Cine / video
Carte blanche à Françoise Parfait
22 may 2006
El evento ha terminado
Séance consacrée principalement à des artistes français dont les oeuvres ont été récemment acquises par le Musée national d'art moderne.
Invitation est faite à trois artistes qui seront présentes lors de cette soirée : Maïder Fortuné, Marie Legros et Muriel Toulemonde.
Les trois artistes invitées à participer à cette soirée ont comme point commun d'interroger le corps dans sa relation à la performance ; que celle-ci soit athlétique, sociale, professionnelle, liée au genre et à l'identité (féminine, masculine, enfantine, animale, etc.).
Le corps contemporain, sommé de réussir, d'être performant, beau et résistant, invincible, est soumis à des rituels et des exercices qui sont autant de contraintes permettant de le formater et de déplacer ses limites. Dans une perspective critique bien différente de celle qui a prévalu chez les artistes performeurs des années 70, le travail des trois artistes présentées ce soir explore ces limites en valorisant les failles, les fragilités et les faiblesses révélées par les contraintes auxquelles le corps est soumis, et en font jaillir des représentations inédites.
Ainsi, les valeurs dites « positives » de la compétition : le saut, l'élan, la vitesse, la course, la propulsion, l'objectif, la progression, etc., sont entravées par des interventions physiques ou technologiques qui produisent plutôt des figures de chute, de rebond, de renversement, de ritournelle, de ralenti et de freinage, de flou ou d'indistinct.
Programme
Peter Land
Né en 1966 à Aarhus au Danemark, il vit et travaille à Copenhague. Peter Land est l'unique acteur de ses vidéos et y fait preuve d'un engagement physique qui en fait par certains aspects des performances.
Staircase (Staircase & Universe), 1998 (extrait de l'installation)
« The Staircase s'inscrit dans le compagnonnage des "hommes qui tombent", ceux qui, de Bas Jan Ader à Pierrick Sorin en passant par Martin Kersels, font de la chute le constat et la condition de l'existence contemporaine contre toute l'arrogance des idéologies de la réussite à tout prix. » Françoise Parfait
Marie Legros
Née en 1963 à Paris, Marie Legros enseigne à l'École des beaux-arts de Bordeaux. Elle mène depuis le début des années 1990 un travail qui interroge l'identité contemporaine à travers différentes représentations du corps.
Marcher sur les choses, 1997, 7'20'', son, couleur
« Pour gouverner les choses et non leur obéir, il faut trouver une assise, conquérir un centre de gravité comme point d'équilibre, c'est-à-dire faire de son propre corps un socle. Indépendamment d'un enracinement. Ainsi le pied défie le sol, le mâte et l'écrase, pour s'y substituer comme " socle du monde ". » Vanessa Morisset
Projection, 2001, 4'05'', son, couleur
« Le corps comme socle s'ouvre à l'apesanteur. Inversant son rapport au monde, il découvre un autre univers, de l'autre côté du miroir. Il se délivre de l'empire des choses. Il expérimente l'envers de la chute des corps. » Vanessa Morisset
Hommes puissants, 1998-2003, 5'40'', son, couleur
« Le corps n'est pas seulement soumis aux contraintes physiques, il obéit aussi à des modèles sociaux qui l'enferment dans une succession de rôles prédéfinis. Pour le libérer de ces multiples carapaces, il faut le secouer, le faire tourner en rond et danser. Il lui faut une ritournelle. » Vanessa Morisset
Maïder Fortuné
C'est nourrie par une pratique approfondie du mouvement que cette jeune artiste française née en 1973 interroge avec le médium vidéo les instances d'apparition du geste et l'univers de l'enfance. Elle vit et travaille à Paris.
Totem, 2001, 10', son, noir et blanc
« Un gros plan de visage de cinéma en noir et blanc (on pense à Judy Garland dans les comédies musicales hollywoodiennes) effectue un mouvement de bas en haut de l'écran évoquant le sautillement d'un jeu de corde ou de marelle, plus ou moins ralenti. Le ralenti évolue peu à peu en scansions qui décomposent le défilement fluide en images presque fixes ; celles-ci déteignent les unes sur les autres par effet de filé, de rémanence, défigurant progressivement le visage jusqu'à laisser apparaître fugitivement le squelette qui le soutient. La jeune fille et la mort. » Françoise Parfait
Everything is going to be alright, 1998-2003, 5'12'', son, couleur
« À l'intérieur d'un cube blanc, un corps quasi nu saute et rebondit inlassablement sur les trois parois de l'espace fermé. Corps/figure car en somme l'individu a disparu pour n'être que mouvement pur, tentative inouïe de percée des parois, saut qui désire l'échappée (refusée) et ne peut que se renouveler à l'infini de la boucle vidéographique. » Maïder Fortuné
Muriel Toulemonde
Muriel Toulemonde est née à Lille en 1970. Ses vidéos se concentrent sur des événements sportifs ou sur des tentatives athlétiques, engageant une réflexion sur la notion d'effort et de dépassement. Elle vit et travaille à Paris.
Atalante, 2004, 4'43'', son, couleur
L'artiste filme, sur un haut plateau grec, le sprint effectué par une sportive professionnelle avec, accroché à son dos, un parachute. L'artiste aborde ici la course dans sa dimension spirituelle et l'entraînement sportif comme un récit intime et solitaire de l'effort.
Séance présentée par Françoise Parfait, en présence de Maîder Fortuné, Marie Legros et Muriel Toulemonde
Françoise Parfait est Professeur en Nouveaux Médias à l'Université d'Amiens et Essayiste, auteur de «Vidéo, un art contemporain», 2001, Editions du Regard
Quando
Desde 18:30