Exposición / Museo
Hors Pistes 14e édition
La lune : Zone Imaginaire à Défendre
18 ene - 3 feb 2019
El evento ha terminado
Le festival pluridisciplinaire Hors Pistes poursuit son travail d’investigation autour de grands sujets d’actualité et leurs échos dans le champ du cinéma, de l’art contemporain et de la pensée. Il y a 50 ans, Neil Amstrong pose un pied sur la lune, première empreinte humaine sur le sol de cendre. De 1969 à 1972, douze astronautes américains ont marché sur la lune, douze apôtres qui ont atteint le sol sacré. Richard Nixon lors de son appel téléphonique historique ne dira-t-il pas : « Les cieux font désormais partie du monde des humains ».
Délaissée pour d’autres explorations, la lune redevient aujourd’hui une destination prisée et convoitée. Les annonces de grandes puissances ou d'entreprises privées se multiplient : tous veulent fouler le sol de l'astre. Elle revient au cœur du jeu géopolitique et scientifique.
La lune est un objectif atteignable, moins risqué et moins coûteux que la planète Mars. On pourrait voir des terriens poser de nouveau le pied sur le sol lunaire en 2020.
La manifestation propose un dispositif qui mêle poésie, fiction et géopolitique afin d’imaginer d’autres projections sur ce territoire à défendre qu’est la lune, car comme l’a écrit David Greaber : « L’imagination est une force en politique »
Poser le pas et se retourner, c’est également découvrir la Terre dans son entièreté, un monde multicolore, une planète isolée dans un espace hostile. Cette hauteur a favorisé une prise de conscience mondiale du caractère exceptionnel et fragile de notre planète. Que nous a appris, que nous apprend cette élévation au sens propre comme au sens figuré, et finalement « où atterrir », pour reprendre la formule du philosophe Bruno Latour.
Da la terre à la lune, de la lune à la terre, durant 15 jours les propositions d’hors pistes naviguent entre les deux astres et questionnent l’empreinte de l’homme.
Le forum-1 est composé d’œuvres originales ou réimaginées, l’ensemble propose une réflexion générale sur la notion de territoire et ce que serait un second pas.
Vernissage le 18 janvier à partir de 19h
Quando
11:00 - 21:00, todos los días excepto martes
Dónde
Installations au Forum -1
Laurie Bellanca, Benjamin Chaval
Lectures électriques corpus#cosmos
France, Installation, 2019
Voix : Laurie Bellanca
Son : Benjamin ChavaI
Images : NASA
Corpus#cosmos / installation est une création sonore composée de textes lus à haute voix donnant à entendre les différentes approches de la littérature au sujet de nos représentations du cosmos et plus particulièrement du rapport que l’homme entretient avec la lune. Au travers des textes d’Alain Damasio, Yuri Casalino, Judith Butler ou Starhawk, nous nous demanderons qu’est que ce désir d’élévation, de conquête spatiale ou encore de rationalisation du cosmos, révèle de notre rapport au territoire ?
Comment l'espace commun se constitue-t-il : celui qui se compose entre nous, celui qui nous dépasse toujours ? Une invitation à s'emparer de la notion d’ « espace » en transgressant les barrières du fantasme et de la science-fiction au profit d'un savoir fantastique de ce qui fait et rend possible « notre espace ».
Dominique Blais
Phases Of The Moon (After Yule)
France, installation, 2018-2019
Dominique Blais
Correspondance de l'artiste au Centre Pompidou du 6 janvier au 4 février 2019
À l’occasion de La lune : Zone Imaginaire à Défendre, Dominique Blais active une nouvelle occurrence de la série Phases of the Moon initiée en 2012. Basée sur le principe d’une correspondance quotidienne à l’attention du Centre Pompidou, l’œuvre épistolaire évoque le passage du temps à l’échelle de la lunaison sur laquelle elle est synchronisée. Les courriers – d’apparence identique malgré les différences liées à aux écritures, aux timbres et aux tampons divers – envoyés par l’artiste jour après jour depuis différents bureaux de Poste, comportent ainsi des représentations figurées et imagées des phases de la lune correspondant au moment de leur voyage.
Réceptionnés et collectés à leur arrivée, les éléments constitutifs de l’œuvre sont regroupés au sein d’un dispositif calendaire, selon un protocole permettant de révéler les signes de ces déplacements sur le plan spatial et temporel. Calquée sur le premier cycle lunaire de l’année civile, Phases of the Moon (After Yule) nous parle d’un temps qui s’étire à l’échelle planétaire et se répète à l’infini.
Dominique Blais
Moonlight (The Dark Side)
France, vidéo, 2018
Moonlight (The Dark Side) est une nouvelle pièce de l’artiste. Prenant la forme d’un dispositif vidéo, l’œuvre donne à (ne pas) voir la face de la lune qui tourne continuellement le dos à la Terre, du fait de sa rotation synchrone. L’image silencieuse de notre satellite naturel est diffusée sur un moniteur vidéo à tube cathodique et de forme cubique, dont l’écran est orienté vers le mur, à seulement quelques centimètres de celui-ci. La représentation visuelle de la face cachée de la lune est bel et bien présente, laissant émaner un rayonnement lumineux, tout en restant inaccessible.
Carnegie Mellon University
Moon Ark
Etats-Unis, installation, 2016
En 2017, Carnegie Mellon University envoie The Moon Ark sur le sol lunaire. Cet hommage artistique à la Lune, fruit d’une collaboration de nombreux artistes, scientifiques et chercheurs, partira à bord de la fusée Space X Falcon 9.
The MoonArk est une sculpture composée de quatre structures pentagonales thématiques intitulées : Terre, Metasphere, Moon et Ether.
Chaque chambre renferme une composition élaborée de disques de saphir servant de support à des représentations artistiques, des peintures murales métalliques hyper-colorées (pour résister aux conditions extrêmes de l’espace), des minéraux et des échantillons biologiques, des micro-charges à l’échelle nanométrique ou microscopique, et une gamme d’artefacts qui fournissent une vision contemporaine de l’humanité.
La structure conceptuelle de ces chambres décrit le récit de la progression de l’humanité de son cocon terrestre vers l’extérieur, l’espace extraatmosphérique.
The MoonArk contient des éléments représentant de nombreux champs artistiques (arts visuels, architecture, design, musique, théâtre, ballet et poésie) et scientifiques (sciences, ingénierie, technologies et sciences des matériaux les plus avancées).
D’une certaine manière, chaque chambre sert de capsule temporelle et compose une synthèse non encyclopédique des nombreuses dimensions de l’être humain. Une copie de cet ouvrage collectif a été créée afin de pouvoir exposer sur Terre chacune des œuvres et chacun des éléments constitutif de Moon Ark.
Collectif Planète Laboratoire (Ewen Chardronnet, Bureau d'études)
Contribution de la lune a l'augmentation generale de la valeur
France, installation, 2019
La Lune semble ces derniers mois être redevenue une priorité géopolitique et technologique des grandes nations internationales. On parle même d'une seconde conquête de la Lune, à la différence qu'aujourd'hui de nouveaux types d’acteurs privés entrent en jeu, qu'il s'agisse de la construction de colonies habitables, de tourisme ou d'exploitation minière. A travers différents aller-retours entre le passé et le présent, le collectif Planète Laboratoire revient sur les enjeux idéologiques, effets de propagande et intérêts économiques de la première et de la seconde conquête de la Lune, brossant ainsi le portrait de cent ans d'histoire politique de la Terre et de sa projection vers l'astre soeur. Il esquisse en complément le terrain de luttes sociales encore à venir restituant à la Lune sa nature de chose commune.
L'installation articule quatre perspectives autour des enjeux actuels, imaginaires mais aussi industriels et politiques de la Lune :
- La première perspective articule les uns aux autres un trombinoscope des acteurs clés de l'aventure spatiale, avec des documents d'époque, mais également avec une vidéo croisant les imaginaires parfois baroques de la conquête de la Lune avec ses enjeux politiques, idéologiques et industriels implicites.
- La seconde perspective tourne autour des enjeux militaro-industriels et astropolitiques de la Lune. Alors que la Terre connait sa Sixième extinction, s'ouvre un axe Terre-Lune pour collecter de nouvelles ressources mais aussi pour créer les conditions d'accès à l'espace profond.
- La troisième perspective vise à surmonter l'imaginaire des scientifiques et des ingénieurs qui ont réduit la Lune à un tas de poussières sans vie. La tentative est ici de figurer les peuplements de la Lune dans une perspective non anthropocentrique et à ontologies multiples.
- La quatrième perspective, politique et artistique, ouvre l'espace aux artistes et citoyens d'une région reculée d'Auvergne pour imaginer une politique spatiale autonome en milieu rural.
Agnes de cayeux & laura mannelli
Le continent noir liste H
France, installation, 2019
Artificielles et réelles, obéissantes lectrices, caillasses lunaires*, elles se retrouvent ici, captées de toutes parts, probablement attirées par quelques ondes noires. Inexpliquées, venues d'ailleurs, de cette cosmographia, demeure insaisissable où les traces restées en ce Continent Noir effleurent une à une les fictions de la liste H**.
La première a choisi Superluminal de Vonda McIntyre écrite en 1983, où Laenea, devenue voyageuse interstellaire, sacrifie vie naturelle et sanguine pour une amante cyborgienne.
La seconde a préféré The Female Man de Joanna Russ écrite en 1975, où seules, les femmes survivent à cette épidémie, enterrent les morts et les oublient, puis rebâtissent une autre monde.
* Les galets proposés au sein de l'installation sont ces objets technologiques connectés récents parfois nommés enceinte intelligente ou bien assistante connectée ou encore homme mini. Les deux artistes ont travaillé en toute intimité, chacune de leur côté, avec leur galet respectif, leur lisant la fiction choisie, échangeant quelques phrases. Ces instants entre femmes et galets ont été captés et restitués ici.
** La liste H est proposée par l'auteure Ïan Larue pour désigner la liste des sciences.
Cristina de Middel
Afronauts
Espagne, installation, 2012
En 1964, Edwuard Makuka, professeur de sciences en Zambie, décida de former le premier équipage africain à se rendre sur la lune. Son plan était d'utiliser une fusée en aluminium pour envoyer une femme, deux chats et un missionnaire dans l'espace. D'abord la lune, puis Mars, en utilisant un système de catapulte. Il a fondé l'Académie nationale zambienne des sciences, de la recherche spatiale et de la recherche astronomique pour commencer à former ses Afronautes dans son quartier général situé à seulement 20 kilomètres de Lusaka. La Zambie acquiert son rêve d’indépendance et lance un programme spatial qui devait permettre au pays de rejoindre les exploits des États-Unis et de l’Union Soviétique vers la conquête de l’espace. Seuls quelques optimistes ont soutenu le projet d’Edward Makuka, chercheur responsable du programme et chargé d’obtenir le soutien financier nécessaire. Malheureusement, l’aide financière n’est jamais venue. Les Etats-Unis ont diminué leur participation, et l’une des astronautes, une jeune fille de 16 ans, est tombée enceinte ; suite à quoi, elle a été contrainte de quitter le programme. C’est ainsi que l’initiative héroïque s’est transformée en un épisode exotique de l’Histoire africaine : entourée par la guerre, la violence, la sécheresse et la famine.
The Afronauts est la base documentaire d’un rêve impossible qui aura finalement vécu, uniquement à travers les images de Cristina de Middel.
Song Dong
Catching Moonbeams In Water
Chine, Vidéo, 2001, 50’18
Collection centre Pompidou
Dans son film, Song Dong utilise l’eau et le reflet de lune, comme métaphore réfléchie de notre perpétuelle évolution de l’existence et de la culture. Sa main est en train d’essayer d’attraper des images publicitaires pour la télévision tout au long de la vidéo. Cet acte peut également être vu, soulignant dans une large mesure, critique ; la montée de la consommation dans la société chinoise.
Sarah Fortais & Nikolas Ventourakis
Voyageur
Grande-Bretagne Installation, performance, 2019
Lorsque les astronautes, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont rejoint la surface lunaire, ils y sont restés vingt et une heures et trente-six minutes, dont sept heures de sommeil. Leur objectif – hormis celui d’atterrir sur la lune et de retourner sur la Terre – était de documenter de manière importante leur environnement. Cela impliquait de déployer le premier coffret d’expériences (EASEP), constitué de photographies et d’échantillons de matière géologique du sol lunaire pour les ramener sur Terre. Le nombre de roches que pouvait prélever les astronautes était dicté par la taille de leur valise et dans le strict poids imposé par le module lunaire.
Par ailleurs, lorsqu’ Aldrin et Armstrong ont atterri sur la Lune, ils n’étaient que des touristes au sein de leur mission, n’étant ni l’un ni l’autre des scientifiques mais des pilotes d’élites. De ce fait, même la chose la plus simple comme descendre d’une échelle était spectaculaire. Ils étaient tous deux vierges d’expériences sur ce nouveau territoire.
Sarah Fortais, a proposé en 2012 dans sa performance Tourist, à son tour mais dans un mouvement inverse, de marcher dans les rues de Londres en astronaute.
Dans sa nouvelle performance, Voyageur, Sarah Fortais poursuit cette performance avec l’artiste Nikolas Ventourakis. A Paris, durant 88 heures qui correspondent au temps passé par Apollon 11-17 sur la Lune, en dehors de la station spatiale, l’artiste collecte dans les rues de Paris et vient déposer dans son installation les objets récoltés.
Quelle est la différence entre un explorateur et un touriste ? Fortais et Ventourakis investiguent sur cette question à travers leur performance improvisée et présentent leurs recherches au sein de l’espace du Festival Hors-Pistes. Comme les astronautes d’Apollo 11, leurs recherches sont limitées à la taille de leur valise et aux objets qu’ils ont sous la main.
David Guez (en collaboration avec les Adherents du Centre Pompidou)
Radio 2069
France, installation, 2019.
David Guez réalise des projets artistiques liés aux nouveaux médias sur les thématiques de la mémoire et du temps. Pour Hors Pistes, il imagine la RADIO 2069 avec une programmation spécifique composée des souvenirs-témoignages de personnes ayant vécu l’atterrissage sur la Lune de la mission Apollo 11. L’appel à témoignages a été proposé aux adhérents, on les retrouve, au fil des fréquences, diffusés sur la radio installée dans la reconstitution d’un salon des années 70.
Consultez tous les souvenirs des adhérents
Joan Jonas
Duet
Vidéo, 1972
Collection centre Pompidou
A 82 ans, cette figure de la performance use des masques et de la vidéo pour interroger l’identité et les frontières entre espèces.
Elle a été une pionnière de l’art vidéo et de la performance aux États-Unis dans les années 1960 et 1970. Jonas s’est souvent penchée sur la question de l’identité, sur les écarts et jeux qui existent entre le réel et la représentation. Dans Duet, Jonas fait face à son image montrée sur un écran vidéo et, dans un face-à-face surprenant, elle semble aboyer contre elle-même. Nous pouvons nous demander « où est la véritable Jonas » ? Notre identité est un dialogue entre l’image que nous avons de nous-mêmes, l’expérience du réel que nous vivons et l’imaginaire qui nous travaille.
Nam June Paik
Electronic Moon N°2
Vidéo, 1966-1972 (restaurée 1992), 4’32
Collection centre Pompidou
Nam June Paik et Jud Yalkut ont commencé à travailler ensemble dans les années 1960 et ont collaboré à plusieurs petites pièces tout au long de leur vie commune. En utilisant à la fois des films en noir et blanc et en couleur au format 16 mm, les images ont été capturées et déformées électromagnétiquement (une méthode fréquemment utilisée par Nam June Paik pendant cette période). Ensuite, un deuxième enregistrement a été terminé, filmant les ombres de divers objets projetés sur les images de la lune pour créer le produit final. Dans Electronic Moon n ° 2, les charges électromagnétiques créent un effet qui reflète et complète le mouvement rythmique de l’eau. Le son d’accompagnement est Moonlight Serenade de Glenn Miller, un son classique qui contraste avec ce média avant-gardiste de l’époque et qui crée un environnement familier et confortable face à cet art nouveau et insolite.
Chris Marker
E-Clip-Se
France, vidéo, 1999
L’éclipse est ce moment précis de la disparition passagère d'un astre, quand un autre corps céleste passe entre cet astre et la source de lumière ou entre cet astre et le point d'observation. Ici des promeneurs aux jardins des Plantes observe l’éclipse du 11 août 1999. Grâce aux progrès de la technique (fonction « O lux ») la caméra, pendant la minute de semi-obscurité, emprunte la vision de la chouette.
Luc Mattenberger
Moon Rise
Suisse, vidéo,6’
La pleine lune se lève et se couche sans relâche dans la vidéo de Luc Mattenberger. Luc Mattenberger (*1980) est un artiste suisse qui vit et travaille à Genève et à Berlin. Il a obtenu son diplôme universitaire (avec mention) et un diplôme de troisième cycle à l'Université d'art et de design de Genève (HEAD) en 2007. Il travaille essentiellement dans le domaine de la sculpture et de l'installation. Ses œuvres explorent les multiples convictions entre l'homme et la machine, avec un intérêt particulier pour le moteur en tant que vecteur et symbole de puissance.
Nelly Maurel
Seriez-vous pret a tout laisser tomber pour aller sur la lune, ou presque rien ne tombe
France, installation, 2019
Dans les années 50, des ingénieurs soviétiques ramassèrent des chiens errants pour les entraîner au programme Spoutnik. En 1957, Bella et Strelka passèrent ensemble une journée dans l’espace et atteignirent l’orbite terrestre. Elles furent les premiers êtres vivants à survivre au voyage orbital (on peut les voir empaillées au Musée des Conquérants de l'Espace à Moscou). Strelka eut plus tard six chiots avec Pouchok, un chien de sa promotion qui participa à beaucoup d’expériences sans jamais voler. L’un de leurs chiots, Pouchinka, fut offert par Nikita Krouchtchev à Caroline Kennedy. Après avoir été inspectée par le FBI, Pouchinka rencontra Charlie à la Maison Blanche et eut 4 chiots, surnommés les Pupniks. Butterfly et Streaker furent donnés à des amis de la famille, Blackie et White Tips à des enfants du Midwest, région d’origine du musicien Moondog qui changea de nom en 1947, en hommage à sa chienne d’enfance, Lindy qui hurlait à la lune comme aucun autre chien.
Entre la déesse Artemis, un chat noir et blanc, des drapeaux, des chiens empaillés, des estampes japonaises, le premier siècle de notre ère, les années 60, des timbres postaux, le badminton, les ongles des mains, le bœuf Watussi, la Maison Blanche, l’Alchimie, une visière de casquette, un musicien aveugle, les îles Coco, un tableau de Magritte, un reflet dans l’œil, un manque d’odeur, la légende de Pangu, Babylone, une bague de fiançailles et un fémur, il y a peut-être un lien unique, un rapport simple ou un raccord discret.
Pour Hors-Pistes 2019, Nelly Maurel présente par le dessin un ensemble de sujets issus de l’histoire, de la science et de quelques anecdotes à propos de la lune. Je m’intéresse aux liens inattendus, aux résonances accidentelles et aux rapprochements incongrus que génère l’attention à un sujet.
Ces images ont des qualités visuelles et des techniques aussi variables que la fiabilité et la provenance des sources qu’elles interprètent. C’est une collecte, un ramassage dont la lecture n’a ni fin ni début, un groupe formé de signes, de symboles et de sujets issus d’une recherchedésordonnée d’informations, fondées ou imaginaires, à propos de la lune.
George Méliès
Voyage dans la lune
France, vidéo, 1902, 14’
Collection centre Pompidou
Inspiré du roman de Jules Verne, De la terre à la Lune, Georges Méliès raconte l’histoire de six astronautes. A leur arrivée sur la Lune, ils sont témoins d’un « lever de Terre » et se font prisonniers des Sélénites, peuple lunaire. Ils embarquent avec eux un sélénite pour leur retour sur Terre où ils furent acclamés.
Agnes Meyer-Brandis
The Moon Goose Analogue: Lunar Migration Bird Facility (Mga)
Allemagne, installation vidéo, 20’, 2011/12
La proposition d’Agnès Meyer-Brandis est inspiré du livre The Man in the Moone, écrit par l'évêque anglais Francis Godwin en 1638 dans lequel le protagoniste s'envole vers la Lune. Un char remorqué par des « oies de la lune ». Le récit de Francis Goldwin et celui de Johannes Kepler peuvent être en effet considérés comme les premières œuvres de science-fiction dans la littérature européenne, même si le terme de science-fiction apparaît bien plus tard. Les deux ouvrages relatent un voyage sur la lune, tous deux discutent des notions de physique et d’astronomie contemporaines, tous deux enfin jouent avec l’idée d’une vie étrangère sur la lune.
Godwin met en scène la fabrication d’une machine volante. Sa machine volante peut paraître fantastique au lecteur moderne, mais elle n’était pas si extravagante dans les années 1620. Bacon avait déjà décrit des vols assistés par des oiseaux dans Sylva Sylvarum et ils ont probablement inspiré Godwin. C’est à partir de cette partie-là du récit que l’artiste a développer une installation qui comprend le livre de Goldwin, les portraits de chacune des oies en « astronautes » ainsi qu’un film documentaire. Dans le film The Moon Goose Colony, l'artiste Agnes Meyer-Brandis développe un récit basé sur le livre, dans lequel le protagoniste s'envole vers la Lune. Un char remorqué par des « oies de la lune ». L’artiste a actualisé ce concept en élevant onze oies noires en Italie, en leur donnant le nom des astronautes, en les entraînant à voler, en les emmenant en expédition.
Le film fait partie d'un projet plus vaste appelé Lunar Migration Bird Facility.
« Le centre de recherche sur les oiseaux migrateurs analogiques / lunaires Moon Goose » a été commandé par The Arts Catalyst et FACT Liverpool, en partenariat avec Pollinaria et coproduit par Z33. Plus d'infos: www.ffur.de/mga
Victor missud
La foret de l’espace
France, vidéo, 2018, 30’
Des hommes, envoyés sur la lune pour la végétaliser, attendent l'arrivée des terriens. Au milieu de la forêt qu'ils ont fait grandir, ils racontent leurs souvenirs de leurs vies sur Terre et le monde dans lequel ils aimeraient pouvoir vivre.
Mais qui sont ces hommes ? Sont-ils réels ? Ont-ils été oubliés ?
La forêt de l'espace est un endroit rêvé à la frontière de la fiction et du documentaire.
Forrest Myers
Moon Museum
Etats-Unis, installation, 1968
Œuvre collective réunissant les contributions individuelles de John Chamberlain, David Novros, Claes Oldenburg, Robert Rauschenberg et Andy Warhol.
Lithographie d'un film de nitrure de tantale sur une plaquette en céramique, réalisée en collaboration avec Billy Klüver, Fred D. Waldhauer et Robert N. Merkle.
Dessins de Forrest Myers et John Chamberlain, David Novros, Claes Oldenburg, Robert Rauschenberg, Andy Warhol, réalisée en collaboration avec Fred Waldhauer, Robert Merkle et Billy Klüver.
Juillet 1969 : le rêve d’aller sur la Lune devient réalité. Forrest Myers invite alors des artistes à créer une oeuvre pour notre satellite naturel. Robert Rauschenberg dessinera une ligne droite ; David Novros, un carré noir ; Claes Oldenburg, Mickey Mouse ; Andy Warhol transformera les initiales de sa signature en pénis ; John Chamberlain, un masque similaire à ceux utilisés pour peindre avec de la laque pour voiture et Forrest Myers, un dessin par ordinateur. Les dessins seront miniaturisés sur une tuile de céramique (1,9 cm x 0,60 cm) par des ingénieurs de Bell Labs (Billy Klüver, Fred Waldhauer et Robert Merkle, membres d’E.A.T. Experiment in Art and Technology) dont un exemplaire sera fixé sur le pied du LEM (module d’alunissage) de la mission Apollo 12 de novembre 1969.
Proposer un « musée » pour la Lune est faire plus qu’oeuvre collective : offrir une des constructions culturelles parmi les plus symboliques. Pour Forrest Myers, envoyer un homme sur la Lune en 1969 a été le plus grand exploit technologique de ma génération. C’est une de ces rares occasions où l’évolution est rendue visible, autrement dit quitter cette planète et aller sur un autre corps céleste.
Adelin Schweitzer
ExplooRaaTĭO LuNaRis
France, installation, 2014
Nous avons marché sur la Lune, en passant par la lucarne.
L'humanité a contemplé sa sorcellerie, immédiatement médiatisée, très vite trivialisée.
Nous avons glissé du ravissement technique vers la banalité du miracle.
« Avons-nous marché sur la lune? » interrogent-certains depuis d'autres lucarnes.
Nous pouvons répondre : « la Lune a disparu dès le premier pas, abîmée dans la première empreinte. »
Nostalgie: avant d'être réalisé, le rêve conserve toute la richesse du possible.
On a rêvé l'atteindre à l'aide de fioles de rosées, sur une sauterelle mécanique, par la force des marées ou dans une fusée rouge et blanche comme une nappe de bistrot.
Aujourd'hui pour la balade on se contentera d'un œil et d'une échelle.
Jean-François Guerin
Frank Smith
Cinetract 028
France, vidéo, 2018, 2’29
Un cinétract ou un espace d’images comme lieu de la multiplication des mondes et de leur exposition : ce qui intervient au monde environnant dans la possibilité de recadrer et remonter autrement, bref, de susciter une expérience nouvelle, une connaissance autre.
Paul Van Hoeydonck
Fallen Astronaut
Belgique, installation, 1971
Fallen Astronaut, figure sculptée par l'artiste belge Paul Van Hoeydonck, a été laissée sur la surface lunaire le 2 août 1971 par l'équipage d'Apollo 15. Elle repose devant une plaque commémorative de la Nasa, également déposée par l’équipage, et portant les noms des 14 astronautes et cosmonautes morts dans le cadre de missions liées à l'exploration spatiale.
La sculpture se trouve dans un petit cratère de la base Hadley. Elle a été conçue pour répondre aux exigences d'un voyage sur la Lune. Elle est petite et n'a pas de saillies dangereuses. Paul Van Hoeydonck avait choisi l'aluminium, qui est léger, non magnétique et non inflammable.
Quand Apollo 15 est revenu de la Lune, le Commandant Scott a déclaré: « De nombreuses personnes ont contribué à ce sommet auquel nous sommes parvenus, et quatorze personnes ont apporté tout ce dont elles disposaient. Nous avons laissé un petit mémorial sur la Lune, dans un cratère lunaire. Il s’agit d’une simple plaque portant quatorze noms - les astronautes et les cosmonautes morts à la poursuite de l’exploration de l’Espace. Près de lui se trouve une petite figure représentant un astronaute tombé au sol »
Pendant plusieurs décennies, la vie de l’artiste Van Hoeydonck a été consacrée presque uniquement au thème de l’Espace. Il a toujours pensé que le destin de l’homme était d’habiter les planètes et qu’« ouvrir la voie aux étoiles est la mission la plus importante de l’homme de ce siècle ».
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