pertinents.
Cette " découverte " essentielle constitue le fil directeur et " stupéfiant " de l'exposition. Car explorer l'inconscient c'est accepter la vérité du rêve, sa force révélatrice. Le chaos et le dérèglement. Miró, avec ses " peintures de rêve " ou ses monstres germés dans la guerre civile espagnole, Dalí dans ses toiles surgies de fantasmes insondables, Tanguy avec ses paysages venus des origines du monde, Magritte et ses tableaux-énigmes offrent des chefs-d'œuvre qui sont autant de témoignages de l'extrême variété des styles. Frottages, décalcomanies, inscriptions surajoutées, cette exposition révèle en quoi le surréalisme est déjà en phase avec l'art contemporain : tous les genres cohabitent sans hiérarchie.
Libérer l'inconscient c'est, bien entendu, libérer le désir, la sexualité, rendre à l'amour toute sa force de dissolution, selon les préceptes du marquis de Sade. Des toiles de Picasso, des sculptures de Giacometti comme la Femme égorgée ou l'immense poupée désarticulée de Bellmer, un extrait du film L'Âge d'or de Buñuel prouvent que le désir, comme la folie, peuvent produire des œuvres d'une " beauté convulsive "inégalée. Il en est de même des poèmes et autres textes dont on peut découvrir les originaux dans les vitrines. Jamais autant que dans le surréalisme peinture et poésie ne se sont étayées l'une et l'autre de bout en bout.
Poursuivant la même quête, les surréalistes ont mis en circulation des objets aussi bien trouvés que rêvés ou reconstruits. Exposés dans les vitrines de la galerie Ratton de 1936, ils gardent toute leur force subversive et poétique. Ils constituent la marque peut-être la plus visible de cette " culture du choc " qu'est le surréalisme. Choc que le visiteur ressent avant même d'entrer dans l'exposition, confronté à un portrait de Magritte, reproduit et agrandi sur tout un mur. Une femme, aux yeux exorbités par la surprise et la terreur, lit un livre.
Le surréalisme est bien issu d'un " état de fureur " et l'imaginaire déployé par les peintres et les poètes garde aujourd'hui encore, si l'on accepte d'être attentif, ses vertus déstabilisantes. Les grands mouvements sont ceux qui continuent à irriguer souterrainement.
Cette exposition offre au visiteur la possibilité unique de découvrir, ou de retrouver, cet " œil sauvage " si cher à Breton et sans lequel on reste aveugle au monde qui nous entoure. Elle s'achève sur l'exil américain et, avec Roberto Matta et Wifredo Lam, l'ouverture sur un autre monde.
Quando
10:00 - 18:00, todos los días excepto lunes
Dónde
Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf