Michon et les Limousins

Michon et les Limousins

Conversation avec Pierre Michon

« Et il se peut que nous soyons ce Limousin, vous ou moi ; il se peut qu’un

Limousin relève la tête et essuie ce mélange de sueur et de Loire qui coule de

ses yeux ; qu’entre deux hurlement de contremaître il prenne le temps de voir

là-haut cette apparition de blondeur, les cheveux blonds et les jupes blondes,

les deux femmes penchées sur cet enfant puissant comme un cardinal duc ; [...]

mais ces yeux ne s’arrêtent pas sur François-Élie ; c’est un Limousin n’est-ce

pas ; c’est un homme qui n’a sous la main d’autre duchesse que les bonbonnes de

vin trafiqué, d’autre vecteur à sa volonté forte que les couteaux à cran

d’arrêt qui bondissent miraculeusement des bonbonnes dans sa main, le jour du

seigneur : il n’a d’yeux que pour les jupes. Et peut-être qu’il jure entre ses

dents que Dieu est un chien : Diau ei ùn tchi. »

Pierre Michon, Les Onze. Verdier. 2009 pp.70-71.

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