Cine / video
The Bride and the Bachelors
27 nov 2016
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Chorégraphié en 1968 par Merce Cunningham sur une composition du musicien minimaliste américain David Behrman, puis filmé par Charles Atlas, Walkaround Time (1973) rend hommage à Marcel Duchamp en intégrant à sa scénographie - réalisée par Jasper Johns - les différentes composantes du Grand Verre transformant ainsi l’espace scénique en espace d’exposition. Cunningham et Johns ont l’idée de concevoir une pièce à partir des éléments de l’œuvre emblématique de l’artiste, lors d’une soirée passée en compagnie de Duchamp. Johns qui à la suite de Rauschenberg est devenu en 1967 le directeur artistique de la compagnie de Cunningham, réalise des répliques des différentes composantes du Grand Verre à partir des reproductions imprimées des dessins préparatoires de l’œuvre. Ces répliques sont sept volumes plastiques gonflables sur lesquels Johns a reproduit à la fois les contours au trait noir et le remplissage en couleurs. Les volumes, manipulés par les performeurs, sont à la fin de pièce réunis au centre de la scène, respectant ainsi l’unique souhait de Duchamp. Le compositeur, David Behrman, compose une bande son à partir d’éléments sonores trouvés, parmi lesquels on peut mentionner la reprise par des voix superposées, d’extraits de textes de ou sur Marcel Duchamp dont certains extraits issus de la Boîte verte. Ce principe de reprise, de citation et de répétition est également au centre de la chorégraphie de Cunningham qui a décrit cette performance comme le lieu de réactivation du « ready-made » à travers les gestes. La banalité des gestes reproduits par les danseurs et leur nature répétitive renforcent l’effet de résonnance du ready-made dans Walkaround Time. Cette banalité est d’ailleurs explicitée dans le titre, qui fait référence au très long temps d’attente de calcul propre à la première génération d’ordinateurs. Un autre aspect souligné par le chorégraphe concerne la relation de la pièce au Grand Verre, notamment lorsque ce dernier défini les mouvements de ses performeurs dans la latéralité de la scène, mouvement qui fait écho à l’effet de transparence centrale dans l’œuvre de Duchamp. D’un point de vue moins conceptuel mais plus de l’ordre du clin, d’œil Merce Cunningham effectue un striptease sur scène, en référence au Nu descendant un escalier.
Jouée pour la première fois à Buffalo en mars 1968, soit sept mois avant la mort de Duchamp, cette pièce ne sera filmée que quatre années plus tard en 1972. Charles Atlas, figure incontournable de la danse filmée qui était à ce moment-là assistant à la mise-en-scène de la compagnie de Cunningham, souhaitait réaliser un film en 16mm. Walkaround Time est son premier film de danse. Le film a été tourné dans deux lieux différents : la première partie à Berkeley, au Zellerbach Hall, alors que l’entracte et la seconde partie ont été tournés au Théâtre de la Ville de Paris, avec un léger changement de casting. Bien au-delà d’un film de danse, le film de Charles Atlas explicite l’influence cruciale de l’œuvre de Marcel Duchamp sur une génération d’artistes américains d’après-guerre dont les liens d’amitiés et artistiques ont été parfaitement retracés par le critique Calvin Tomkins dans l’ouvrage The Bride and the Bachelors publié pour la première fois en 1965.
Charles Atlas, Walkaround Time, 1973, 16mm, coul, son, 51min
Remerciements : Charles Atlas, EAI (New York) et la Cinémathèque de la danse (Pantin)
Quando
18:00 - 19:15